Dans la solitude des champs de coton
Notice
En 1987, Patrice Chéreau retrouve pour la troisième fois, au Théâtre Nanterre-Amandiers, l'écriture de Bernard-Marie Koltès. Dans la solitude des champs de coton représente un « deal » entre deux personnages, « le Client » et « le Dealer », sans que jamais ne soit nommé l'objet de l'échange. Extrait du spectacle interprété par Laurent Malet et Isaach de Bankolé.
Éclairage
Ecrite en 1985, Dans la solitude des champs de coton est la troisième pièce de Bernard-Marie Koltès mise en scène par Patrice Chéreau (après Combat de nègre et de chiens et Quai ouest). Créé en 1987, le spectacle reprend la scénographie de Quai ouest (voir ce document), conçue l'année précédente par Richard Peduzzi. Elle comprend deux personnages, « le Client » et « le Dealer », respectivement interprétés par Laurent Malet et Isaach de Bankolé. La mise en scène fut reprise l'année suivante (notamment au Festival d'Avignon, avec Patrice Chéreau dans le rôle du « Dealer ») et en 1995 (notamment à la Manufacture des Œillets à Ivry-sur-Seine dans le cadre du Festival d'Automne, avec Patrice Chéreau et Pascal Greggory dans le rôle du « Client », voir ce document). Pour l'écriture de cette pièce, Bernard-Marie Koltès a pris ses distances avec les problèmes techniques de la scène et a confié à Patrice Chéreau le texte achevé. Celui-ci représente un « deal » entre les deux personnages susnommés.
L'extrait présenté est issu d'un reportage diffusé au cours de l'émission « Magazine artistique » du 14 février 1987. Une grande partie du dialogue s'apparente à une succession de soliloques où la parole fonde et invente le jeu de rôles qui semble se mettre en place. La « conversation à double sens » qui occupe toute la situation dramatique s'élabore autour d'un objet qui n'est jamais nommé, si tant est qu'il existe bien un « objet » du deal. La diplomatie de l'échange recouvre difficilement la stratégie déployée par chacun. Les masques tendent cependant à tomber, et il apparaît bientôt que le premier n'a peut-être rien à demander et le second rien à proposer. Là où semblent s'exprimer alternativement les désirs de l'un puis de l'autre se noue un conflit qui ne saurait être résolu autrement que par la violence. Auparavant, les personnages se seront livrés à un véritable combat langagier à partir d'amples phrases dont l'habile rhétorique souligne la tension dramatique.