Les Rapatonadas
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Notice
Résumé
Bernard Giacomo, représentant de l'Institut des études occitanes, présente le festival Rapatonadas, dédié au conte et basé à Aurillac. Rapatonadas signifie « diableries » en occitan. Il évoque les conteurs invités, provenant de toute la France mais aussi de l'étranger. Lors d'un reportage réalisé en 1999, La conteuse bilingue Lise Gros explique son ambition : partager l'imaginaire des pays d'oc avec son public enfantin, et lui transmettre le désir de créer des contes ancrés dans leur propre environnement et leur propre culture.
Langue :
Date de diffusion :
18 nov. 2000
Éclairage
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- 00063
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Contexte historique
Par
Créé en 1990, le festival des Rapatonadas se déroule chaque mois de novembre à Aurillac et dans plusieurs communes du Cantal (Haute-Auvergne).
Le nom est formé sur le personnage de Rapaton (Rapatou), petit diable facétieux qui peuple les contes de Haute-Auvergne. Les Rapatonadas se veulent donc, à l’origine, un moment de valorisation et de mise en avant de la culture populaire occitane de la Haute-Auvergne et du Carladez. En donnant à voir, au coeur de la vie et de la ville, conteurs et comédiens de langue d’oc porteurs de la culture du pays, les organisateurs se donnaient pour propos de rendre un peu de leur patrimoine immatériel aux habitants du pays, qu’ils soient cantaliens de souche, d’adoption ou de passage. Le domaine de prédilection des Rapatonadas a toujours été le conte. Le festival actuel a d’ailleurs succédé à la Setmana del conte (la Semaine du conte) qui a existé entre 1980 et 1990.
Très vite, le propos du festival s’est étoffé et s’est enrichi. S’opposant à une représentation figée et poussiéreuse du conte traditionnel, raidie dans un passé idéalisé, les organisateurs ont au contraire souhaité montrer les arts de l’oralité dans toute leur vitalité, leur modernité, c’est-à-dire leur réinvention permanente et perpétuelle au contact du monde qui nous entoure et de celles et ceux qui le font. C’est dans cette modernité que le festival puise d’ailleurs tout le propos qui confère sa légitimité et sa pertinence à sa démarche : montrer le conte, le théâtre populaire et le spectacle de rue comme ce qu’ils sont, c’est à dire des arts vivants, encore bien présents dans beaucoup de cultures du monde. C’est donc à un dialogue entre Occitanie et monde que les Rapatonadas invitent. Aux conteurs et artistes occitans sont donc venus s’ajouter, année après année, des diseurs, raconteurs, narrateurs du monde entier. De la Nouvelle-Zélande à l’Écosse, du Maghreb à la Provence, c’est donc une Occitanie-monde qui invite l’art de dire, c’est-à-dire la célébration du langage et de sa poétique par le truchement de la pluralité des langues-cultures.
Au fil du temps aussi, le festival s’est délocalisé. Il a gagné les quartiers périphériques d’Aurillac, ceux qui connaissent plus de difficultés que de merveilleux au quotidien, investissant les centre sociaux et culturels. Il a ensuite investi la banlieue, sauté la Serre et la Jordanne, poussé jusqu’à la Dordogne et aux confins du Rouergue, pour essaimer dans les villages où entre les volcans éteints se rallume la langue d’oc, que l’on avait l’impression de moins entendre depuis que les vieux s’en étaient allés. Loin d’offrir une approche repliée et frileuse, le festival se veut transgénérationnel, tous publics, aussi décentralisé et pluricentrique que possible.
Avec sa pratique de la culture orale vivante et assumée, le festival des Rapatonadas nous invite à réfléchir au difficile concept de folklore. Si le mot, en France, baigne dans une image jaunie et terne de vieillards en dentelles fanées répétant inlassablement, comme des fantômes résiduels, les mêmes pas figés dans le temps, il n’a pas du tout ce sens dans le monde anglo-saxon. Le folklore, comme l’ont écrit Max Rouquette puis Claude Sicre, n’est que « l’apport, anonyme, quotidien et sans cesse réinventé, du peuple, dans sa pluralité, à la culture ». Il est le blues et le veda, Gilgamesh et Pampaligòssa, les râgas indiens et le ragga de Kingston. Il est à ce titre réflexif, au double sens qu’il reflète les changements sociétaux et civilisationnels du monde qui l’entoure, et aussi qu’il propose une réflexion permanente sur ceux-ci. Il est aussi constructiviste, en perpétuel renouvellement et régénérescence, ce qui nécessite aussi une pratique active du conte : ainsi aux Rapatonadas, on ne se contente pas d’écouter et de participer auditivement : on devient faiseur et acteur. Le conte s’écrit, s’inscrit dans un temps présent et à venir. Le meilleur tour de force de Rapaton, c’est sans doute de permettre que ces choses puisées dans de très anciens vécus puissent ne jamais devenir de vieilles choses.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Odile Mattei
Bernard Giacomo bonjour.
