Allocution du 6 avril 1962

06 avril 1962
06m 49s
Réf. 00077

Notice

Résumé :

Deux jours avant le référendum sur l'Algérie, le général de Gaulle s'adresse de nouveau aux Français pour les exhorter à voter "oui", et ainsi donner au chef de l'Etat les pouvoirs nécessaires à la mise en oeuvre des accords d'Evian, signés le 19 mars 1962.

Type de média :
Date de diffusion :
06 avril 1962
Type de parole :

Éclairage

Le 19 mars 1962, le cessez-le-feu entre en vigueur, marquant la fin de la guerre d'Algérie et l'issue de huit années de combats qui ont mis la France et l'Algérie à feu et à sang, provoqué des combats sans merci, profondément divisé les Français et les Européens d'Algérie, entraîné une profonde fracture au sein de l'armée. En apparence, les Accords d'Evian instituent le régime d'une République algérienne associée à la France qu'avait prévu le général de Gaulle. En réalité, pressé de mettre fin aux combats et de tourner la page, le Chef de l'Etat a fini par accorder au FLN ce qu'il demandait : sa reconnaissance comme unique interlocuteur des Français, le caractère algérien du Sahara, le cessez-le-feu après la signature des accords, la France n'obtenant que des garanties précaires, limitées dans le temps, pour ses nationaux, des bases militaires, le maintien de l'Algérie dans la zone franc.

Encore faut-il que ces accords soient ratifiés par les Français avant que le scrutin d'autodétermination ait lieu en Algérie. Aussi de Gaulle a-t-il prévu qu'un référendum serait organisé à cette fin en métropole le 8 avril. Deux jours auparavant, il adresse donc une allocution au corps électoral pour l'inciter à voter "oui". N'ayant guère besoin de convaincre une opinion dont l'immense majorité est lasse de la guerre d'Algérie et résolue à en finir, cette allocution évoque moins le contenu des accords qu'il s'agit de ratifier ,et dont le Général n'est sans doute pas persuadé de leur pérennité, qu'il ne constitue un éloge de la pratique référendaire qui lui apparaît comme la procédure démocratique par excellence.

Serge Berstein

Transcription

Charles de Gaulle
Dimanche va s'accomplir en France un événement d'une immense portée. Tout Français en sera personnellement l'artisan, si comme je le lui demande, il vote "Oui" au référendum. Car la très grave question algérienne sera tranchée au fond, et le sera par la Nation elle-même, Ainsi pourra trouver enfin sa solution humaine et raisonnable un problème qui, restant posé depuis cent trente deux ans, a entraîné pour l'Algérie, à côté de réalisations qui lui furent souvent favorables, des drames périodiquement renouvelés et dont le dernier en date fut le plus douloureux de tous, tandis que l'unité de la Nation française, son action internationale, les conditions de sa défense, ses possibilités économiques, sociales et financières en étaient finalement altérées. Ainsi pourront s'établir dans la paix et dans l'association, c'est-à-dire conformément au bon sens et à l'amitié, les rapports nouveaux de l'Algérie et de la France. Déjà, par le référendum, nous avons en quatre années réalisé trois changements capitaux qui jusqu'alors n'avaient pu aboutir, malgré d'innombrables épreuves et d'interminables débats.