Hommage à Charlie Chaplin

12 mai 1971
11m 21s
Réf. 00416

Notice

Résumé :

Charles Chaplin est fait Commandeur de la Légion d'honneur lors de la 24ème cérémonie d'ouverture du Festival international du Film.

Type de média :
Date de diffusion :
12 mai 1971
Source :

Transcription

(Bravos)
Jacques Duhamel
Mesdames, messieurs, il n'est que rarement offert aux hommes de voir naître un art. Cette fortune a été proposée, pourtant, à notre époque, qui a vu naître, grandir, s'épanouir le cinéma. Les acclamations, monsieur, que vous venez de recevoir de cette assemblée montrent que vous avez été l'un des grands réalisateurs de cet art et le plus grand acteur qu'il ait révélé. Mais je crois que ça ne suffit pas. Et que pour les hommes que vous avez entraînés dans le parcours dur de ce siècle, vous avez représenté, vous avez apporté quelque chose de supplémentaire et d'intime : une image d'eux-mêmes. Et à cette image, vous avez d'abord donné un nom : Charlot. Cette extraordinaire popularité que vous avez reçue, cette intense familiarité que vous avez obtenue s'explique, je pense, par cette communication qui a fait que chacun, qui n'était pas tout à fait vous-même, retrouvait dans votre personnage une part de l'homme de toujours, dans sa nature, et une part de l'homme d'aujourd'hui, dans sa condition. Nous savons que vous avez choisi, pour vous exprimer, le rire. Mais nous savons aussi, en France (notre pays a vu naître Molière) que le rire a beaucoup de formes et exprime beaucoup de sentiment. C'est d'abord, souvent, une réaction contre la sottise des hommes et l'imperfection des sociétés qu'ils construisent. C'est souvent une réaction contre la méchanceté des êtres, l'indifférence des choses ou la malignité du sort. Votre rire est-il amer ? Votre vagabond, je pense, n'est jamais pleinement heureux mais il me semble qu'avec une égale conviction, il emporte toujours un espoir de bonheur. C'est ainsi, en tout cas que, permettez-moi de le dire, je l'ai suivi depuis longue date et que de misère en misère, de déception en déception, j'ai ressenti sa mélancolie et son rire. Puis-je même ajouter que cette amertume qui, peut être, est un peu en vous, m'a semblée s'exprimer d'une manière plus marquée dans les films de Chaplin où Charlot n'était pas. Que ce soit dans des films, dont vous disiez à l'instant, qu'ils étaient déjà anciens, "L'Opinion Publique", "Une Femme de Paris", ou au contraire, dans les films d'après-guerre comme "Monsieur Verdoux". Et vous imaginez bien que si j'ai cité deux de ces films qui se situent en France, c'est un peu pour parler de vos liens avec la France. Non pas que j'aie l'intention de vous prendre, de vous accaparer pour nous-même, et encore moins, de vous enlever à personne, car vous appartenez à tous. Mais souvent, vous avez dit les origines françaises de votre famille. Ce n'est pas de cela que je veux parler. C'est plutôt du salut à la France que vous avez tenu à faire en 1952, et dont j'ai extrait ces lignes : " Les hommes civilisés de toute nation ont une dette envers la France pour son esprit de liberté, son intelligence et son art ". Et vous, qui avez souvent dit que vous aviez beaucoup appris de certains cinéastes français, je pensais que vous parliez surtout de Max Limbert. Vous qui avez rendu, par ailleurs, hommage à la pantomime française, vous adressant aux cinéastes français, vous leur avez encore dit le conseil que voici : " Restez fidèles au principe de courage artistique et d'intégrité qui vous ont conquis un très haut prestige dans le monde ". Puis-je aussi ajouter, monsieur, que pour nous, français, et peut-être pour les hommes de ma génération, en particulier, vous demeurez l'homme qui, de 1940 à 1952, avec un courage tenace, qui vous a valu, également, des rancunes tenaces, avez tant fait pour que l'Amérique entre en guerre, si bien que les islamistes américains en voulaient aux citoyens britanniques. Mais revenons à votre oeuvre un dernier instant car je n'ai probablement pas le talent de la dépeindre, je voudrais simplement vous dire, du plus profond de moi-même, que nous tous qui sommes ici et nous tous, en France, nous admirons votre génie mais nous aimons votre coeur. Oui, vous êtes l'artiste de notre coeur. C'est un sentiment que, sans doute, tout le monde entier ressent, à votre propos. Mais nous avons conscience, nous, Français, peut-être de l'éprouver plus intensément encore car vous avez toujours su montrer dans votre génie, dans votre travail, qu'il y avait dans l'art cette part d'universel qui fait qu'un artiste ne doit pas, ne peut pas demeurer indifférent à l'aventure de l'homme ou au destin du monde. C'est pourquoi, en hommage à votre esprit et à votre talent, le gouvernement français est, aujourd'hui, si fier et moi, personnellement, si heureux, de vous apporter un nouvel et solennel hommage. Charles Spencer Chaplin, au nom du président de la République, et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous faisons commandeur de l'ordre national de la Légion d'honneur.
(Bravos)
Charlie Chaplin
Mesdames, messieurs, Mister and mister, I am to full to express myself in french. So I will continue with english. I don't speak that very well either. But it is wonderful to be here tonight to see how kindly you received me. And the minister, here, is so nice and so touching. You see, I've been spoiled leaving in Switzerland. I go in to shop and say : "Est-ce que vous avez quelque chose de noir ?". "What do you want ? ", "Give me a black tie, please". But however, it is so wonderful, tonight. And naturally, with this great honour, I'm very much moved. And I doubt wether I can speak intelligently or not. But, however, it's very nice to see you all here and to know that you've appreciated me. Also, not only in the past but also in the present.
(Bravos)