Bernard Giacomo
"Bonjorn"
Odile Mattei
Vous êtes… Vous m’avez dit bonjour en occitan là?!
Bernard Giacomo
Ben oui.
Odile Mattei
Vous qui êtes représentant de l’Institut des études occitanes ici à Aurillacet vous participez aussi à l'organisation de ces Rapatounades…Je le dis bien ?…
Bernard Giacomo
Oui, Rapatonadas, oui.
Odile Mattei
Oui.
Bernard Giacomo
Voilà.
Odile Mattei
Euh, alors qu’est-ce que c’est que ces Rapatounades ?J'ai dit "Diableries".Est-ce que j’ai bien traduit ?
Bernard Giacomo
Effectivement, Rapatonada ça vient du mot occitan "rapaton" qui désigne le Diablesous son aspect un peu farceur, je dirais.
Odile Mattei
Pendant plusieurs jours, on va entendre des histoires de diables, de sorcières ?
Bernard Giacomo
Pas seulement, pas seulement.On va entendre du conte.On va entendre des légendes, du contemais pas forcément les légendes et les contes comme on les racontaitil y a quelques années au coin du feu, à la veillée.C’est d’abord le travail de créateurs, d’artistes,des gens bien vivants, en chair et en os.Des gens qui viennent d’un peu partout qui sont des gens qui font leur métier de conteurparce qu’aujourd’hui c’est devenu un vrai métier artistique.On a des gens qui se produisent sur des scènesun peu partout en France et dans le monde sur le thème du conte.
Odile Mattei
Bernard, ils viennent de partout, c’est-à-dire d’où ?
Bernard Giacomo
Ben, ils viennent bien sûr du Cantal.Ils viennent d’Auvergne.Ils viennent des régions occitanes mais aussi d’autres régions françaises,d’autres régions du monde.On peut avoir des conteurs qui vont raconter la tradition orale du Maghrebou des contes de l’Orient ou de plus loin.Ça dépend des années.Ça dépend des programmations.
Odile Mattei
Ces Rapatonadas durent jusqu’à quand ici à Aurillac ?
Bernard Giacomo
Elles durent donc jusqu’à dimanche.
Odile Mattei
Hum.Hum.
Bernard Giacomo
Donc, cinq jours cette année pour la première fois.Un tout petit peu loin...un tout petit plus long que d’habitude.
Odile Mattei
On va regarder un sujet qui a été tourné l’année dernièreici à Aurillac lors des Rapatonadas.
(Silence)
Lise Gros
Voilà mon Michelou dans l’avion rouge et la mamé elle s’approche, elle lui dit :"Escota-me Michelou, te vau dire.Dans cet avion, là, quand il est en haut,il ne faut pas te pencher."
Journaliste
La Méditerranéenne Lise Gros raconte "Michelou le dégourdi".Les aventures d’un enfant camarguais.Histoire d’avions, de manèges, du serpent volant,du lézard bleu, de superman.Elle s’adresse au jeune public en français et en occitan.C’est de cette façon, dit-elle, que les enfants réalisent qu’il existe une culture occitaneet que, bien souvent, ils vont plus au-delà encore.
Lise Gros
Moi ce que j’aime,c’est nourrir leur imaginaire avec l’imaginaire des pays d’Oc en particulier.Et à partir de cela, on peut dire qu’ils ont cette connaissance,ils ont ce désir d’écouter des contesmais, moi, c’est ce que je préfère c’est aussi leur en faire créer dans l’endroit où ils sont,c’est que j’appelle le " faire parlar lo país ".
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Date de la vidéo: 21 nov. 1992
Durée de la vidéo: 05M 51S