Mistère Bouffe de Maïakovski par l'UFOLEA
Notice
Petit reportage sur la création du Mistère-Bouffe de Vladimir Maïakovski au XXIIIe festival UFOLEA de Cluny, les 28 et 29 juillet 1979. L'un des participants expose le projet artistique amateur dont nous voyons également un extrait.
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Éclairage
Artiste pluridisciplinaire, Vladimir Maïakovski (1893-1930) est un poète russe qui a connu les geôles tsaristes puis célébré la Révolution tout en prenant la mesure de ses faiblesses. « Mistère, c'est ce que la Révolution a de grand. Bouffe, ce qu'elle a de comique. » (Vladimir Maïakovski, [1]). La première version de cette pièce est cependant écrite en 1918 pour commémorer le premier anniversaire de la Révolution d'Octobre. Il s'agit donc de fêter un événement, le glorifier, à l'image des mistères médiévaux qui, au XVe siècle, célébraient la Passion du Christ ou la vie des saints. « Le Mistère-Bouffe est une route. La route de la Révolution. » [1] Il s'agit bien, comme dans le genre religieux du Moyen-âge, de raconter un parcours (ici celui des prolétaires). Afin de souligner cette affinité avec le théâtre religieux médiéval, les artistes amateurs, secondés par quelques professionnels, ont choisi le tréteau frontal, tout en longueur, qui est une des possibilités scéniques explorées par la représentation des mistères au moyen-âge et qui signifie le chemin de vie parcouru par le protagoniste.
Cette pièce « est considérée comme la première pièce soviétique, célébrant ainsi l'officialité du régime bolchevique. Elle marque donc la naissance du théâtre soviétique, et fait de son auteur le promoteur, l'initiateur d'une nouvelle ère [...] opérant la fusion de deux avant-gardes, politique – le communisme – et artistique – le futurisme. » [2]. Une seconde version a été remaniée en 1921.
Né d'un désir de promouvoir l'école laïque, la Ligue Française de l'Enseignement est née en 1866. Son action s'est prolongée au niveau régional et départemental avec les antennes de la FOL (Fédération des Œuvres Laïques) et celles de l'UFOLEA (Union Française des Œuvres Laïques d'Education Artistiques) qui se créées dans les années 30. Les principes fondamentaux de la FOL sont : « Porter un projet politique pour une démocratie laïque. Agir pour l'éducation et la défense de l'école publique. Fédérer les idées et les initiatives de ceux qui ont envie d'agir et de s'engager pour améliorer la société et favoriser le vivre ensemble. » (FOL58). Le choix de la pièce de Maïakovski semblait alors pertinent dans la perspective d'une telle politique, au niveau théâtral.
[1] Vladimir Maiakovski, Théâtre, traduit et présenté par Michel Wassiltchikov, Paris, Grasset et Fasquelle, coll. Les cahiers rouges, 1989.
[2] Marjorie Gaudemer, "Le Théâtre politique de Maïakovski", mémoire de maîtrise rédigé sous la direction de Béatrice Picon-Valin et de Jean-François Peyret, Institut d'Etudes Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle - Paris 3. (consultable à la Bibliothèque Gaston Baty de l'Institut).
Bibliographie
Charles Mazouer, Le Théâtre français du Moyen-âge, Paris, Sedes, 1998.