La société Cap Gemini à Meylan

Fondée en 1967 à Grenoble sous le nom de Sogeti, Cap Gemini est en 1986 un des rares exemples de société en conseil informatique, issue à l'origine du potentiel informatique grenoblois, qui ait acquis un statut de firme internationale. Cette difficulté à passer du stade de la petite société innovante (on ne dit pas encore « startup ») à la PME, et à fortiori à la grande entreprise, est une des faiblesses structurelles du pôle scientifique et industriel local. La réussite de Cap Gemini n'en est donc que plus intéressante. Elle est largement construite autour de la personnalité de Serge Kampf. Né en 1934 à Grenoble, il est ingénieur commercial de la société Bull quand il démissionne pour rejoindre Sogeti, une petite société de service informatique récemment fondée par d'autres transfuges de Bull. Dédiée initialement au conseil de gestion et au conseil technique en informatique, la société s'est développée grâce à une active politique de croissance externe par fusions ou absorptions (les sociétés CAP et Gemini sont ainsi absorbées en 1974 pour créer Cap Gemini Sogeti, d'où le nom actuel, mais ce n'est qu'un épisode d'une histoire complexe). En 1990, à la date du reportage, la firme a fait le choix de se lancer dans un vaste programme d'expansion internationale. Après avoir souligné le rôle de la dimension régionale de la firme, le journaliste s'interroge donc sur la capacité de l'entreprise à conserver un ancrage régional et résister à l'attrait du rachat par un groupe multinational. Les années suivantes apporteront une réponse ambiguë. Le début des années 1990 est difficile, puis l'entreprise parvient à s'imposer comme une des toutes premières firmes mondiales de services aux entreprises. Elle est désormais spécialisée à la fois dans le conseil en management (notamment grâce à l'acquisition de la branche Consulting du cabinet américain Ernst & Young, alors prestigieux), dans l'infogérance (la gestion des services externalisés des entreprises) et le service informatique. Cap Gemini n'a pas été absorbée par une firme plus importante ni n'a été vendue par son actionnaire historique pour réaliser une plus value boursière comme cela a été le cas de nombre de société de services du même type. La société a ainsi conservé une autonomie stratégique et de forts liens avec la France. Par contre, elle est devenue elle-même une firme multinationale. Ses racines régionales, sans avoir disparues, ne sont donc plus qu'un élément d'un vaste ensemble d'envergure mondiale.