Jean-Claude RISSET, Mutations, 1969 (festival PRÉSENCES électronique)

28 mars 2008
-
Réf. 00958

Notice

Résumé :

Extrait de la pièce diffusée lors du festival PRÉSENCES électronique le vendredi 28 mars 2008 à 20h, salle Olivier MESSIAEN à la Maison de Radio France. Pièce pour bande magnétique de sons synthétisés par ordinateur. Réalisée aux Bell Laboratories, Mutations a été distinguée au concours de musique électroacoustique de Darmouth (1970).

Type de média :
Date de diffusion :
28 mars 2008
Personnalité(s) :
Autres lieux :

Éclairage

BIOGRAPHIE : Jean-Claude RISSET

Né au Puy en 1938.

Après des études musicales (piano, écriture, composition avec André JOLIVET) et scientifiques (École Normale Supérieure), il travaille avec Max MATHEWS aux Bell Laboratories, dans les années 60. Il y développe les applications musicales de la synthèse de sons par ordinateur. En résidence au Media Laboratory du M.I.T., il met en oeuvre, sur le Yamaha Disklavier, le premier Duo pour un pianiste.

Directeur de recherche de classe exceptionnelle au CNRS, il travaille au laboratoire de Mécanique et d'Acoustique de Marseille sur l'informatique musicale.

Son activité est reconnue tant dans le monde scientifique que musical (Prix Ars Electronica 1987, Grand Prix National de Musique 1990, Musicae Doctor Honoris Causa de l'Université d'Edimbourg 1994, Grand Prix Musica Nova de Prague 1996, Prix Magistère 1998 du concours international de Bourges).

 

NOTICE : Mutations

1969 - 10'26

Commande du GRM. Pièce pour bande magnétique de sons synthétisés par ordinateur. Réalisée aux Bell Laboratories, Mutations a été distinguée au concours de musique électroacoustique de Darmouth (1970) et a suscité un film pour lequel Lilian SCHWARTZ a fait appel aux lasers et à l'animation par ordinateur (Golden Cine Eagle Award, 1973).

Mutations tente d'exploiter, dans l'ordre harmonique, certaines des possibilités qu'offre l'ordinateur de composer au niveau-même du son. Ainsi, tout au début, un même motif apparaît d'abord sous forme mélodique, puis harmonique - comme un accord, enfin sous forme de timbre, comme un simulacre de gong qui ressemble à l'ombre de l'accord précédent - l'harmonie se prolonge dans le timbre. Le titre fait allusion aux transformations graduelles qui s'opèrent au cours du morceau mais aussi à des développements inspirés des jeux de mutations de l'orgue : à partir d'un accord, l'ordinateur déploie un tissu sonore formé d'harmoniques des notes de l'accord qui apparaissent ou disparaissent. Les textures naissant ainsi de structures harmoniques font apparaître des fréquences de plus en plus rapprochées : l'échelle de hauteur va se dissoudre dans un continuum glissant. Un épisode sériel est brouillé rapidement ; les hauteurs fluctuent puis se dédoublent : les sons vont passer continuellement de l'aigu au grave en restant sur la même note, puis tourner sur eux-mêmes pour entreprendre une montée indéfinie - un paradoxe ou une illusion acoustique. Après un pont faisant appel - pour la première fois dans une oeuvre musicale - à la technique de modulation de fréquence de John CHOWNING, une récapitulation fait entendre ensemble des échelles de hauteur continues et discontinues, jusqu'à un point final qui libère les composantes aiguës et graves des accords initiaux.

Interview avec Jean-Claude RISSET : Mutations I, in Barry Schrader's Introduction to Electronic Music, Prentice Hall, New Jersey, 1982, pp. 194-201