Géothermie pour les serres de tomates
08 avril 2010
02m 17s
Réf. 00902
Notice
Résumé :
Dans les Landes, les producteurs de tomates se sont associés à des exploitants de pétrole. Ils récupèrent de l'eau à 50° pour chauffer leurs serres et leur facture énergétique a baissé de 30%. Interview de Vincent AUDOY, Agriculteur, dans la serre, expliquant que la température à l'intérieur des tuyaux, qui parcourent la serre,est de 50°. Interview de Gérard HERRAN, Responsable Hygiène Sécurité Environnemen de" Vermilion" à Parentis-en-Born (Landes), à propos de ce qui est extrait du puits qui est composé de 97 % d'eau et de 3 % de pétrole brut. ( suite internview) Gérard HERRAN, à propos de l'alimentation des serres par l'eau à 50° extraite du puits de pétrole. Interview de Vincent AUDOY, agriculteur, à propos de la prime à l'énergie dont il pourra bénéficier. Interview de Gilles BERTRANDIAS, Directeur Général "Rougeline", à propos de la maîtrise de l'énergie qui pourrait améliorer la compétivité des entreprises françaises.
Type de média :
Date de diffusion :
08 avril 2010
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Éclairage
Assurément, faire pousser des tomates grâce au pétrole semble surréaliste ! Mais c'est sans compter sur l'originalité du département XL qui ne cesse d'étonner depuis deux siècles : toujours en mutation, en perpétuelle reconversion, c'est un territoire résilient qui sait s'adapter, expérimenter, rebondir (1). La preuve avec ce beau mariage entre des producteurs de la société Rougeline (2) et les actuels propriétaires des puits de pétrole de Parentis, les Canadiens de Vermilion (3).
Pas simple de comprendre quand on ne connaît pas la genèse de l'économie locale.
Après la grande mutation consécutive à la loi de 1857 sur l'assainissement et la mise en valeur des Landes de Gascogne, une grande partie du département délaisse peu à peu l'antique système fondé sur l'agro-pastoralisme pour se tourner vers la sylviculture ou, plus exactement, la monoculture du pin maritime (pinus pinaster). Cette mutation majeure de l'économie locale repose désormais sur la production de bois d'oeuvre et de résine. En gros, un bon siècle de prospérité assurée, avec des hauts et des bas, bien sûr.
Cela mène au début des années 1950 où s'annonce cette fois-ci dans le pays de Born (4) une véritable révolution. Les pays industrialisés s'orientent alors, après le charbon, vers ce qu'on appellera un peu plus tard le "tout pétrole" et, un peu partout, on prospecte. Surtout, bien entendu, dans les bassins sédimentaires où les anticlinaux peuvent recéler le précieux liquide. C'est ainsi qu'en 1954, les Landes deviennent premier producteur de pétrole d'Europe occidentale avec le gisement de Parentis-en-Born, "cité de l'or noir" (5).
Période faste s'il en est, au commencement des Trente Glorieuses, où le chômage est marginal (1,7 % de la population active), où le pinhadar, dans les Landes, fait encore vivre une bonne part de la population, "où coule avec une égale générosité la résine et le pétrole" (6).
Si le gemmage prend fin au début des années 1980, après une longue période de déclin, les gisements landais, dont les réserves doivent s'épuiser au tournant du troisième millénaire, produisent pourtant toujours en 2002. Racheté en 1997 à Esso par la compagnie canadienne Vermilion Rep, le site de Parentis profite, en effet, des technologies venues d'outre-Atlantique : grâce à la construction de puits horizontaux permettant d'extraire des réserves inaccessibles jusque là, le "pétrole" emploie encore directement, à Parentis, une quarantaine de personnes. Et ce n'est pas fini !
Les temps ont bien changé depuis le forage du "P1" en 1954, la crise amorcée par le grand choc pétrolier de 1973 s'est amplifiée, elle est même devenue chronique et, dans tous les domaines, on cherche à limiter les coûts de production. On est entré aussi, depuis une vingtaine d'années, dans une ère nouvelle qui promeut les vertus de l'écologie (7). Une conjoncture qui aboutit, ici et là, à des initiatives autant originales que réellement pourvoyeuses d'emplois.
