Les Fabulous Trobadors
Notice
Résumé
Au travers d'une déambulation dans le quartier Arnaud Bernard à Toulouse, les Fabulous Trobadors nous font découvrir la vie du lieu, et la musique occitane. Ils animent aussi les marchés de village. Les chanteurs, Claude Sicre et Jean-Marc Enjalbert (Ange B), entonnent une improvisation trilingue, en occitan, français et portugais avec le chanteur brésilien Eraldo Gomes. Ce dernier évoque, en portugais, l'art de l'improvisation et son importance dans l'enrichissement des langues. Puis le journaliste Jacques Gaudas mentionne le caractère universel de la chanson occitane, dont l'inspiration est pourtant puisée dans la vie locale. Le duo se rend ensuite dans un marché de village, et y interprète la chanson Cachou Lajaunie sous le regard curieux des badauds.
Langue :
Date de diffusion :
05 mai 1991
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- 00087
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Contexte historique
Par
De son expérience d’accompagnateur musical auprès de l’humoriste Padena aux mélodies extraterrestres des Riga-Raga ; d’une thèse en ethnomusicologie en passant par les carnavals étudiants et l’Institut d’études occitanes ; des Etats-Unis au Nordeste brésilien, où il retrouve avec Daniel Loddo l’empreinte des troubadours ; cela fait un moment que Claude Sicre bâtit ce qu’il développe enfin dans les Fabulous Trobadors en compagnie du human beat box Ange B : une pratique musicale peu commune mais évidente, transportable sur les places et dans les marchés, pleine de croc-en-jambe intellectuels et envisagée sans projet de carrière.
Les Fabulous Trobadors ? Le pont entre le rap, le blues, les musiques populaires d’ici et d’ailleurs, dans un concept minimaliste (deux pandeiros, deux voix) qui brouille les pistes et réduit à son minimum l’empreinte de l’esthétisme.
Mais les Fabulous Trobadors, c’est avant tout Arnaud-Bernard, l’un des derniers quartiers populaires du centre-ville de Toulouse. « Si tu n’es pas responsable de ta rue, de ton quartier, tu ne peux pas penser le monde » précise Claude Sicre. « Perdure en France cette idée d’être prêt à regarder les traditions les plus lointaines géographiquement avec une grande attention, mais considérer que ce qui se passe dans la Creuse ne vaut rien. » *
Retour au début des années 80. Une génération de chanteurs occitans, celle du Larzac, des grèves minières et des luttes viticoles, s'essouffle peu à peu. Peut-être plus en phase avec les deux précédentes décennies… Le fait est important, car comprendre les Fabulous Trobadors, c’est les situer, malgré les désaccords, dans la continuité d’une communauté de militants, de poètes et de penseurs qui ne désire pas forcément exister en tant que telle, mais désireuse de sortir la France de l’impasse dans laquelle elle s'engouffre : l’unitarisme. « Ce n’est pas la notion de critique ou de résistance qui m’intéresse dans l’occitanisme, plutôt celle d’invention. L’occitan, c’est plus un continent à construire qu’à dévoiler. » Mais les Fabulous Trobadors, c’est aussi Félix Castan, penseur de la décentralisation culturelle, présent en filigrane dans chacune des apparitions du duo toulousain. « Le centralisme, tout le monde en est victime, les centralistes eux-mêmes. Il se situe au-delà des populations. C’est un système auquel tout le monde a adhéré, et qui a dépassé tout le monde. La France a inventé un modèle différent de tout ce qui se fait dans le monde entier, il faut donc l’envisager dans sa spécificité. Rendre compte du centralisme français, c’est dévoiler son aveuglement vis-à-vis de la pluralité culturelle. Et tant que l’on ne comprendra pas la spécificité du cas français, donc du cas occitan, on se battra contre des moulins à vents. ».
Dans l’extrait présenté, tiré d’un portrait réalisé en 1991, on voit notamment les Fabulous Trobadors jouer du pandeiro et improviser avec un ami musicien sur la Place des Tiercerettes, en plein cœur du quartier Arnaud-Bernard. On les suit ensuite à travers les routes de campagne, partis avec leur camion pour aller jouer sur le marché d’un village. Ils y interprètent la chanson Cachou Lajaunie, hommage aux fameux petits carrés de réglisse fabriqués à Toulouse. Cette chanson à caractère humoristique est présente sur le premier disque du groupe, Èra pas de faire (« On aurait pas dû le faire »), sorti en 1992 sur le label du Massilia Sound System, groupe duquel ils sont très proches.
Ainsi, un pied dans la tenson, forme de joutes poétiques empruntée aux troubadours, l’autre dans la musique de rue du Nordeste brésilien, le troisième dans la tradition populaire des pays d’Oc, les Fabulous Trobadors sont peu à peu devenus un groupe culte, et ont permis d’infuser nombre d’initiatives citoyennes et d’entreprises artistiques.
* : interview de Claude Sicre menée par Jordan Saïsset en 2016, non publiée