Discours à Washington

25 avril 1960
02m 09s
Réf. 00058

Notice

Résumé :

A l'occasion d'un voyage officiel aux Etats-Unis, le Président français est reçu à Washington au Capitole, par les membres de la Chambre des Représentants et du Sénat. Il prononce un discours dans lequel il célèbre l'amitié et la coopération franco-américaines, tout en rappellant les dangers d'affrontement qui menacent la communauté internationale.

Type de média :
Date de diffusion :
26 avril 1960
Date d'événement :
25 avril 1960

Éclairage

En avril 1960, de Gaulle effectue une visite officielle à travers les Etats-Unis, notamment en vue de la préparation du sommet de Paris le mois suivant, où les " quatre grands " (France, USA, URSS, Grande-Bretagne) doivent se rencontrer pour évoquer le désarmement et le problème allemand. Activement désirée par le général de Gaulle, qui a mis 18 mois à l'organiser, cette " réunion internationale où le sort de l'humanité peut s'orienter " témoigne de la politique d'indépendance de la France face aux deux grands blocs qui dominent le monde.

Accueilli à l'aéroport de Washington par le président Eisenhower - vieux compagnon d'armes du Général avec qui il partage une grande amitié malgré de sévères divergences politiques - de Gaulle prend la parole le 25 avril au Capitole, devant les membres de la Chambre des Représentants et du Sénat des Etats-Unis. Dans ce discours - dont le document n'est qu'un extrait - il déclare que la France " a choisi d'être du côté des peuples libres ", c'est-à-dire du côté de l'Amérique. Néanmoins, il réaffirme ses velléités d'indépendance, notamment face à l'OTAN, dont il refuse qu'elle soit " le parapluie nucléaire " de la France.

Quelques jours à peine après ce discours, un avion-espion américain U2 est abattu alors qu'il survole l'URSS, ce qui offrira à Khrouchtchev le prétexte pour quitter (et ainsi faire échouer) le sommet de Paris ; de Gaulle, soutenant pleinement les Américains dans cette affaire, ne lui pardonnera pas cet affront.

Aude Vassallo

Transcription

Charles de Gaulle
[Mais] mon voyage a lieu à la veille d'une réunion internationale où le destin de l'humanité peut s'orienter ou bien vers le malheur ou bien vers la paix. C'est dire quelle importance j'attache aux entretiens que je viens d'avoir avec le président et le gouvernement des Etats-Unis. Ainsi Messieurs les sénateurs et Messieurs les représentants, au contact que j'ai avec vous-mêmes au Capitole de Washington, je ne crois pas en effet que, à aucune époque, l'espèce humaine ait été aussi menacée : la machine a pris le pouvoir sur la terre. Elle y a lancé un progrès matériel immense mais, en même temps, elle a provoqué l'apparition de deux systèmes apparemment inconciliables et qui prétendent, chacun de son côté, définir la seule manière valable de transformer la société. La France, pour sa part, a choisi : elle a choisi d'être du côté des peuples libres, elle a choisi d'y être avec vous. Mais Américains, dans la très grave partie qui s'engage, sachez-le : rien ne compte davantage pour la France que la raison, la résolution et l'amitié du grand peuple des Etats-Unis. Je suis venu vous le dire.