Ce qui se passe depuis 2009 en marge de la production pétrolière de Vermilion, à Parentis, est donc un cas d'école.
Bénéficiant d'un climat atlantique doux, les Landes diversifient de plus en plus leur production agricole ; la maïsiculture traditionnelle est désormais concurrencée par le développement exponentiel de cultures légumières représentant près de 15% du chiffre d'affaires hors taxe de l'agriculture landaise, hissant ce secteur au 4e rang des productions départementales derrière le maïs, les palmipèdes gras et les volailles.
Alors, après la myrtille, la tomate à Parentis entre bien dans le cadre de cette diversification. Mieux ! Elle donne ici l'exemple d'une culture pensée, respectueuse de l'environnement, une agriculture "durable" (8), telle que la prônent tous les États soucieux de la préservation de leurs ressources naturelles. La serriculture permet en outre de clore un milieu afin d’assurer une production protégée des agressions extérieures et de limiter les attaques parasitaires tout en apportant un minimum d'eau et de nutriments.
Bel exemple d'adaptation au marché et à son évolution pour Tom d'Aqui dont la dénomination a une petite touche identitaire ("Tomate d'Aquitaine" ? "Tomate d'ici", en gascon ?).
En tout cas, pari gagné puisque, entre 2011 et 2014, l'exploitation s'agrandit, couvrant désormais 25 hectares sur 2 sites, employant 250 personnes et distribuant 8000 tonnes de tomates dans le sud de la France.
(1) Empreintes landaises. Parcours Les Landes : une économie en perpétuelle reconversion.
(2) Rougeline réunit 159 producteurs du sud de la France et représente 250 hectares de serres. A travers six organisations de producteurs, le réseau commercialise l’intégralité de la gamme en conservant l’identité et la diversité de ses producteurs et distribue 70 000 tonnes de fruits et légumes dont 58 000 tonnes de tomates.
(3) Vermilion Energy est une entreprise pétrolière canadienne. C'est le principal producteur pétrolier en France, à travers sa filiale Vermilion REP qui a son siège à Parentis-en-Born et exploite des forages dans le Bassin aquitain et dans le Bassin parisien (notamment à Chaunoy et Champotran, en Seine-et-Marne). Par ailleurs, Vermilion Energy possède des actifs en Australie, aux Pays-Bas, en Irlande et au Canada.
(4) Le pays de Born, "pays bordier", en gascon, est situé entre les pays de Buch, au nord, et le Marensin, au sud, englobant 14 communes de la côte, entre Sanguinet et Uza.
(5) Empreintes landaises : Découverte et exploitation d'un gisement de pétrole à Parentis (1954)
(6) Empreintes landaises : De l'or noir au village (2002)
(7) Cette tendance s'affirme avec le "Grenelle de l'Environnement" désignant un ensemble de rencontres politiques organisées en France en septembre et décembre 2007, visant à prendre des décisions à long terme en matière d'environnement et de développement durable.
(8) http://www.agridurable.fr/fr/lagriculture-durable.
Pas simple de comprendre quand on ne connaît pas la genèse de l'économie locale.
Après la grande mutation consécutive à la loi de 1857 sur l'assainissement et la mise en valeur des Landes de Gascogne, une grande partie du département délaisse peu à peu l'antique système fondé sur l'agro-pastoralisme pour se tourner vers la sylviculture ou, plus exactement, la monoculture du pin maritime (pinus pinaster). Cette mutation majeure de l'économie locale repose désormais sur la production de bois d'oeuvre et de résine. En gros, un bon siècle de prospérité assurée, avec des hauts et des bas, bien sûr.
Cela mène au début des années 1950 où s'annonce cette fois-ci dans le pays de Born (4) une véritable révolution. Les pays industrialisés s'orientent alors, après le charbon, vers ce qu'on appellera un peu plus tard le "tout pétrole" et, un peu partout, on prospecte. Surtout, bien entendu, dans les bassins sédimentaires où les anticlinaux peuvent recéler le précieux liquide. C'est ainsi qu'en 1954, les Landes deviennent premier producteur de pétrole d'Europe occidentale avec le gisement de Parentis-en-Born, "cité de l'or noir" (5).
