La Villa Méditerranée a été voulue par le Conseil régional de PACA et, particulièrement, par son président Michel Vauzelle. Financée entièrement par la région pour un coût de 70 millions d’euros, c’est une réalisation de prestige, à côté du MuCEM avec lequel elle semble chercher à rivaliser, ce qui est sans doute dommage pour ce bâtiment audacieux qui aurait mérité un emplacement moins écrasant. Tout laisse supposer que la Région a voulu marquer son territoire - la Méditerranée - à côté d’un musée d’origine étatique. C’est en tout cas ce que Michel Vauzelle a laissé entendre lorsqu’il déclare que celui-ci est tourné vers le passé et celle-là, vers l’avenir.
Entouré d’eau, le bâtiment, choisi sur concours en 2004 et réalisé sur l’esplanade du J4 à partir de 2010 par un architecte italien, le Milanais Stefano Boeri, plonge 8 mètres sous la mer en même temps qu’il se tourne vers la Méditerranée avec son spectaculaire porte-à-faux culminant à près de 20 mètres du sol sur 40 mètres de longueur. Le bâtiment est conçu pour abriter des expositions, à la fois de façon permanente dans son sous-sol avec deux parcours, et de façon temporaire dans sa partie supérieure. Mais il doit aussi servir de cadre à des rencontres inter-méditerranéennes, ce qui constitue un pari.
En tout cas, c’est la raison pour laquelle son inauguration a lieu le 7 avril à l’occasion du « Sommet des Présidents des parlements de l’Union pour la Méditerranée », alors que son ouverture au public n’est prévue que le 14 juin, une fois que ses deux parcours pérennes - « Plus loin que l’horizon » et « Echelles des temps » - et ses expositions temporaires seront prêts.
Ce sommet des présidents des parlements méditerranéens fait suite au 3e Forum des Autorités locales et régionales de la Méditerranée (FALRM) qui s’est tenu à la Villa Méditerranée du 3 au 4 avril et au Forum de la Fondation Anna Lindh, réuni du 4 au 7 avril au Palais du Pharo. Les présidents des Parlements de l’Union pour la Méditerranée reçurent les propositions retenues par les deux Forums et firent ensuite des recommandations aux divers gouvernements de l'Union pour la Méditerranée. Le côté formel et protocolaire de ces grandes réunions ou institutions n’échappe à personne et, comme on peut s’en rendre compte dans les interviews, les propos sont assez convenus et relèvent de généralités diplomatiques. Cependant, ces initiatives témoignent des efforts de rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée qui sont portés de façon volontariste, tant par l’Union européenne que par le Conseil régional de PACA. Ainsi de la Fondation Anna Lindh, du nom de la ministre des Affaires étrangères suédoise poignardée par un déséquilibré en 2003, qui a été créée par l'Union européenne et les pays du pourtour méditerranéen pour encourager les contacts, en particulier culturels et politiques, entre des pays que bien des différends séparent ou opposent. L’autre nom de cette fondation - Fondation euro-méditerranéenne pour le dialogue entre les cultures - l’indique bien.
Le sommet du 7 avril est d’autant plus important pour Michel Vauzelle qu’il aimerait profiter des circonstances - on se trouve au lendemain des « printemps arabes » - pour relancer l’Union pour la Méditerranée dont le premier sommet s’était tenu à Marseille en novembre 2008 (voir le document Le premier sommet de l'Union pour la Méditerranée à Marseille) et qui était alors en panne depuis plusieurs années. Il avait exprimé ses ambitions dans une tribune publiée par le journal Le Monde, le 9 avril 2011, et intitulée « L’échec de l’Union pour la Méditerranée peut servir à inventer d’autres coopérations. N’érigeons pas des murs entre Nord et Sud ». C’est ce qu’il signifie aussi en déclarant que « la Villa Méditerranée est née de la volonté de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur de contribuer à la construction d’une communauté de destin entre les peuples de la Méditerranée. Lieu de rencontre et d’ouverture, elle contribuera, par l’échange et le dialogue, à bâtir la Méditerranée de demain : une Méditerranée fraternelle, porteuse d’espoir, de solidarité et de paix ». En contrepoint de son souhait d’une Méditerranée se dirigeant vers « la paix et la prospérité », on remarquera dans son interview les allusions qu’il fait à la guerre civile qui ensanglante la Syrie et à la menace terroriste au Sahara. La situation en 2013 n’était alors pas encore aussi dramatique qu’elle allait le devenir, jetant à travers la mer ou les voies terrestres des dizaines de milliers de déracinés, chassés d’un côté et souvent mal accueillis de l’autre.