Le voyage du général de Gaulle et les manifestations européennes et musulmanes, décembre 1960
Notice
Compte-rendu du voyage officiel effectué par le général de Gaulle en décembre 1960 dans plusieurs villes algériennes et des manifestations européennes et musulmanes qui émaillent son parcours. Pendant ce temps, des émeutes ont lieu à Alger.
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Éclairage
Les annonces politiques du président de la République se sont précisées à l'automne 1960, levant ainsi toute ambiguïté. Le 4 novembre, le général de Gaulle évoque sans détours une « République algérienne qui existera un jour ». Les partisans, civils comme militaires, de l'Algérie française sont absolument furieux. C'est dans ce contexte qu'il entreprend un nouveau voyage sur le territoire algérien début décembre. Entre temps, il publie un communiqué annonçant une consultation du pays par référendum et nomme Louis Joxe le 22 novembre à la tête d'un nouveau ministère : celui des Affaires algériennes, qui permettra, sans l'intermédiaire du Premier ministre, de conduire les négociations et de relayer la politique du président de la République. Lorsque tous deux débarquent à Aïn Temouchent le 9 décembre 1960, ils sont accueillis par des Algériens armés de banderoles scandant « Vive De Gaulle ! » tandis que des Européens en colère clament « Algérie française ! ». Comme on peut le constater grâce à ce long sujet des Actualités françaises, qui parle avec gravité d' « une Algérie déchirée », les mêmes communautés divisées se trouveront sur le parcours présidentiel organisé dans de nombreuses villes algériennes comme Tlemcen, Blida, Cherchell ou Orléansville (Chlef). Le voyage officiel, prévu du 9 au 14 décembre, évite les grandes villes les plus dangereuses, au premier rang desquelles Alger et Oran en proie aux violences et à l'émeute.
En effet, dès le 9 décembre, à Alger, le FAF (Front Algérie française. Un mouvement anti-indépendance) a ordonné une grève générale, très suivie par la population européenne. En son sein, de jeunes manifestants affrontent les CRS puis les militaires et les heurts dégénèrent encore le lendemain.
Le 11 décembre 1960, c'est au tour des Algériens de manifester massivement en brandissant leur drapeau. Les parachutistes appelés en renfort des CRS s'opposent. Les violences gagnent de nombreuses rues d'Alger. Un Européen est tué. Les CRS chargés du maintien de l'ordre sont vite débordés et l'affrontement entre communautés est très brutal dans le centre ou dans le quartier de Bab El Oued. Les Européens tirent sur les manifestants algériens, puis ces derniers sont visés par les militaires place du gouvernement général. Oran bascule également dans la violence entre Français d'Algérie et Algériens, et ce jusqu'au 13 décembre. Le bilan final est lourd : 120 morts dont 112 musulmans et de très nombreux blessés.