La Compagnie Lubat, passe à table
Notice
Résumé
Invités de l'émission Le cercle de Minuit, Bernard Lubat, André Minvielle et Patrick Auzier, tous membres de la Compagnie Lubat, interprètent une performance vocale et rythmique intitulée Passe à table.
Langue :
Date de diffusion :
03 avr. 1996
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- 00076
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Contexte historique
Par
Bernard Lubat, né en 1945, est un jazzman chanteur et multi-instrumentiste (percussions, piano, accordéon), originaire d’Uzeste, un village du Bazadais, en Gironde. Ses parents y tiennent l’Estaminet, qui n’est autre que le café-restaurant-hôtel-épicerie du lieu. Son père, Alban, est par ailleurs l’un des principaux musiciens des bals, fêtes et mariages de la région. Valses, paso doble et cha cha y croisent à cette époque polkas, scottishes et rondeaux gascons.
Bernard l’accompagne à l’accordéon dès l’âge de cinq ans ; il reçoit aussi une formation académique au conservatoire de Bordeaux avant d’intégrer, en 1961, le Conservatoire national supérieur de musique de Paris d'où il sortira avec un premier prix de percussion.
Dans ses années parisiennes, Lubat travaille tout autant dans le domaine de la musique contemporaine, interprétant Edgar Varèse, Iannis Xenakis ou Luciano Berio, que dans celui de la chanson française et de variété aux côtés d’artistes aussi divers que Jacques Brel, Yves Montand, Charles Aznavour, Claude François, Dalida ou Claude Nougaro. En 1965 il est engagé dans le grand orchestre de Jef Gilson, participe au groupe vocal Les Double Six, joue avec Jean-Luc Ponty, Martial Solal ou Eddy Louiss tout en contribuant à l'émergence du free-jazz en France aux côtés de Michel Portal, Jean-François Jenny-Clark et Jean-Pierre Drouet.
En 1977, il crée la Compagnie Lubat, collectif de musiciens, et lance le festival Uzeste musical qui amorce sa réinstallation dans sa région natale. Uzeste devient ainsi un haut lieu du jazz, de l’improvisation et du happening.
Durant toutes ces années, il collabore avec des poètes tels que son voisin gascon Bernard Manciet, ou Edouard Glissant ; mais aussi des dramaturges (André Benedetto) et des plasticiens (Ernest Pignon Ernest, Alain Kirili). À partir des années 1980, il travaille avec Félix Castan, philosophe montalbanais théoricien de la « décentralisation culturelle » et participe à ses côtés, avec divers artistes occitans (de Manciet ou Serge Pey à Fabulous Trobadors et Massilia Sound System), à la Ligne Imaginot.
La Compagnie, qui deviendra bientôt Compagnie Lubat de Gasconha, accueille divers artistes dont le plus emblématique est probablement le Béarnais André Minvielle. Lui aussi percussionniste et chanteur, fils de cafetiers, pétri de culture populaire – la vocalité polyphonique étant notamment très vivace dans sa famille. Après avoir fait ses armes dans des orchestres de bal, il intègre ainsi la Compagnie et Uzeste comme une seconde famille, grandissant et acquérant une culture en donnant la réplique à Lubat avant de se faire un nom en solo, dans les années 2000, notamment salué par une Victoire du Jazz.
Autre figure emblématique, Patrick Auzier, l’artificier aux multiples collaborations avec des plasticiens, musiciens et chorégraphes, appartient au premier cercle de la Compagnie : il fait « le lien entre enfance et artistes, musique et rêve » (Francis Marmande, Le Monde).
En 1994, l’album Scatrap jazzcogne (Labeluz) marque un tournant linguistique. Avec pour colonne vertébrale un jazz qui se fait scat, il explore les voies du rap, du blues comme celles du musette et au-delà, du bal traditionnel en hommage à Alban Lubat (La polka de la mémé). Bernard Lubat et ses complices renouent au passage avec la langue occitane très présente dans les titres de l’album, et affleurant régulièrement dans les textes des chants.