Aquaculture : une filière en expansion
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Résumé
L’entreprise d’aquaculture les « Poissons du soleil », installée à Balaruc-les-Bains, fait naître chaque année 100 millions d’alevins de loups et de daurades. Cette production est expédiée par bateaux-viviers dans dix-sept pays. Les poissons y grossiront dans des fermes d’élevage et une grande partie reviendra sur les marchés français.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
14 juin 2018
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Contexte historique
ParBiologiste Marin, Ostréiculteur
L’un des leaders français de l’aquaculture de poissons marins, Les Poissons du Soleil, est installé depuis 40 ans à Balaruc-les-Bains, sur les bords de l’étang de Thau. Tout a commencé lorsque Gilbert Barnabé et François René, de la Station biologique de Sète (Université de Montpellier), ont maîtrisé la reproduction du loup (Dicentrarchus labrax) en 1972 et de la dorade (Sparus aurata) en 1973.
En 1974, la station de recherche France Aquaculture (filiale du CNEXO, actuellement IFREMER) est installée à Palavas-les-Flots pour accompagner le développement de l’aquaculture marine méditerranéenne et mondiale. Depuis cette époque, la plateforme expérimentale IFREMER de Palavas est devenue la plus grande plateforme de recherche française et la troisième d’Europe pour la recherche en aquaculture.
S’appuyant sur ces résultats, un ostréiculteur, Georges Balma, crée Les Poissons du Soleil en 1975, pour produire du loup et de la dorade grâce aux eaux chaudes naturelles de Balaruc-les-Bains. Pour se démarquer de la concurrence des pays du pourtour méditerranéen, dont la production de loups et de dorades se développe rapidement, la société se concentre sur son écloserie et la production d’alevins. Première écloserie méditerranéenne, elle produit et exporte actuellement une grande part des alevins de loup, dorade royale et maigre pour alimenter les cages d’élevage de la plupart des fermes de production du pourtour méditerranéen. Comme l’expliquent Gilles Maingon, responsable de production et Philippe Balma qui dirige l’entreprise, grâce à une étroite collaboration avec la recherche scientifique, il est désormais possible de produire des alevins toute l’année en jouant sur les conditions environnementales (lumière et température) et hormonales.
Les Poissons du Soleil (loup, dorade, maigre) et la Ferme Marine du Douhet (crevette, bar, maigre, dorade) sont regroupés au sein des Fermes Marines du Soleil devenues en 2003 une filiale du groupe Aqualande, leader européen de l’aquaculture. L’installation en mer de cages de grossissement étant devenue difficile à cause de la rareté des sites disponibles, des réglementations environnementales strictes et de la concurrence d’autres activités littorales, notamment le tourisme, l’aquaculture de production n’a pu se développer sur nos côtes, contrairement à d’autres pays du pourtour méditerranéen (Grèce, Italie, Espagne, Tunisie …), limitant la production à environ 5 700 tonnes (24 millions d’euros). La Grèce produit 63 000 tonnes de poissons (329 millions d’euros) dont 20% sont exportés vers la France.
Cependant, grâce à ses techniques de pointe, la France est devenue le premier exportateur européen d’alevins. En 2015, l’entreprise des Poissons du Soleil a installé une unité moderne de prégrossissement d’alevins en circuit fermé, au bord de l’eau, dans l’enceinte du port de Frontignan, avec un appontement permettant de charger des bateaux « piscines » afin de pouvoir livrer les fermes de grossissement directement dans leurs cages. Les expéditions se font également par camions citernes spécialement aménagés.
D’autres formes d’aquaculture se sont développées dans le département de l’Hérault : en 2016, François René (retraité de l’IFREMER) a installé une unité d’élevage d’esturgeons sur le Verdus, près de Saint-Guilhem-le-Désert, pour commercialiser du caviar. Ce dernier est prélevé sur les femelles par césarienne, à pleine maturité, permettant ainsi aux esturgeons de produire tous les deux ans tout au long de leur vie qui peut atteindre plus de 50 ans. L’algoculture ou culture des algues marines, est obtenue grâce à la mise en place de photobioréacteurs qui permettent de récolter de façon contrôlée et en continu du phytoplancton (algues unicellulaires). Deux sociétés, Greensea créée en 2005 à Mèze et Microphyt créée en 2007 à Baillargues, produisent principalement pour les cosmétiques et le bien-être.
