La biodiversité dans la vallée de l'Authie
Notice
l'Authie est un fleuve qui s'écoule en limite de la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais. Ses berges offrent un grande diversité écologique. Ce reportage est situé sur la rive droite, dans le département du Pas-de-Calais. Avec Vincent Santune, directeur du conservatoire naturel du Nord-Pas-de-Calais, on découvre les coteaux calcaires et le Riez du Mont de Boffles, site remarquable et protégé pour sa richesse écologique. On y trouve une dizaine d'espèces d'orchidées et plusieurs espèces de reptiles en voie de disparition. Puis on entre dans la réserve naturelle de la Pâture à Mille Trous qui surplombe la vallée d'Authie à côté d'Auxi-le-Château. C'est avec la craie coteaux calcaires que son église a été construite.
Éclairage
Marquant, sur une grande partie de son tracé, une limite entre la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, l'Authie s'écoule dans une vallée sinueuse et encaissée dans le plateau crayeux du Ponthieu. La haute vallée du fleuve (en amont d'Occoches et Outrebois) et sa moyenne vallée (jusqu'à Dompierre-sur-Authie) se caractérisent par des versants dissymétriques. Les versants exposés au Sud ou à l'Est sont pente douce, alors que ceux exposés au Nord ou à l'Ouest sont beaucoup plus abrupts. Cette dissymétrie est due aux processus périglaciaires (cryoclastie (1), cryoturbation (2) et solifluxion (3) ) et au dépôt, sur les versants exposés au Sud et au Sud-Est, de limons et de sables (lœss) apportés par le vent, surtout pendant le dernier maximum glaciaire (il y a environ 18 000 ans) (4). La vallée de l'Authie est recoupée par des vallées perpendiculaires et sèches durant au moins une partie de l'année. Certains versants crayeux, plus ou moins escarpés et festonnés, sont recouverts par des pelouses et prairies calcicoles (appelées "larris" en Picardie occidentale) issues de l'influence conjuguée de conditions écologiques particulières et du pâturage.
Les larris sont composés d'une mosaïque de milieux (des éboulis de roches calcaires aux pelouses bien développées évoluant vers le boisement) où se développent des espèces adaptées à des sols particuliers (généralement très minces et riches en carbonate de calcium) et aux microclimats (exceptionnellement froids ou chauds). Ils sont constitués par une végétation herbacée peu dense, aux affinités montagnardes ou méditerranéennes (selon l'exposition), d'une grande richesse écologique. Par exemple, plus de 200 espèces végétales sont recensées aux "Riez de Noeux-les-Auxi", dont une trentaine est considérée comme patrimoniale (car protégée et/ou menacée localement et/ou rare et/ou ayant un intérêt scientifique ou symbolique). On y trouve notamment plus d'une dizaine d'espèces d'orchidées, une grande variété de champignons et une forte diversité faunistique (papillons, criquets, sauterelles...). Aux marges de la pelouse sèche, un ourlet calcicole fait transition avec les fourrés d'épineux et de genévriers (junipéraies).
La "Pâture à Mille trous" (située à Auxi-le-Château) présente également une diversité écologique remarquable, en grande partie causée par la présence de creux liés à l'exploitation de la craie pour les fours à chaux. Ce relief bosselé offre une variété d'expositions et de conditions édaphiques (liées à la nature des sols).
Ces milieux ouverts tendent spontanément à s'embroussailler et à se boiser. Après les années 1950, leur superficie s'est fortement réduite en raison de la régression du pastoralisme et de la propagation de la myxomatose (5). Des larris sont actuellement préservés au moyen du pâturage extensif (par des chèvres et des moutons) et de débroussaillages sélectifs. Ils contribuent, avec les collines calcaires, les tourbières, les marais, les dunes et les vasières estuariennes, à la diversité écologique, patrimoniale et paysagère de la vallée de l'Authie, considérée comme un des corridors écologiques majeurs et essentiels du Nord de la France.
(1) Eclatement de la roche causée par une alternance gel-dégel.
(2) Déformations in situ du sol dues aux alternances de gel-dégel (www.unifr.ch/geoscience/geographie/ssgmfiches/pergelisol/3205.php)
(3) Déplacement plastique (sous l'effet de la gravité) des matériaux meubles à forte capacité d'absorption d'eau d'un versant. (www.unifr.ch/geoscience/geographie/ssgmfiches/pergelisol/3204.php).
(4) ANTOINE P., LIMONDIN-LOZOUET N., AUGUSTE P., LAMOTTE A., BAHAIN J.-J., FALGUERES C., LAURENT M., COUDRET P., LOCHT J.-L., DEPAEPE P., FAGNART J.-P., FONTUGNE M., HATTE C., MERCIER N., FRECHEN M., MOIGNE A.-M., MUNAUT A.-V., PONEL P., ROUSSEAU D.-D. (2003), Paléoenvironnements pléistocènes et peuplements paléolithiques dans le bassin de la Somme (nord de la France), Bulletin de la Société préhistorique française, 100, 1, pp. 5-28. (www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2003_num_100_1_12790)
(5) www.enviroscop.fr/tvb-picardie/wp-content/uploads/2013/12/diagnostic_ecolo_SRCE_V1.pdf