Le nouvel aéroport de Lyon Satolas

11 avril 1975
02m 12s
Réf. 00326

Notice

Résumé :

Le 20 avril, l'aéroport de Lyon-Bron sera remplacé par celui de Satolas, bien plus important. Il sera un aéroport international. Cet énorme chantier de construction arrive t-il à point nommé alors que le secteur des transports aériens est en crise ?

Date de diffusion :
11 avril 1975
Source :
Antenne 2 (Collection: JA2 20H )
Personnalité(s) :

Éclairage

Le 12 avril 1975, le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, inaugure l'aéroport de Lyon Satolas. Il salue alors la naissance d'une « nouvelle étoile française » dans la « constellation des aéroports internationaux ». Une semaine plus tard, les premiers vols réguliers atterrissent sur la piste du nouvel équipement lyonnais.

La construction de ce dernier a été décidée à la fin des années 1960. L'aéroport de Bron, inauguré en 1910, apparaissait alors comme inadapté à l'évolution du trafic aérien : la piste de 2600 mètres de long était trop courte pour permettre l'accueil des appareils gros porteurs et l'extension du site, désormais en zone urbaine, était devenue impossible. Un site plus important (3000 hectares possibles au lieu des 500 hectares de Bron) fut donc choisi 15 kilomètres plus à l'est, au sein de la plaine de Satolas et à cheval sur les communes de Colombier-Saugnieu (pour la plus grande partie), Pusignan et Genas, entre autres. Le nouveau site devait permettre l'accroissement du trafic et de doter la région de liaisons aériennes permettant de conforter son développement économique. L'éloignement du centre de Lyon (25 km) était compensé par la proximité des grandes villes régionales grâce à la qualité du réseau routier et autoroutier (A 43 en direction de Chambéry, A 48 en direction de Grenoble, contournement autoroutier de Lyon par l'A46 permettant la connexion à l'A6 et l'A7). Le choix du site en zone rurale était également censé réduire l'impact des nuisances sonores auprès des populations. Malgré tout, l'inauguration donna lieu à quelques polémiques que ce soit autour du choix du nom de l'infrastructure, de la mise en place d'une liaison autoroutière payante avec Lyon, des nuisances sonores effectives auprès des riverains, ou sur les perspectives de croissance d'une structure inaugurée en période de crise économique.

Cet aménagement, qui a nécessité quatre années de travaux, a été l'œuvre de l'État. Au terme de ceux-ci, la gestion a été confiée à la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon (CCIL), puis, depuis 2007, à la Société des Aéroports de Lyon (dont le capital est réparti entre l'État (60 %), la CCIL (25 %), le Grand Lyon (5%), le Conseil général du Rhône (5%) et le Conseil régional de Rhône-Alpes (5%).

Depuis sa création en 1975, le trafic de l'aéroport n'a cessé d'augmenter : il est passé d'1,7 millions de passagers la première année à deux millions en 1977, 3 millions en 1988, 4 millions en 1993, 5 millions en 1998, 6 millions en l'an 2000, 7 millions en 2007. En 2010, la barre des 8 millions a presque été atteinte. Ainsi, malgré certaines « années noires » pour lesquelles l'évolution du trafic pu être négative du fait de problèmes conjoncturels (1984, 1991, 1997, 2002 ou 2009) l'évolution globale a donc été, depuis l'inauguration, globalement en hausse. Entre temps, Satolas s'est doté, en 1992 d'une deuxième piste d'atterrissage puis, en 1994, d'une gare TGV (dont l'architecture en forme d'oiseau est due à l'espagnol Santiago Calatrava). En 2000, il a été rebaptisé « aéroport de Lyon-Saint Exupéry » en hommage à l'aviateur et écrivain lyonnais dont on célébrait alors le centenaire.

L'aéroport est ainsi devenu la quatrième structure française après Paris-Charles de Gaulle (Roissy), Paris-Orly et Nice-Côte d'Azur. Son trafic est essentiellement européen (42 % des destinations en 2010) et national (32 % des destinations en 2010 malgré la très forte concurrence ferroviaire pour desservir Paris) mais souffre de lacunes à l'international comme le symbolise l'exemple de la ligne directe Lyon-New York, mise en place puis abandonnée à trois reprises entre les années 1980 et 2009. Le trafic de « Lyon-Saint Exupéry » semble toutefois bénéficier d'un important potentiel de développement : il dispose d'importantes réserves foncières (près de 900 hectares), des projets d'extension ambitionnent de permettre d'atteindre 15 millions de passagers en 2020, les liaisons low-cost s'y développent depuis la fin des années 2000. Par ailleurs, en 2010, la liaison de tramway-train Rhônexpress, permettant une liaison directe à la gare et au centre d'affaires de Lyon Part-Dieu en moins de 30 minutes a été mise en place.

Pour sa part l'aéroport de Bron s'est spécialisé dans les vols d'affaires et de loisirs. Il fait désormais partie de la structure « Aéroports de Lyon ». Il est devenu le troisième aéroport d'affaires français.

Nicolas Rocher

Transcription

Michel Le Ray
Le 20 avril au matin, l’aéroport de Lyon Bron appartiendra au passé. En quelques heures, tous les services seront déménagés. Administrations, navigations aériennes, frets, douanes, police. Aéroport international, Satolas reliera Lyon au monde entier. Satolas arrive-t-il au bon moment ? Le transport aérien est en crise, et on peut se poser la question.
Intervenant 1
Je ne pense pas qu’on fasse un aéroport pour 3 ans. Un aéroport, c’est un équipement qui est fait pour plusieurs années. Plusieurs dizaines d’années. Je crois que, euh , même encore maintenant, on ferait Satolas, on déciderait de le faire parce qu’il est un fait, c’est que Bron ne permet pas de faire face au trafic au-delà des années 80, 85.
Journaliste
La construction de Satolas permet de l’agrandir selon les besoins. Il suffit d’augmenter le nombre des modules où sont parqués les avions. Dans le domaine du trafic aérien, Lyon apparaît comme une place privilégiée. Au cours du premier trimestre 75, 12% de croissance contre 5% à Paris et à Marseille.
Intervenant 2
Les services rendus à la clientèle qu’elle soit passagers ou marchandises, sont des services qui doivent se payer, que les transporteurs supporteront et que nous intégrerons dans nos prix de revient. Mais la qualité de ce service, il est évident, nécessite des investissements, donc une hausse de nos prix de revient.
Journaliste
Situé 10 kilomètres plus à l’est de l’ancien aéroport, Lyon Satolas ne craint pas trop la concurrence de Genève Cointrin. Il faut 3 heures 30 par la route pour se rendre de Lyon à Genève. Un point noir malgré tout, il n’a pas été prévu de liaison ferroviaire entre la ville et le nouvel aéroport. Satolas aura le triste privilège en Europe d’être le seul aéroport desservi par une autoroute payante. D’autre part, les élus des communes riveraines ont décidé de ne pas assister le 12 avril à l’escale inaugurale du Président de la République. Ils demandent l’interdiction des vols entre 22 heures et 7 heures, estimant que 300000 personnes sont menacées par les nuisances des avions gros porteurs.