En 2009 la Commission européenne a invité les états membres à mettre en place une planification de l’espace littoral tenant pleinement compte de l’importance stratégique de l’aquaculture. Depuis 2010, les préfets des régions littorales doivent élaborer des schémas régionaux de développement de l’aquaculture marine. Ce schéma régional a été publié en 2014. Mais les oppositions des riverains et usagers de l’espace littoral n’ont pas permis un développement significatif de l’aquaculture sur nos côtes.
Bibliographie
- La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture (résumé), Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture [en ligne] (Mise à jour 2020). Site internet : https://www.fao.org/3/ca9231fr/CA9231FR.pdf
- Schéma régional de développement de l’aquaculture marine. Languedoc-Roussillon, Préfecture de la Région Languedoc-Roussillon [en ligne] (Mise à jour 08/2014). Site internet : https://www.dirm.mediterranee.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/SRDAM_LR_valide.pdf
- Gilbert Barnabé (dir.), Aquaculture Vol 1 - Vol 2, Lavoisier, collection « Tec et Doc »,1993.
Transcription
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Delphine Aldebert
Des questionnements d’autant plus importants que les Français mangent de plus en plus de produits de la mer, 34 kilos par an et par habitant, une aubaine pour l’aquaculture.L’un des leaders français est installé à Balaruc-les-Bains :les Poissons du Soleil, une société en pleine expansion qui a su surfer sur la raréfaction des ressources.Sa spécialité, les poissons de mer comme le bar ou la dorade.Anne-Sophie Mandrou et Daniel de Barros.
Anne-Sophie Mandrou
Des poissons par milliers, nés ici, sur les bords de l’étang de Thau, chez l’un des pionniers de l’aquaculture.Depuis plus de quarante ans, cette ferme marine fait naître des loups et des dorades qui finiront dans nos assiettes.Et tout commence derrière ces grands rideaux noirs, sorte de chambre nuptiale.
Gilles Maingon
Dans le milieu naturel, le loup se reproduit à la fin de l’hiver qui correspond à la remontée, en cette période, à la remontée de la température.C’est des conditions qu’on va recréer artificiellement dans les bassins en jouant sur la température et la lumière pour pouvoir obtenir les œufs à la période souhaitée.
Anne-Sophie Mandrou
Ici, on triche avec le calendrier et les éléments naturels pour obtenir des œufs toute l’année.Puis, petit poisson va devenir grand rapidement en 60 jours dans ces bassins alimentés par l’eau de l’étang.Avant d’être triés avec ces sortes de casiers passoires et vérifiés un par un, un travail de titan.La ferme fait naître 100 millions d’alevins par an.
Philippe Balma
Ils ont là la taille adéquate pour pouvoir être transportés par camions.Donc on opère un dernier tri taille pour séparer les petits et les gros.Et après, nous pouvons les expédier.
Anne-Sophie Mandrou
Direction Frontignan pour le grand voyage.La ferme exporte la quasi-totalité de sa production dans 17 pays, ce camion va partir en Croatie mais il a fallu imaginer aussi une autre solution.
Philippe Balma
Nous avons mis au point un système de transport par bateaux viviers, donc en équipant des bateaux de cuves et de système de renouvellement d’eau et d’oxygène,permettant de transporter des grosses quantités de poissons directement de nos bâtiments d’exploitation sur les cages en pleine mer de nos clients.
Anne-Sophie Mandrou
Des alevins qui vont aller grossir en cage à des milliers de kilomètres.Un non-sens écologique et une pratique taboue entachée par la mauvaise image des élevages de saumons dans les pays nordiques.Pourtant, un poisson sur deux que l’on mange vient de l’élevage et souvent sans qu’on le sache.
Philippe Balma
Le poisson né ici, part à l’étranger et revient sur nos marchés, d’Italie, de Croatie, d’Espagne, voire de Grèce ou de Turquie.
Anne-Sophie Mandrou
C’est une aberration !
Philippe Balma
C’est assez aberrant oui.Il faudrait donc que les éleveurs puissent se développer et au moins pouvoir fournir aux consommateurs français le poisson d’élevage qu’ils demandent.
Anne-Sophie Mandrou
Et le marché est énorme.5 000 tonnes produites en France pour 15 000 consommées, les Poissons du Soleil eux grossissent de 10 % par an et savent qu’il y a encore de sacrées perspectives.