L'usine de traitement de déchets Triselec vient de démarrer à Halluin

07 juin 1994
01m 38s
Réf. 00049

Notice

Résumé :
Reportage à l'usine de traitement de déchets Triselec d'Halluin qui vient de démarrer. Elle préfigure la politique de tri des déchets de la CUDL, initiée en 1991 avec la nouvelle poubelle de tri sélectif. En 1994, 10 communes de la Métropole expérimentent les poubelles compartimentées. Arrivés chez Triselec, ces déchets passent au tri semi automatisé.
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07 juin 1994
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Éclairage

Longtemps les hommes se sont contentés de laisser leurs déchets dans la nature ou dans des composts au fond d'un jardin. La question de la collecte a été soulevée lors du développement des villes où les ordures s'entassaient sur la voie publique ou étaient déversées dans les cours d'eau. Les villes du nord de la France, comme Lille ou Douai, très peuplées, ont eu des règlements à ce sujet dès le XIVe siècle.

A la fin du XIXe siècle, l'industrialisation a produit de plus en plus de matières non recyclables par la nature, ce qui a entraîné la création de décharges. C'est aussi le moment où vont se développer les préoccupations hygiénistes après quelques grandes épidémies très mortelles de choléra, comme celle de 1832. [1]

Cette maladie frappe de nouveau en 1866, 150 communes sur les 660 que compte le département dont Lille, Roubaix, Armentières, Halluin… A Lille, elle fit  2 200 victimes dont 1 300 ouvriers.

Une première étape importante pour remédier à ces catastrophes sanitaires est l'obligation faite en 1883 par le préfet de la Seine, Eugène Poubelle, à tous les propriétaires parisiens de mettre à disposition de leurs locataires un récipient destiné aux ordures ménagères. C'est la création de la "poubelle".

Dans les années 1960, deviennent encore plus évidents les problèmes posés par le développement économique des sociétés modernes génératrices de quantités de déchets qu'il n'est plus possible de maîtriser dans les seules décharges pour lesquelles il est de plus en plus difficile de trouver des sites.

Des incinérateurs sont alors construits à proximité de grandes agglomérations, en l’absence de politique de tri des déchets, de compostage et de recyclage des matériaux, et en raison d’une offre nouvelle de matériel d’incinération capable de traiter des quantités importantes de déchets.

Les collectivités locales ont pris en compte la nécessité du tri de ces déchets ménagers à la fin des années 1980. Elles y voient aussi désormais la possibilité de valoriser ce que nous jetons, et de créer des emplois. La communauté urbaine de Dunkerque a été précurseur en France, suivie de près par la Métropole Européenne de Lille qui s’appelait alors la Communauté urbaine de Lille (CUDL). De plus en 1994, une loi a interdit d’incinérer des déchets sans valoriser l’énergie dégagée et les rejets à l’atmosphère ont été soumis à des limitations rendues encore plus contraignantes en 2005.

Ce reportage de 1994 s'insère dans ce contexte. Il  explique la mise à disposition trois ans auparavant, en 1991, de poubelles d'un genre nouveau pour les habitants de la Métropole. Elles ont désormais deux compartiments dont l'un sert à la collecte des déchets recyclables qui sont alors mélangés : papiers, plastiques, métal. 10 communes sur 87 expérimentent ces poubelles compartimentées. La construction d'un centre de tri à Halluin, Triselec, a été lancée en 1993. Celui-ci est chargé de trier et de revendre les déchets recyclables. Le tri est semi-mécanisé avec par exemple l'attraction des objets métalliques. Cet équipement va de pair avec la fermeture d'un incinérateur, source de pollution atmosphérique. Ce centre d'Halluin sera détruit par un incendie en 2008. Un nouveau processus sera mis en service en 2011.

Entre temps a été mis en service un second centre de tri, celui de Lille-Loos, situé au port fluvial de Lille grâce à une délégation de service public signée en 2007.