Période faste s'il en est, au commencement des Trente Glorieuses, où le chômage est marginal (1,7 % de la population active), où le pinhadar, dans les Landes, fait encore vivre une bonne part de la population, "où coule avec une égale générosité la résine et le pétrole" (6).
Si le gemmage prend fin au début des années 1980, après une longue période de déclin, les gisements landais, dont les réserves doivent s'épuiser au tournant du troisième millénaire, produisent pourtant toujours en 2002. Racheté en 1997 à Esso par la compagnie canadienne Vermilion Rep, le site de Parentis profite, en effet, des technologies venues d'outre-Atlantique : grâce à la construction de puits horizontaux permettant d'extraire des réserves inaccessibles jusque là, le "pétrole" emploie encore directement, à Parentis, une quarantaine de personnes. Et ce n'est pas fini !
Les temps ont bien changé depuis le forage du "P1" en 1954, la crise amorcée par le grand choc pétrolier de 1973 s'est amplifiée, elle est même devenue chronique et, dans tous les domaines, on cherche à limiter les coûts de production. On est entré aussi, depuis une vingtaine d'années, dans une ère nouvelle qui promeut les vertus de l'écologie (7). Une conjoncture qui aboutit, ici et là, à des initiatives autant originales que réellement pourvoyeuses d'emplois.
Ce qui se passe depuis 2009 en marge de la production pétrolière de Vermilion, à Parentis, est donc un cas d'école.
Bénéficiant d'un climat atlantique doux, les Landes diversifient de plus en plus leur production agricole ; la maïsiculture traditionnelle est désormais concurrencée par le développement exponentiel de cultures légumières représentant près de 15% du chiffre d'affaires hors taxe de l'agriculture landaise, hissant ce secteur au 4e rang des productions départementales derrière le maïs, les palmipèdes gras et les volailles.
Alors, après la myrtille, la tomate à Parentis entre bien dans le cadre de cette diversification. Mieux ! Elle donne ici l'exemple d'une culture pensée, respectueuse de l'environnement, une agriculture "durable" (8), telle que la prônent tous les États soucieux de la préservation de leurs ressources naturelles. La serriculture permet en outre de clore un milieu afin d’assurer une production protégée des agressions extérieures et de limiter les attaques parasitaires tout en apportant un minimum d'eau et de nutriments.
Bel exemple d'adaptation au marché et à son évolution pour Tom d'Aqui dont la dénomination a une petite touche identitaire ("Tomate d'Aquitaine" ? "Tomate d'ici", en gascon ?).
En tout cas, pari gagné puisque, entre 2011 et 2014, l'exploitation s'agrandit, couvrant désormais 25 hectares sur 2 sites, employant 250 personnes et distribuant 8000 tonnes de tomates dans le sud de la France.
(1) Empreintes landaises. Parcours Les Landes : une économie en perpétuelle reconversion.
(2) Rougeline réunit 159 producteurs du sud de la France et représente 250 hectares de serres. A travers six organisations de producteurs, le réseau commercialise l’intégralité de la gamme en conservant l’identité et la diversité de ses producteurs et distribue 70 000 tonnes de fruits et légumes dont 58 000 tonnes de tomates.
(3) Vermilion Energy est une entreprise pétrolière canadienne. C'est le principal producteur pétrolier en France, à travers sa filiale Vermilion REP qui a son siège à Parentis-en-Born et exploite des forages dans le Bassin aquitain et dans le Bassin parisien (notamment à Chaunoy et Champotran, en Seine-et-Marne). Par ailleurs, Vermilion Energy possède des actifs en Australie, aux Pays-Bas, en Irlande et au Canada.
(4) Le pays de Born, "pays bordier", en gascon, est situé entre les pays de Buch, au nord, et le Marensin, au sud, englobant 14 communes de la côte, entre Sanguinet et Uza.
(5) Empreintes landaises : Découverte et exploitation d'un gisement de pétrole à Parentis (1954)
(6) Empreintes landaises : De l'or noir au village (2002)
(7) Cette tendance s'affirme avec le "Grenelle de l'Environnement" désignant un ensemble de rencontres politiques organisées en France en septembre et décembre 2007, visant à prendre des décisions à long terme en matière d'environnement et de développement durable.
(8) http://www.agridurable.fr/fr/lagriculture-durable.
Bénédicte Boyrie-Fénié