Le lancer d'assiettes

04 juin 2006
01m 45s
Réf. 00803

Notice

Résumé :

Reportage à Tours-en-Vimeu où a eu lieu une compétition de lancer d'assiettes. Rencontre avec deux joueurs que séparent plusieurs générations et présentation des tactiques et techniques de jeu.

Type de média :
Date de diffusion :
04 juin 2006
Source :

Éclairage

Le jeu de l'assiette est un des jeux qui est véritablement d'origine picarde. Il mentionné pour la première fois dans les archives du département de l'Aisne en 1685 dans un document de procédure criminelle dans le village de Lerzy, près de Vervins. Il fut fort pratiqué au XXe siècle dans le Vimeu, dans les cours de café et a été remis au goût du jour et développé depuis 1989 à l'initiative de Guy Duflos d'Ercourt, village situé entre Gamaches et Abbeville.

Pratiquant au sein de l'association Chés joueux d'assiette du Vimeu vert, il fut le président fondateur du comité départemental du jeu d'assiette. C'est Thierry Sellier de Tours-en -Vimeu qui lui a succédé en 2001 pour devenir ensuite le président de la ligue de Picardie.

Le jeu de l'assiette nécessite une table lisse de 3m20 de longueur pour 52 cm de large et épaisse de 18 mm. Cette table en sapin faite de planches reliées sur sa face intérieure par quatre traverses, est posée sur deux tréteaux, l'un au niveau de la première traverse, l'autre au niveau de la troisième traverse pour donner de l'élasticité aux 40 derniers centimètres de la table. La hauteur de la table est de 75 cm.

Les assiettes sont des disques de bois très durs, bien secs (issus de hêtre, charme,cormier, pommier ou poirier) de 15 cm de diamètre et de 3 cm d'épaisseur ; elles pèsent environ 350 grammes. Pour être reconnaissables, elles sont munies au centre d'un petit trou ou d'une pastille peinte en noir ou encore d'une marque peinte sur la tranche. Il est possible de se procurer ces accessoires normalisés dans quelques menuiseries agrées par la fédération, comme à Miannay et à Ramburelles.

Les joueurs au nombre de deux en simple ou quatre en double, disposent de 14 assiettes.

Pour gagner la partie en simple, il faut comptabiliser 15 points et 21 points en double.

Pour débuter une partie, c'est le joueur qui place l'assiette la plus éloignée qui commence,

Les joueurs lancent alternativement leurs 7 assiettes et l'on comptabilise le nombre d'assiettes les plus éloignées sur la table et précédant celles de l'adversaire. La stratégie consiste à chasser de la table les assiettes de l'adversaire et conserver les siennes dessus. Le jeu demande de l'adresse et de l'intelligence.

Pendant le jeu, des expressions typiquement picardes sont utilisées :

- fouaire du bos : si un joueur n'a plus d'assiette sur la table son adversaire demande du bos : le joueur doit alors rejouer jusqu'à ce qu'il ait à nouveau une assiette sur la table.

- fouaire in beudet , signifie : "mettre une assiette à plat sur une autre concurrente ou en équilibre pour gêner l'adversaire"

- pitcher ou dépitcher inne assiette signifie : chasser une assiette en prenant sa place, qui a donné pitcheux ou dépitcheux à celui qui réussit à le réaliser.

En 2006, la Picardie comptait environ 200 joueurs à l'intérieur de 8 clubs.

Le jeu de l'assiette constitue une animation dynamique qui s'intègre parfaitement aux fêtes traditionnelles. Il est devenu au fil du temps incontournable et s'inscrit désormais dans les manifestations de défense et de promotion de la culture picarde comme le festival Ches Weppe ou encore les rencontres de la Hottoie à Amiens.

Pierre-Marie Macewko

Transcription

Maxime Ferrer
C’est un sport qui ne se pratique nulle part ailleurs. Hier, à Tours-en-Vimeu, une compétition rassemblait les meilleurs joueurs de la région du lancé d’assiette. Un jeu traditionnel qui existe depuis 1685 et dont les règles n’ont pas changé depuis. Deux joueurs lancent chacun à leur tour 7 galettes en bois sur une table. Pour marquer, il faut placer ses assiettes à l’extrémité. Un point par assiette, l’objectif étant d’arriver à 15 pour éliminer son adversaire. A 81 ans, Guy fait partie des meilleurs joueurs de la région. En 75 années de pratique, sa passion pour les assiettes est toujours restée la même.
Guy
Il n’y a jamais une partie pareille. On peut en faire 15, et ben, on se rend compte, des fois, dans des difficultés qu’on n’a jamais connues. L’essentiel, c’est de bien se placer au jeu, de ne pas mettre ses assiettes n’importe où. Il faut les placer dans un endroit bien précis, que l’adversaire, il soit gêné pour vous les faire tomber. Ou alors il faut laisser s’amonceler beaucoup d’assiettes sur la table et puis avoir une bonne frappe et tout dégager. Mais la force, je ne l’ai plus comme avant alors je préfère placer.
Maxime Ferrer
Face à la vieille école, on trouve des jeunes joueurs comme Aurélien. A tout juste 20 ans, il a déjà été sacré quintuple champion picard ou du monde de lancé d’assiette. Et pour gagner, Aurélien a sa botte secrète.
Aurélien
J’ai des coups spéciaux, oui. On dit toujours : « A tabac aux vaques » de côté, comme ça, j’ouvre mon bras, et le fait d’ouvrir son bras comme ça, on tape beaucoup plus fort. Et donc on accroche bien l’assiette comme ça. Tout le jeu explose. Et on peut si bien par en faire tomber 5-6, comme ça, en une fois.
Maxime Ferrer
Et ils ne sont pas loin de 200 joueurs à peaufiner leur technique dans région. 80 sont même licenciés dans l’un des 8 clubs de lancer d’assiettes. Une passion régionale qui rassemble toutes les générations.