Les Marchands de Joël Pommerat

06 février 2008
01m 36s
Réf. 00008

Notice

Résumé :

En 2008, Joël Pommerat reprend, au Théâtre de Gennevilliers, la mise en scène de sa pièce Les Marchands, écrite en 2005. Récit et jeu des comédiens se rapportent aux nouveaux enjeux du travail dans la société contemporaine. L'extrait du spectacle donne un aperçu de la création et notamment de son dispositif sonore.

Date de diffusion :
06 février 2008
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Né en 1963, Joël Pommerat est un auteur et metteur en scène de théâtre. Depuis 1990, il a écrit et mis en scène, avec la Compagnie Louis-Brouillard, une vingtaine de pièces, dont plusieurs réécritures de contes. Ses spectacles proposent une approche originale de la société contemporaine à la faveur d'une écriture scénique où dialoguent réel et imaginaire.

Troisième volet d'une trilogie composée également de Au monde (2004) et D'une seule main (2005), Les Marchands fut écrit en 2005. Pour cette pièce, Joël Pommerat reçut en 2007 le Grand Prix de littérature dramatique. Créée en 2006 au Théâtre National de Strasbourg, sa mise en scène fut présentée au Festival d'Avignon la même année. L'émission « Des mots de minuit » du 6 février 2008 offre un extrait du spectacle à l'occasion de sa reprise au Théâtre de Gennevilliers.

La poésie des corps des huit acteurs participe de l'écriture de l'œuvre au même titre que le texte publié. Joël Pommerat revendique l'influence des autres arts sur son travail, qu'il s'agisse de la peinture, du roman ou encore du cinéma. Cherchant notamment de nouveaux modes de représentation du temps, il accorde une importance particulière aux effets sonores (conçus par François Leymarie et Grégoire Leymarie ) ainsi qu'à la scénographie et à la lumière (conçues par Eric Soyer). Toute la représentation est traversée par la voix off d'un personnage-narrateur. Les comédiens parlent rarement en direct sur scène et accompagnent plutôt le récit. Celui-ci se rapporte à la valeur du travail à l'époque contemporaine et interroge la façon dont la perte du travail contribue à la perte du sens. Il donne à voir l'aliénation du personnage et la dépersonnalisation de son corps. Mettant en avant les nouveaux enjeux du pouvoir et de l'argent à l'intérieur même de la communauté, il fait également entendre une parole intime qui révèle l'inquiétude derrière le trivial.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Comédienne
A un certain moment, j’ai dit que jamais je ne pourrais envisager de ne pas travailler. Et je me mis à pleurer.
(Musique)
Comédienne
Le parent de mon ami me consola ; il me dit que tout le monde avait besoin de travail ; que tous les hommes avaient besoin de travail, comme de l’air pour respirer car, me dit-il, si l’on prive un homme de son travail, on le prive de respirer. A quoi pourrait bien servir notre temps, nous dit-il, si nous ne l’occupions pas principalement par le travail ? Car notre temps, sans le travail, ne serait rien, ne servirait à rien même. Nous nous en apercevons bien lorsque nous cessons de travailler. Nous sommes tristes, nous nous ennuyons et nous tombons malades. Oui, le travail est un droit, mais c’est aussi un besoin pour tous les hommes. C’est même notre commerce à tous, car c’est par cela que nous vivons. Nous sommes pareils à des commerçants, des marchands, nous vendons notre travail, nous vendons notre temps ; ce que nous avons de plus précieux, notre temps de vie, notre vie. Nous sommes des marchands de notre vie, et c’est ça qui est beau, qui est digne et respectable et qui nous permet surtout de pouvoir nous regarder dans une glace avec fierté.