Les premières Calandretas en Béarn
Notice
Résumé
À l'occasion de la sortie d'un livre scolaire en gascon, l'institutrice Josette Belloc décrit l'enseignement des langues dans une Calandreta. Le président de l'association Calandreta, Jean-Pierre Lalanne-Cassou, appelle à une reconnaissance de l'enseignement en occitan par l’Éducation nationale avec la création de deux filières : des écoles bilingues publiques et des écoles immersives associatives.
Langue :
/
Date de diffusion :
01 avr. 1982
Éclairage
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- 00003
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Contexte historique
Par
Les Calandretas (alouette en occitan) ont pris leur envol à Pau en 1979. À l’époque, l’enseignement des langues dites régionales a déjà fait son entrée dans l’Éducation nationale. La loi Deixonne de 1951 reconnaît aux enseignants le droit d’enseigner les parlers régionaux en classe. Cependant, la pratique de l’occitan à l’école reste plus que marginale. Officiellement, la langue d’oc n’est enseignée en option que dans certains lycées. Jugeant cela insuffisant, des militants de la langue occitane, répondant à l’appel d’Yves Rouquette au congrès de l’Institut d’études occitanes de 1977 à Béziers, décident de créer leurs propres écoles. Anne-Marie Roth et Los de Nadau seront les premiers à se lancer, inspirés par la création des écoles Seaska (« Berceau ») au pays basque en 1969. À la même époque se créent les écoles Diwan (« Germe ») en Bretagne en 1977 et Bressola (« Berceau ») en Pays Catalan en 1977. Ces écoles ont en commun la pratique de l’immersion linguistique, c’est-à-dire l’usage exclusif de la langue cible pour communiquer avec les apprenants, un fonctionnement associatif et une forme de pédagogie « active ».
Comme on le voit dans cette archive, les premières Calandretas sont assez modestes. Les nombreuses difficultés évoquées dans le lancement sont réelles : il faut trouver des locaux, des regentas et regents (enseignants), des manuels en occitan, etc. Un parent de la première Calandreta de Béziers, ouverte en 1980, se souvient : « on ne savait pas si l’école allait continuer d’une année sur l’autre ». Dans les premières années, les Calandretas sont souvent contraintes de déménager parce que la municipalité réaffecte les locaux ou parce qu’il devient difficile de payer le loyer lorsqu’aucun local n’est prêté. À l’intérieur de la classe, les difficultés concernent particulièrement le manque de matériel pédagogique en occitan. Dans cette archive, on peut voir le premier livre scolaire « en gascon » brandi fièrement par l’institutrice. Une ancienne parente raconte qu’un des seuls livres pour enfants disponible en occitan à la fin des années 1970 était une édition du Père Castor que les enfants finirent rapidement par connaître par cœur.
Ces premières Calandretas sont souvent structurées autour d’une institutrice ou d’un instituteur qui s’occupe d’une classe tous niveaux. L’école est gérée par l’association qui réunit les parents et les enseignants, qui discutent ensemble de l’organisation de l’école. Le salaire de l’enseignant est payé grâce aux cotisations, aux éventuelles subventions municipales, aux collectes organisées par les parents, aux stands de crêpes et parfois aux tombolas organisées avec le soutien de quelques commerçants locaux qui acceptent de contribuer au « panier garni ». Une forme de solidarité se met aussi en place et, bien avant l’apparition des sites de crowdfunding, certains apportent leur aide à l’association par mandat ou chèque. En dépit de ces efforts, la situation financière des associations reste précaire de même que le statut des premiers enseignants. Dans les premiers temps surtout, les parents sont largement mis à contribution. Souvent sympathisants ou militants de la cause occitaniste, ils ne comptent pas leur temps et concourent volontiers à tout ce qui permet à l’école de vivre. Pour autant, la question de la langue n’est pas toujours centrale dans leurs motivations. Il est très probable tous les parents n’« utilisent [pas] quotidiennement la langue gasconne », en tout cas pas comme langue de communication totale. En effet, chez certains parents les motivations liées à la pédagogie nouvelle inspirée par Célestin Freinet pratiquée dans les Calandretas sont déjà présentes, de même que celles liées aux bienfaits du bilinguisme évoqués dans le reportage. Les Calandretas sont d’abord des écoles, et selon l’argumentaire de l’association, l’intérêt collectif de sauvegarde de la langue et de la culture reste subordonné à l’intérêt individuel des enfants. Selon Jean-Pierre Lalanne-Cassou, le président de la Calandreta interrogé dans l’archive, l’objectif était d’être reconnu comme un service public d’enseignement ouvert à tous et fondé sur le choix des parents. Malgré cette volonté initiale, les écoles Calandreta restent aujourd’hui un système d’enseignement en occitan parallèle au système existant dans le public, privé (à caractère associatif), sous contrat avec l’Etat.