Inauguration du parc Astérix
Notice
Reportage sur l'inauguration du parc Astérix à Plailly dans l'Oise par Jack Lang, ministre de la culture.
Éclairage
Inauguré fin avril 1989, le Parc Astérix est l'aboutissement de cinq ans de travaux, si ce n'est de conflits, études comprises. Jusqu'à plus de 1000 ouvriers furent mobilisés pour construire ce qui relève d'une véritable opération de travaux publics au coût voisin de 900 millions de francs, plus de 20 fois moins que celui d'Eurodisney, ouvert, quant à lui, en avril 1992.
Astérix est donc situé, à proximité du parc Jean-Richard, à la limite sud du département de l'Oise. Sur la commune de Plailly, il en est cependant strictement isolé, l'entreprise ayant exceptionnellement obtenu la possibilité d'un raccordement direct à l'autoroute. Installé en Picardie pour des raisons fiscales, il jouxte alors les 10 millions de franciliens qui constituent sa clientèle privilégiée. Du reste, le reportage a été diffusion comme actualité dans le journal de Paris-Ile-de-France.
Les 170 ha, dont une vingtaine couverts par le parc lui-même, reproduisent la topographie du village gaulois et le document en montre les principales réalisations. Le paysage voulu par Pierre Tchernia et Uderzo, les "créatifs" du parc, met en trois dimensions le village gaulois connu des millions de lecteurs, y compris hors de France, à travers la bande dessinée. Le Delphinarium est aussi présenté comme attraction spectaculaire. Pour obtenir l'apparence du jeu – la mer à la campagne – trois bassins concentrant près de 4000 m3 d'eau ont été construits ainsi qu'une usine de retraitement de l'eau marine usée. Les animaux qui y vivent la polluent en continu et il y a donc été nécessaire d'inventer un système de filtre permanent. Dernière contrainte : à aucun moment la température de l'eau ne doit être inférieure à 12 °C. Derrière cela, le reportage ne montre pas ce qui constitue aussi le parc : les restaurants et autres boutiques, d'une part ; les équipements strictement récréatifs, de l'autre, comme l'immense et spectaculaire scenic railway, grand huit où il était déjà permis d'avoir plusieurs fois la tête en bas. Choix marketing ou contrainte du temps d'antenne ? Du système d'eau à son assainissement, de l'approvisionnement en électricité à celui de la nourriture, tout semble alors prêt pour accueillir les 20 000 visiteurs quotidiens pour lequel le site était alors calibré : même sous la pluie, la population d'une petite ville !
L'intervention de Jack Lang est un élément-clé du lancement, et pas seulement en termes de promotion. Après la "poésie, la beauté et l'humour" le ministre évoque les arguments et enjeux économiques, préoccupations structurantes de ce type de "machines à sous". Il faut rappeler combien l'entreprise peut sembler risquée, en particulier après l'échec du parc Mirapolis, près de Pontoise, inauguré en 1987 mais fermé en 1991. Avec le recul des années, on peut même dire qu'il avait vu juste et les 1,8 millions de visiteurs réguliers en attestent. Cela dit, la présence même d'un ministre de la Culture situe la problématique des parcs dans les débats qu'ils soulevaient à l'époque. D'un côté, les tenants d'une conception érudite et savante de la culture ironisent sur les "savoirs" ici mobilisés. De l'autre, et le ministre avec eux, en soutiennent une vision plus ouverte, en particulier comme opportunité de rencontres et d'échanges sociaux. Et encore : une visite au parc n'est-elle pas, aussi, l'occasion, pour ceux qui n'y ont pas accès, d'approcher autrement que par les livres certains des grands récits de l'histoire de France ?