Le lagunage de Deûlémont

05 juin 2008
01m 19s
Réf. 00050

Notice

Résumé :
La station d'épuration de Deûlémont est un lagunage naturel qui permet d'épurer les eaux usées des habitants. Les eaux domestiques et fluviales sont pompées, puis filtrées et dessablées, avant de finir dans les bassins. Une fois dépolluées, les eaux sont rejetées dans la Deûle. Avec le temps, la station d'épuration est en train de se transformer en réserve ornithologique.
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Date de diffusion :
05 juin 2008
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Éclairage

Grâce à une loi de juillet 1999 relative au renforcement de l'intercommunalité, la Métropole a acquis de nouvelles compétences. Elle a en particulier pris le 1er septembre 2002 la compétence "Espaces naturels métropolitains, valorisation du paysage". Les syndicats et 40 communes se sont associés à cette dynamique pour constituer le syndicat mixte Espace naturel Lille Métropole (ENLM). L'objectif de ce syndicat est de mieux connecter trame bleue (eau) et trame verte (nature) et de construire des projets à l'échelle de l'Eurométropole, donc avec les communes situées de l'autre côté de la frontière. Au total ce sont aujourd'hui 1300 ha d'espaces naturels qui sont regroupés dans cette compétence et à terme 10 000 ha.

L'épuration des eaux usées et pluviales est traitée de façon naturelle, très écologique dans deux lagunages qui sont au nord de la Métropole, à Quesnoy-sur-Deûle et à Deûlémont. Cette technique respectueuse de l'environnement est appelée "lagunage".

Le lagunage, est une technique naturelle d’épuration des eaux fondée sur la déseutrophisation, opération d'extrait d'excès de nutriments qui rendent les terrains acides et plus vulnérables. Le principe est de recréer des milieux ou des bassins "tampons" dans lesquels les eaux usées ou polluées vont transiter, avant d'être rejetées dans le milieu naturel. Les phénomènes d'auto-épuration des eaux se font dans ces bassins, de petite ou grande surface, préservant le reste du milieu naturel (lac, rivière) des conséquences néfastes des pollutions et des effets négatifs de certains phénomènes d'auto-épuration qui peuvent  asphyxier la macrofaune et la microflore aquatique.

Ce système mis en place à San Antonio en 1901, s'est répandu dans les années 1920 dans le monde entier. En France, il était en fait déjà utilisé depuis des siècles, mais son optimisation et la mesure scientifique de ses performances ne datent aussi que du début du XXe siècle et cela, rappelons-le, à Lille, avec les études du professeur Albert Calmette à l'Institut Pasteur. Celui-ci vers 1900-1910, avait testé la capacité de certaines plantes d'épurer l'eau en installant un lagunage dans les fossés de la ville, puis en utilisant cette technique dans la mise en place de la première station d'épuration en France, à La Madeleine [1].

En 1960, la première lagune à haut rendement, reposant sur  la culture intensive d’algues fut construite en Californie. Le système va se développer dans le monde entier grâce à la vague de l'écologie qui propulse au premier plan dans les années 1980 la défense de l'environnement. A la télévision, on voyait des milliers de gardons sur le dos. L'asphyxie menace des rivières entières dans lesquelles sont rejetées les eaux polluées.

Construites dans les années 1950, les premières stations de la Métropole ne suffisent plus à arrêter la pollution. On décide de barrer la route aux phosphates et de construire de nouveaux équipements d'assainissement. De Grimonpont à Marquette, en passant par Houplin-Ancoisne et Comines-Ploegsteert, les notions d'épuration et de perfection vont de pair, mais avec un coût important. Les organisations de consommateurs se sont fait entendre et très vite une stratégie de réduction des coûts s'impose. Cette rationalisation ne pouvait se concevoir que dans le cadre de la Métropole. Elle s'est renforcée avec la prise de compétence "Espaces naturels métropolitains, valorisation du paysage" en 2002.

Le lagunage de Deûlémont dont il est question dans ce reportage a été aménagé en 2006. Il est constitué de trois bassins. Les algues plantées produisent de l'oxygène grâce à la phytosynthèse, et entretiennent des bactéries et du plancton. Ceux-ci se nourrissent des résidus et de la pollution. A Deûlémont, il faut 60 jours pour que l'eau passe dans chacun des trois bassins à tour de rôle avant d'être rejetée, totalement épurée dans la Deûle.

Il existe à l'est de la Métropole un autre lagunage, à Leers, qui traite en partie les eaux de la station d'épuration du Grimonpont avant de les rejeter dans le canal de la Deûle à l'Escaut. L'eau reste une semaine dans chacun des huit bassins. Ce lagunage couvre 7 ha.

Il faut en effet de grandes surfaces pour traiter de la sorte les eaux usées : 11 m² par habitant. Ces vastes lagunages sont devenus des réserves ornithologiques très riches et diversifiées. On y trouve des parcours de visite avec des panneaux d'information.

Une fois par an, à l'automne, les bassins sont mis à sec pour reminéraliser les sédiments.

[1] Le lagunage Calmette à Lille vers 1910 : image
Catherine Dhérent

Transcription

Bérangère Dunglas
Voici la station d’épuration de Deûlémont. Depuis deux ans, dans ce village situé à 25 kilomètres de Lille, c’est un lagunage naturel qui permet d’épurer les eaux usées des habitants. Les eaux domestiques et pluviales sont pompées, puis filtrées et dessablées avant de finir dans ces bassins.
Frédéric Decoster
C’est une épuration naturelle, puisqu’on a un équilibre en fait de microorganismes, donc des bactéries et des algues. Donc les algues, grâce au soleil et par photosynthèse, produisent de l’oxygène ; et cet oxygène, lui, est nécessaire aux bactéries pour consommer en fait la pollution.
Bérangère Dunglas
Une fois dépolluées, les eaux sont rejetées dans la Deûle, il faut 60 jours à une goutte d’eau usée pour passer dans les trois bassins et repartir propre dans la rivière. Une solution écologique mais qui prend de la place, il faut environ 11 mètres carrés de lagune pour traiter la pollution d’un habitant.
Franck Leroy
Les conditions qui font qu’on puisse installer ce type de lagunage, c’est la taille de la population, le fait d’être, d’avoir un réseau unitaire qui permet aussi de récupérer des eaux pluviales afin de ne pas avoir des effluents trop concentrés ; et avoir une activité économique ou industrielle qui ne soit pas raccordée au réseau.
Bérangère Dunglas
Et la station d’épuration est en train de se transformer en réserve ornithologique, tadornes du Belon et avocettes ont décidé de faire leurs nids ici.