Le Massilia Sound System à Marseille
Notice
Résumé
Les membres du groupe Massilia Sound System présentent les lieux clés de leur ville. La déambulation commence avec Tatou et Janvié dans leur studio d'enregistrement. On retrouve Jali à la Forme 9 du port de Marseille. Le chanteur évoque la désindustrialisation de la ville et l'appauvrissement culturel qui en découle. Puis, Gari présente la Corderie, où le groupe donna ses premiers concerts. Sur les toits du lieu, il décrit l’architecture typique de la cité phocéenne. Puis, rejoint par Jali, Lux B et Blu, il se rend au quartier de Belsunce. Jali raconte l’histoire de l’ancienne salle de spectacle L’Alcazar. Il mentionne les opérettes des années 1930, qui ont joué un grand rôle dans la création du stéréotype marseillais. Le groupe interprète ensuite le titre La Comedia Provençala dans un terrain vague.
Langue :
Date de diffusion :
23 févr. 1994
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Contexte historique
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Au milieu des années 1980, une poignée d’amis du centre-ville populaire de Marseille se lance dans une aventure toute particulière : dresser un pont entre le reggae jamaïcain, le dub digital et la culture marseillaise. Ce sera le Massilia Sound System. Au départ, l’idée principale était d’ancrer un sound system dans l’espace marseillais, pour faire vivre une ville qui souffre depuis longtemps d’une mauvaise réputation dans l’hexagone, et redonner une certaine fierté à des populations trop souvent reléguées dans la marginalisation. Le chanteur Moussu T, alias Tatou, y apportera la pierre manquante : la culture occitane, pour ainsi faire du local un universel et chanter dans la langue méprisée des puissants, la langue séculaire du peuple marseillais. De quoi prendre Bob Marley au pied de la lettre : « Going back to my roots » ... Les racines, ici, s’étirent de Frédéric Mistral à la Commune, de la mer au port autonome. Car le Massilia Sound System c’est avant-tout Marseille, dans chacune de ses chansons, Marseille inscrite dans un espace provençal et mondial.
Mais, ce qu'il y a de particulier avec le Massilia, c'est cette façon naturelle de jouer avec les codes, de les détourner, et nommer ainsi « reggae » de la musique traditionnelle passée à la moulinette des samplers, des synthétiseurs et des boîtes à rythmes. Par ce biais, le Massilia Sound System utilise à son profit les armes dressées contre lui : l’image folklorisée qui colle à la peau du Marseillais est ici transformée en élément particulariste dont il n’a plus à rougir. Le Massilia travaille donc cette image, pour la sortir du formol et la placer dans un cadre plus large en prise avec les enjeux liés à son époque : la désindustrialisation, la corruption politique, les inégalités sociales, l’uniformisation, le racisme ou la spéculation immobilière. Source inépuisable, le folklore y est rendu à sa dénomination première : une « science du peuple ». Une démarche trempée d’anti-centralisme, affinée par la rencontre avec Claude Sicre, membre des Fabulous Trobadors (voir aussi le document lié) et la découverte de la pensée du montalbanais Felix-Marcel Castan.
L’extrait sélectionné les montre dans leur environnement direct, d’abord dans leur studio, (entourés par leurs instruments « traditionnels », qui ne sont autre que des machines), dans le cœur d’un Port autonome en perdition, puis devant l’ancien Alcazar, en plein quartier de Belsunce, dans le centre populaire de la ville. L’extrait se termine par l’interprétation, a capella, et sur l’ancien emplacement de la célèbre salle de spectacle de l’Alcazar, du titre « A La Comedia Provencale », extrait de l’album Chourmo ! paru en 1993. Une façon de rendre hommage à ce lieu emblématique, qui a contribué au rayonnement de la culture marseillaise. Et comme pour rattacher, au présent, le milieu artistique marseillais dans l’espace provençal.
Pour les membres du Massilia Sound System, l’occitan ne se résume pas à une langue : il s’agit d’une mode de vie, une façon de voir le monde. Moussu T, l’un des membres fondateurs du groupe, déclarait en 2014, pour le journal culturel marseillais Ventilo, au sujet de la culture occitane : « en fait, on vit avec, peut-être que c’était très proclamé au début et que ça l’est moins maintenant. Elle fait tellement partie de notre vie quotidienne que c’est une normalité pour nous ». Toujours actif, le Massilia Sound System fêtait alors ses trente ans de carrière. Il s’agit à ce jour du groupe occitanophone le plus populaire. Ses concerts ressemblent à de grandes fêtes où l’on sert le pastis, où l’occitan se banalise et où s’affiche, en grand et sur le devant, le bleu de la mer, le bleu de Marseille.
Transcription
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Date de la vidéo: 15 mai 1982
Durée de la vidéo: 01M 31S