L'Ecole des femmes mise en scène par Jean-Paul Roussillon à la Comédie-Française
Notice
Alternance entre une interview de Jean-Paul Roussillon, qui revendique une attention particulière au propos sérieux de la pièce et explique son choix d'un décor tournant, et deux extraits du spectacle, la scène 5 de l'acte II entre Agnès (Isabelle Adjani) et Arnolphe (Michel Aumont) et le monologue d'Arnolphe (Pierre Dux) à la scène 1 de l'acte IV.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris > Comédie-Française
Éclairage
L'Ecole des femmes est créée en 1662 par la troupe de Molière, rencontrant d'emblée un immense succès et provoquant le premier grand scandale de la carrière du dramaturge. En effet, bien qu'elle emprunte à une nouvelle de Scarron (La Précaution inutile, 1655) et reprenne plusieurs motifs de L'Ecole des maris (1661), la pièce présente une audace et une liberté de ton à l'égard de la religion et du sexe qui choque les spectateurs les plus puritains : les dames s'offusquent notamment des sous-entendus obscènes de la fameuse scène du « le » (acte II, scène 5), et les rivaux de Molière en profitent pour monter une cabale contre lui, cabale qui s'intensifie encore l'année suivante avec la création de La Critique de l'Ecole des femmes, où le dramaturge se défend contre les attaques. Mais le Roi, en acceptant de devenir le parrain de son fils, manifeste son soutien envers Molière, mettant fin à la polémique au bout d'une année de publications rageuses.
La mise en scène de L'Ecole des femmes proposée par Jean-Paul Roussillon à la Comédie-Française en 1973 s'intéresse plutôt à la gravité des enjeux de la pièce qu'à la gaieté suggérée par ses effets comiques : le spectacle est sombre, violent et tragicomique, plus porté sur l'humour noir que sur le burlesque. Il révèle au grand public la jeune Isabelle Adjani, âgée comme Agnès de seize ans, et applaudie par la critique pour son naturel et son émotion. Le rôle d'Arnolphe est assumé en alternance par Pierre Dux et Michel Aumont, qui donnent à voir deux facettes complémentaires du barbon : tandis que le premier apparaît comme un homme aveuglé par la passion, où subsistent encore quelques instants de ridicule tendresse, le second est davantage un monstre froid, plus jeune et plus fanatique.