Les deux collectivités de Dunkerque et de Lille se sont associées en 2014 au sein d’une "société publique locale" (SPL) TRISELEC. La création de ce type de société a été rendue possible par une loi de mai 2010. Les collectivités en détiennent la totalité du capital. Les SPL remplacent les sociétés d’économie mixte locales (SEML) dans les opérations de construction, ou exploitation de services publics à caractère industriel ou commercial, ou toutes autres activités d’intérêt général. Cependant, elles ne peuvent le faire que dans le cadre des compétences qui leur sont attribuées par la loi.

Le chiffre d'affaires des trois centres de tri (Halluin, Lille et Dunkerque) est actuellement de 18 millions d' Euros pour 130 214 tonnes traitées. On note que c'est plus de deux fois plus que ce qu'on espérait traiter en 1994 puisqu'il est question dans la vidéo de 60 000 tonnes de déchets par an. On n'aurait jamais imaginé, il y a vingt ans, que les démarches écologiques auraient eu autant d'effet auprès des citoyens. Le chemin parcouru est déjà impressionnant même s'il reste encore à faire. On peut aller toujours plus loin en matière de tri et la métropole a désormais pour objectif de traiter les déchets textiles. 400 tonnes de vêtements professionnels et 1000 tonnes de linge plat seraient en effet récupérables chaque année dans le Nord-Pas-de-Calais.

La proportion des matériaux recyclés, sur la page Chiffres du site de Triselec  :






52 916 tonnes sont traitées chaque année à Halluin et 52 812 à Lille/Loos.



[1] Voir ce Rapport général sur l'épidémie de choléra qui a régné à Lille en 1832 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k81333n


Amusez-vous en vous instruisant sur les pages pédagogiques de Triselec : http://www.triselec.com/index.php/fr/decouvrir/espace-pedagogique
Vous y trouverez un quizz, des conseils et un lexique.

Voici aussi vos consignes de tri si vous habitez dans la Métropole Européenne de Lille : http://www.lillemetropole.fr/mel/services-pratiques/dechets-menagers/tri-selectif-mode-demploi.html
Catherine Dhérent

Transcription

Philippe Chatelain
À Halluin, entre cet incinérateur appelé à disparaître et les premiers balbutiements du centre de tri, récemment ouvert, c’est la politique du traitement des déchets de la CUDL qui se met en place à l’orée du XXIème siècle. Pour mieux comprendre l’utilité de ce centre, il nous faut remonter à ce jour de 1991 où Paul Deffontaine, responsable politique du projet, présentait au public la nouvelle poubelle à tri sélectif.
Paul Deffontaine
Je vous ouvre la poubelle, en vous demandant de placer dans l’un des compartiments quatre produits que vous avez dans vos ordures, le papier carton, le verre, la ferraille et le plastique, les bouteilles plastiques. Dans l’autre vous mettez ce que vous mettez dans votre poubelle classique.
Philippe Chatelain
Si la poubelle a un peu changé, le principe reste sans appel. Aujourd’hui, 10 communes de la Métropole expérimentent ces poubelles compartimentées. Après un premier tri, les déchets recyclables passeront ici pour être une nouvelle fois triée. Un centre semi mécanisé où les méthodes derniers cris d’aimantation ou de soufflerie, sans oublier la dextérité et le coup d’oeil de l’homme, permettront de traiter à terme 60000 tonnes de déchets par an. Reste à savoir si le premier tri de la ménagère dans la poubelle est entré dans les moeurs.
Paul Deffontaine
Ils sont motivés, ils sont conscients, ils trient relativement bien. C’est à nous également à faire un effort de communication pour que leur efficacité soit légèrement augmentée.
Philippe Chatelain
Nos plastiques, papiers et cartons sont ensuite transformés en balles pour être commercialisés. Ce n’est pas encore la fin des décharges anarchiques mais on y arrive et c’est tant mieux.
(silence)