Jean-Claude Coudouy, le charcutier conteur
Notice
Résumé
Jean Claude Coudouy est boucher charcutier à Laruns dans les Pyrénées-Atlantiques. Conteur et chansonnier, il est notamment l'auteur du conte scénique Lo hilh de puta. Filmé chez lui, il évoque la première performance scénique de ce conte à l’occasion du Festival de la Chanson béarnaise de Siros, et décrit les caractéristiques de l'humour gascon. Des extraits du Hilh de puta ponctuent l'entretien.
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Date de diffusion :
17 févr. 2013
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- 00075
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Contexte historique
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Octobre 1970 : Festival de la chanson et de la culture béarnaise à Siros, village de la plaine du gave à quelques kilomètres de Pau. Un conteur naît quand Jean-Claude Coudouy, boucher-charcutier à Laruns en vallée d’Ossau, 24 ans, offre à un large public la partition jouissive du Hilh de puta (litt. «fils de p…»). En sept minutes, il module ce groupe nominal très courant pour lui donner les contours d’expressions imagées : peur, colère, surprise, impatience, gourmandise, envie, délectation, satisfaction, repos… Un camp de prisonniers en Allemagne et deux compagnons béarnais, « Tournemoulin » et « Viremoulin », servent de cadre à cet exercice d’acteur. Peu ou pas de dialogue, seule la maîtrise du tempo de la diction, accompagnée de quelques interjections et bruitages, suffisent à happer le public et à le faire entrer dans le récit. La puissance de l’interprétation est si forte que même l’enregistrement sur disque vinyle entraîne l’adhésion des auditeurs. Si le juron est « internationalement » gascon, Jean-Claude Coudouy sait, comme tout bon conteur de tradition orale, que cela ne suffit pas et qu’il doit provoquer des images chez les auditeurs : à tout le moins il doit transmettre les images qu’il a en tête, au moment où il conte, aux personnes qui l’écoutent. Et le récit a le pouvoir de souligner les traits de caractère d’un parent, d’un voisin, d’une connaissance, voire de soi-même. Rire de soi grâce à l’effet miroir du récit est une des caractéristiques de cet humour que l’on dit gascon mais que l’on retrouve finalement dans d’autres sociétés. Car le rire, l’humour, c’est éviter de se prendre trop au sérieux, pour arriver à une certaine connaissance de l’âme humaine.
Jean-Claude Coudouy est un conteur public de tradition orale. Il s’inscrit dans cette veine d’oralité qui a très peu intéressé les premiers collecteurs de contes qui ne cherchaient que des personnes souvent âgées et transmettant leur répertoire le soir à la veillée. Pour autant, comme l’a si bien montré Gérald Thomas, dans beaucoup de sociétés il existe deux traditions : l’une qui tient de l’intimité familiale et l’autre publique, celle des cafés, des travaux collectifs et des grandes réunions festives. La Gascogne participe de ce schéma culturel. Ces conteurs publics de tradition orale se sont émancipés des cercles villageois ou de quartiers en investissant les nouveaux espaces ouverts par les vagues successives du mouvement régionaliste. D’une part, toutes les scènes générées par le Félibrige : félibrées, jeux floraux, théâtre, matinées et soirées récréatives, avant que ne se mette en place, en 1967, le Festival de la chanson et de la culture béarnaise. Véritable Woodstock rural qui, depuis lors, rythme tous les débuts d’automne, le festival a réuni à ses débuts jusqu’à 14 000 spectateurs. La naissance, la révélation des acteurs des scènes locales s’est réalisée là, par acclamation du public, la réputation conjointe de ces derniers et du festival s’accomplissant via le média du « disque souvenir » réalisé par Jean Moureu, sous le label Junqué d’Oc et vendu bien au-delà de la Gascogne.
Coudouy existe à partir de ce moment-là mais Jean-Claude a toujours conté, raconté, amusé ses camarades de classe primaire et secondaire, ses compagnons appelés de la base militaire de Mont-de-Marsan et ses confrères séminaristes (car il voulait devenir prêtre) avant de revenir à son poste d’observation : la charcuterie familiale de Laruns. L’art de la parole ne s’invente pas, il se travaille, se cisèle, se met à l’épreuve, et la boutique est le laboratoire où s’élabore ce savoir-faire. Mais avant de parler, il faut savoir voir et déceler le détail qui fera mouche. Bien que myope, Jean-Claude Coudouy avait le regard aiguisé, l’ensemble des récits qu’il a laissé croque avec facétie le petit monde ossalois, et on en rit toujours.
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