Découverte de l'Authie en canoë
Notice
L' Authie est un fleuve qui donne son nom à la baie, il prend sa source dans la Somme à Coigneux. Découverte en canoë avec Pascal Silliot et les membres du centre permanent d'initiative pour l'environnement du Val d'Authie. Patrick Crestot nous fait découvrir le moulin de Maintenay à l'approche de l'embouchure on aperçoit les premières embarcations au port de La Madelon. La ballade se termine à pied en baie d'Authie.
Éclairage
Marquant, sur une grande partie de son tracé, une limite régionale entre la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais, l'Authie prend sa source sur le territoire de Coigneux, au Nord-Est d'Amiens, à 104 m d'altitude. Ce fleuve long de 103 km, parallèle à celui de la Somme, coule vers le Nord-Ouest jusqu'à la baie d'Authie dans une vallée sinueuse et encaissée dans le plateau crayeux du Ponthieu. Son nom provient de ce relatif encaissement : le terme celte Alt signifie profondeur. Trois entités sont distinguées : la haute vallée de l'Authie entre Coigneux et les communes d'Occoches et Outrebois, la moyenne vallée jusqu'à Dompierre-sur-Authie et la basse vallée joignant la baie d'Authie.
Les fonds de vallée et leurs versants se caractérisent par des paysages variés, essentiellement ruraux (85% de leurs surfaces sont consacrés à l'agriculture et à l'élevage), et une richesse écologique remarquable. Ce fleuve présente notamment un fort potentiel piscicole. Il s'agit d'un couloir fluviatile majeur du Nord-Ouest de la France pour les grands migrateurs tels que le saumon atlantique, la truite de mer et l'anguille. Dans des marais tourbeux alcalins et des prairies se développent des espèces rares et protégées telles que l'ache rampante. Les zones humides de fonds de vallée sont bordées de bocages et de zones boisées, structurant un corridor écologique, qui hébergent une faune remarquable telles que la barbastelle et le grand murin (espèces de chauves-souris rares et menacées en Picardie). Les versants crayeux de la vallée, dissymétriques, sont aussi vecteurs de diversité écologique et paysagère, notamment en haute et moyenne vallée de l'Authie. Dans la haute vallée, le versant sud, généralement plus court et plus pentu, est strié de rideaux de culture horizontaux en aval de Doullens (1). Il est davantage boisé dans la moyenne vallée. Sur le versant nord, plus doux, ainsi que dans des vallons secs (ou à écoulement temporaire) adjacents, se développent les pelouses calcicoles (appelées "larris") à orchidées.
Occupée dès le Paléolithique (comme en attestent des découvertes d'outils du Néandertal), cette vallée bénéficie d'un patrimoine historique et culturel remarquable. Des vestiges (de villae et de sanctuaire, notamment) gallo-romains attestent un peuplement pluriséculaire même si la vallée est restée à l'écart des grands courants de circulation nord-sud. La variété des milieux physiques (prairies humides dans le fond de vallée, cultures et forêts sur les versants, grandes cultures sur les plateaux alentours) et des ressources (eau, poissons, tourbe, osier dans le fond de vallée) a favorisé le développement de villages et de petites agglomérations à proximité du cours d'eau, plutôt en rive droite. Les paysages de la basse vallée ont été fortement modifiés au XIIIe siècle par la construction d'un réseau dense et complexe de canaux visant à assécher les marais et à extraire la tourbe.
La vallée de l'Authie offre une grande diversité patrimoniale, incluant des abbayes (comme celle de Valloires datant du XIIe siècle) et des châteaux (comme ceux de Nampont-Saint-Martin, du XVème siècle, et d'Argoules, du XVIe siècle) ainsi que du petit patrimoine et du patrimoine rural, tels que les moulins à eau (il y en aurait eu une cinquantaine au XIXe siècle, soit un tous les deux kilomètres en moyenne) (2).
Les atouts paysagers, naturels et patrimoniaux favorisent l'essor du tourisme dans la vallée, qui se traduit par le développement de la pisciculture, de structures d'hôtellerie de plein air, d'espaces d'accueil, de détente et de promenade et de sports nautiques comme le canoë-kayak. Ce patrimoine, fruit de composantes naturelles et d'actions humaines, relativement méconnu nécessite une gestion et un entretien constants.
(1) IZEMBART H. et LE BOUDEC B. (2007), Atlas des paysages de la Somme. Ministère de l'Écologie, du développement et de l'aménagement durables (www.picardie.developpement-durable.gouv.fr/atlas-des-paysages-de-picardie-a632.html)