Hausse du prix des terres agricoles dans les landes
05 avril 2011
01m 47s
Réf. 00849
Notice
Résumé :
En 10 ans, le prix de l'hectare de terres agricoles a été multiplié par 2 dans les Landes. En cause : la forêt qui occupe les 2/3 du territoire, la pression immobilière et les grands travaux comme l'Autoroute ou la LGV. Pour les syndicats agricoles, il faut défricher la forêt.
Type de média :
Date de diffusion :
05 avril 2011
Source :
FR3
(Collection:
19/20 Le journal d'Aquitaine
)
Thèmes :
Lieux :
Éclairage
Versant non négligeable du défi alimentaire mondial, la question de la disponibilité des terres agricoles et donc de leur prix autant que de leur qualité est une réalité touchant même les Landes. Elle se pose certes avec moins d’acuité qu’en des régions hyper-urbanisées ou bien au climat ou au relief défavorables mais le phénomène l’atteint.
Pourtant l’image du département « XL », deuxième plus vaste département métropolitain après la Gironde, repose, entre autres, sur celle des grands espaces forestiers ou des longues plages de sable. C’est ce qui en fait l’attractivité mais provoque aussi des déséquilibres.
Sur le plan local, il est sûr que la pression foncière a fini par toucher les agglomérations déjà existantes de Mont-de-Marsan ou Dax et par se manifester aussi dans les communes du littoral (Biscarrosse, Sanguinet et surtout la zone sud : pays du Seignanx ou de la Maremne à proximité de la conurbation Bayonne-Anglet-Biarritz). L’amélioration du réseau routier (construction des autoroutes A65 et A63 notamment) a un indéniable impact sur de petites communes rurales qui n’auraient jamais imaginé, il y a seulement quelques décennies à peine, voir des lotissements contribuer, dans les Landes même, à l’ample et parfois pernicieux phénomène de mitage, analysé et parfois déploré par les géographes et autres observateurs attentifs de l’aménagement du territoire. Il convient d’ajouter que la pression urbaine de la métropole bordelaise, sans doute ici plus atténuée, peut se faire sentir jusques et y compris dans le nord du département.
Plus que pour les terres de Chalosse, du Bas-Armagnac ou du Seignanx, déjà densément occupées de longue date par l’agriculture (vignobles, élevage, maïs) ou confrontées à la spéculation foncière à des fins d’urbanisation (tourisme ou logement), les convoitises, en ce début de la décennie 2010, touchent avant tout les Landes de Gascogne, en particulier la Haute-Lande. On est loin de l’image misérable de ces contrées quand, au XIXe siècle, on voulait les coloniser (1) en les assainissant et en leur donnant une vocation massivement forestière (2).
C’est surtout à partir des années 1960 que la Haute-Lande et la partie forestière en général deviennent attractives pour une agriculture alors un peu pionnière. Les terrains des vastes interfluves plats (platàs, platiets), dévastés par les incendies de 1949, incomplètement reconstitués, incertains en raison du déclin de la production de gemme, offrent paradoxalement d’inespérées opportunités : prix très abordable, eau aisément accessible pour mettre en place des systèmes d’irrigation importés des États-Unis d’Amérique et surtout soutien du prix des céréales dans le cadre de la politique agricole commune européenne. Commence alors le glorieux règne du maïs, largement porté ici par des agriculteurs venus du bassin parisien (départements de l’Aisne, de l’Aube, de l’Oise, ou du Loiret…). Ici ou là, moins nombreux, s’implantent aussi, dans les années 1980, des élevages de grande, voire très grande dimension : porcheries, fermes avicoles (poulets, parfois canards). Le modèle d’une agriculture hautement productiviste se confirme.
Plus tard, à partir des années 1990 principalement, une diversification s’opère avec l’apparition des cultures légumières de plain champ (carottes, oignons, pois…). Elle s’accompagne d’une extension des grands domaines agricoles déjà existants et de l’arrivée de jeunes entrepreneurs, parfois étrangers, qui ne trouvent guère de terres (ou à quel prix !) dans leur région d’origine. Un exemple illustre précisément cette tendance dans le reportage.
Un évènement imprévu accroît la demande d’autorisations de défrichements dans cette décennie 2010, la tempête Klaus du 24 janvier 2009. En Haute-Lande surtout, ses effets dévastateurs découragent en effet certains sylviculteurs d’entreprendre la reconstitution de leurs parcelles, un investissement qui ne profite qu’aux générations suivantes... Comment, dès lors, résister aux sirènes proposant une aliénation rapide et alléchante de leurs biens fonciers (vente ou mise en location) ? En partie marginal, ce phénomène est bel et bien cependant une réalité.
Toutefois, les autorités de tutelle sont prudentes par rapport aux autorisations de défrichement. Une lente prise de conscience des questions environnementales (menaces sur les ressources en eau, nécessité de conserver le couvert forestier, avec, qui plus est, une biodiversité plus affirmée…) en est un des éléments explicatifs. En coulisse, les pressions ne manquent certainement pas et, de fait, la demande en terres arables existe réellement.
