Présentation du Conservare de Compiègne, un institut conservant les mobiliers issus de fouilles

24 avril 2007
02m 27s
Réf. 00620

Notice

Résumé :

Reportage sur le Conservare de Compiègne un des six instituts français qui restaurent et conservent le mobilier issus des fouilles préventives du nord de la France en particulier sur les lignes du TGV ou les tracés d'autoroutes. Florence Bertin, directrice du Conservare, Jeanne Echinard, restauratrice, expliquent les méthodes de restauration des objets. Pour Jean-Paul Demoule, président de l'Institut national de recherches archéologiques préventives, ce travail permet de connaître l'évolution des civilisations qui les ont produits et nous interroge sur notre propre devenir.

Date de diffusion :
24 avril 2007
Source :

Éclairage

C'est au milieu des années 1970, après à la découverte d'un sanctuaire gaulois d'exception à Gournay-sur-Aronde, qu'est créé l'institut de restauration et de recherches archéologiques et paléométallurgiques. En 2006, il devient Conservare, Institut de conservation-restauration, de conservation préventive et de recherches. A partir de 1989, comme atelier du réseau national de restauration, il est placé sous la double tutelle de la direction des Musées de France et de la sous-direction de l'Archéologie.

Il reçoit le soutien du conseil général de l'Oise et de la Ville de Compiègne. L'équipe a compris jusqu'à 15 personnes dont huit conservateurs-restaurateurs spécialisés en métal, céramique, verre et en conservation préventive et un ingénieur de recherche.

Depuis sa création, l'institut a considérablement élargi son champ d'action au traitement des objets d'art, des objets techniques et ethnographiques métalliques. En 1991, il fut le premier institut à développer des missions de conservation préventive et, en 2005, un atelier de traitement des objets en céramique et en verre a été inauguré.

Conservare a traité près de 2 000 objets par an provenant pour moitié des musées de France et pour moitié de l'archéologie préventive et territoriale. Des campagnes ont ainsi été réalisées pour le département des Arts de l'Islam du musée du Louvre, le Musée de la marine, de nombreux musées de collectivités notamment : Amiens, Beauvais, Charleville-Mézières, Châteaudun, Compiègne, Moulin, Soissons, Reims, Senlis, Rouen. Pour l'archéologie préventive, citons les campagnes de conservation des objets provenant des nombreux sites du tracé du TGV Est, ou les traitements de conservation-restauration des mobiliers provenant de sépultures gauloises.

De nombreuses méthodes et techniques ont été mises en oeuvre, parmi lesquelles la radiographie X, le traitement chimique et électrochimique (déchloruration en sulfite alcalin), le nettoyage (mécanique, micro-tour, micro-sablage, ultra-son), la microscopie appliquée à l'étude métallographique en relation avec l'université de technologie de Compiègne, les moulages...

Suite à une liquidation judiciaire prononcée le 19 mai 2013 par le tribunal de commerce de Compiègne, Conservare a disparu. Il a laissé place à l'association "Autour du Patrimoine" regroupant quatre conservateurs–restaurateurs issus de Conservare, trois restaurateurs métal et un restaurateur céramique et verre. Cette association, désormais installée dans les locaux de la Maison de l'archéologie, a pour objectif de développer la médiation culturelle afin de faire connaitre les métiers des restaurateurs au public compiégnois et plus largement de la région. Chaque restaurateur travaille en indépendant au sein de l'association. Les activités sont les mêmes qu'à Conservare, stabilisation, radiographie X, moulage, fouille de prélèvement, photo et restauration.

Tahar Ben Redjeb

Transcription

Sylvain Rouil
Et lui aussi s’intéresse au patrimoine mais bien plus ancien. Le Conservare de Compiègne est l’un des six instituts français qui restaurent et conservent le mobilier des fouilles préventives du nord de la France. Des découvertes archéologiques réalisées notamment sur les lignes de TGV ou sur les tracés d’autoroute. Alors comment sont-elles restaurées, et que deviennent-elles ? Voyez ce reportage de Delphine Aldebert et Pascale Labé.
Delphine Aldebert
Ce collier en bronze provient d’une nécropole gauloise de 400 avant Jésus Christ. Si les archéologues ne l’avaient pas déterré, il aurait été détruit par les pelleteuses qui ont aménagé la carrière de Vasseny dans l’Aisne. Mais depuis 2001, la loi prévoit un diagnostic systématique des vestiges préalable à tous travaux d’aménagement du territoire. 2000 objets sont restaurés chaque année par cet institut, le Conservare, spécialisé dans l’âge de Fer. Des objets qu’il faut sélectionner pour ce [inaudible] du Ier siècle avant Jésus Christ, les scientifiques hésitent.
Florence Bertin
J’ai peur qu’on n’arrive pas à consolider suffisamment pour qu’ils deviennent parlants et pour qu’on puisse en tirer des informations. Ceci dit, si la problématique archéologique était vraiment nouvelle et apportait des informations qu’on n’avait pas en archéologie, ça vaudrait vraiment la peine d’investir dedans.
Delphine Aldebert
Mais lorsque l’objet présente un intérêt, il va subir, pendant 2 ans, une batterie d’analyses et de traitements. Première étape : la radiographie.
Intervenante
On aura la forme de l’objet, et en même temps, ça nous servira à voir dans quel état c’est. On va pouvoir fouiller la motte en sachant les endroits où c’est fragile, en connaissant les zones de métal, de terre, de cassure.
Delphine Aldebert
Après avoir trempé dans ces bacs qui stabilisent la corrosion pendant 10 mois, il est prêt à révéler tous ses secrets.
Jeanne Echinard
Après nettoyage, on a pu mettre en évidence un décor gravé très fin, de motifs floraux, ce qui est assez exceptionnel sur un objet tel que celui-ci, qui, a priori, au premier abord, n’avait rien de particulier.
Delphine Aldebert
Ces objets sont la mémoire de notre passé mais aussi un moyen de s’interroger sur notre présent et notre avenir.
Jean-Paul Demoule
Ça nous permet aussi, en général, quand on voit comment une civilisation finit brutalement ou pas, l’empire romain, les Mayas, l’île de Pâques, de voir éventuellement comment les civilisations anciennes se sont, par exemple, comme on dit maintenant, suicidées écologiquement. Et ça peut nous permettre d’éviter, éventuellement, de refaire les mêmes erreurs.
Delphine Aldebert
Toutes ces traces du passé et les gisements de connaissance qu’elles recèlent ne sont pas réservées aux scientifiques. Ils partageront leurs découvertes avec le public. Le collier de bronze, par exemple, devrait bientôt enrichir la collection du musée de Soissons.