(1)Voir « Empreintes landaises » : http://fresques.ina.fr/landes/parcours/0002/langue-lecture-et-comprehension-des-paysages.html#anchor76
(2)Voir « Empreintes landaises » : http://fresques.ina.fr/landes/parcours/0003/les-landes-un-departement-avant-tout-forestier.html
Pourtant l’image du département « XL », deuxième plus vaste département métropolitain après la Gironde, repose, entre autres, sur celle des grands espaces forestiers ou des longues plages de sable. C’est ce qui en fait l’attractivité mais provoque aussi des déséquilibres.
Sur le plan local, il est sûr que la pression foncière a fini par toucher les agglomérations déjà existantes de Mont-de-Marsan ou Dax et par se manifester aussi dans les communes du littoral (Biscarrosse, Sanguinet et surtout la zone sud : pays du Seignanx ou de la Maremne à proximité de la conurbation Bayonne-Anglet-Biarritz). L’amélioration du réseau routier (construction des autoroutes A65 et A63 notamment) a un indéniable impact sur de petites communes rurales qui n’auraient jamais imaginé, il y a seulement quelques décennies à peine, voir des lotissements contribuer, dans les Landes même, à l’ample et parfois pernicieux phénomène de mitage, analysé et parfois déploré par les géographes et autres observateurs attentifs de l’aménagement du territoire. Il convient d’ajouter que la pression urbaine de la métropole bordelaise, sans doute ici plus atténuée, peut se faire sentir jusques et y compris dans le nord du département.
Plus que pour les terres de Chalosse, du Bas-Armagnac ou du Seignanx, déjà densément occupées de longue date par l’agriculture (vignobles, élevage, maïs) ou confrontées à la spéculation foncière à des fins d’urbanisation (tourisme ou logement), les convoitises, en ce début de la décennie 2010, touchent avant tout les Landes de Gascogne, en particulier la Haute-Lande. On est loin de l’image misérable de ces contrées quand, au XIXe siècle, on voulait les coloniser (1) en les assainissant et en leur donnant une vocation massivement forestière (2).
C’est surtout à partir des années 1960 que la Haute-Lande et la partie forestière en général deviennent attractives pour une agriculture alors un peu pionnière. Les terrains des vastes interfluves plats (platàs, platiets), dévastés par les incendies de 1949, incomplètement reconstitués, incertains en raison du déclin de la production de gemme, offrent paradoxalement d’inespérées opportunités : prix très abordable, eau aisément accessible pour mettre en place des systèmes d’irrigation importés des États-Unis d’Amérique et surtout soutien du prix des céréales dans le cadre de la politique agricole commune européenne. Commence alors le glorieux règne du maïs, largement porté ici par des agriculteurs venus du bassin parisien (départements de l’Aisne, de l’Aube, de l’Oise, ou du Loiret…). Ici ou là, moins nombreux, s’implantent aussi, dans les années 1980, des élevages de grande, voire très grande dimension : porcheries, fermes avicoles (poulets, parfois canards). Le modèle d’une agriculture hautement productiviste se confirme.
Plus tard, à partir des années 1990 principalement, une diversification s’opère avec l’apparition des cultures légumières de plain champ (carottes, oignons, pois…). Elle s’accompagne d’une extension des grands domaines agricoles déjà existants et de l’arrivée de jeunes entrepreneurs, parfois étrangers, qui ne trouvent guère de terres (ou à quel prix !) dans leur région d’origine. Un exemple illustre précisément cette tendance dans le reportage.
Un évènement imprévu accroît la demande d’autorisations de défrichements dans cette décennie 2010, la tempête Klaus du 24 janvier 2009. En Haute-Lande surtout, ses effets dévastateurs découragent en effet certains sylviculteurs d’entreprendre la reconstitution de leurs parcelles, un investissement qui ne profite qu’aux générations suivantes... Comment, dès lors, résister aux sirènes proposant une aliénation rapide et alléchante de leurs biens fonciers (vente ou mise en location) ? En partie marginal, ce phénomène est bel et bien cependant une réalité.
Toutefois, les autorités de tutelle sont prudentes par rapport aux autorisations de défrichement. Une lente prise de conscience des questions environnementales (menaces sur les ressources en eau, nécessité de conserver le couvert forestier, avec, qui plus est, une biodiversité plus affirmée…) en est un des éléments explicatifs. En coulisse, les pressions ne manquent certainement pas et, de fait, la demande en terres arables existe réellement.
(1)Voir « Empreintes landaises » : http://fresques.ina.fr/landes/parcours/0002/langue-lecture-et-comprehension-des-paysages.html#anchor76
(2)Voir « Empreintes landaises » : http://fresques.ina.fr/landes/parcours/0003/les-landes-un-departement-avant-tout-forestier.html
Jean-Jacques Fénié