Une villa gallo romaine à Athies
Notice
Roger Agache, spécialiste du repérage des sites archéologiques par voie aérienne, nous emmène sur le site d'une villa gallo romaine repérée à Athies dans la Somme. Un sous-sol a particulièrement été restauré, son décor est remarquable. Au centre de la pièce il y a un bloc de pierre qui prouve une activité industrielle. Sur maquette, Roger Agache nous montre l'organisation de cette villa.
Éclairage
La villa d'Athies a été prospectée en 1961 par Maurice Guillemain, avant qu'elle ne fasse l'objet de survols aériens par Roger Agache en 1966. M. Guillemain et la Société Archéologique de la région de Péronne y ont fait des fouilles en 1966-1976. Située sur le rebord du plateau loessique qui domine la vallée de l'Omignon, elle est matérialisée au sol par de nombreux fragments de tuiles, des tessons de céramique et des monnaies d'Auguste, de Néron et d'Hadrien et un denier de Septime Sévère. Les traces de murs apparentes à la surface du sol après les labours et les photographies aériennes ont permis d'en dresser le plan général. Recoupée par l'ancienne route d'Athies à Ham par Guizancourt, elle affecte la forme d'un quadrilatère (environ 400 x 150 m), orienté du nord au sud. Le bâtiment principal, qui se situe du côté nord, présente un corps central (54 x 13 m) encadré par deux ailes latérales (13 x 18 m). Il est isolé des bâtiments d'exploitation par une grande cour dont on distingue très bien le mur de clôture et l'entrée.
Les fouilles ont porté essentiellement sur le bâtiment principal, dont les murs ont été longés par des tranchées (de 0,50 m de large). A l'est, une cave divisée en deux parties a été fouillée. Ses murs sont construits en moellons calcaires de petit appareil soigneusement ajustés. A mi-hauteur, deux chaînages composés de deux rangées de carreaux en argile cuite posés à plat, sont séparés par trois rangées de moellons. Les murs, côté nord et ouest, présentent quatre niches semi-circulaires voûtées portant des chaînages de carreaux en deux ou trois rangs mais aussi, ce qui en fait l'originalité, des briques posées obliquement pour former des “ V ” droits ou renversés. Les moellons entre les chaînages sont posés en losange et donnent à l'ensemble un aspect décoratif. Un grand soupirail monobloc s'ouvre sur le mur sud. Son comblement indique un violent incendie (argile et blocs de craie rubéfiés, amas de cendres). Son comblement a livré des moellons de toutes tailles, des pierres provenant des voûtes, un tronçon de colonne, un fragment de chapiteau, une tablette en calcaire (de 1,20 m x 0,20 m), un fragment de carreau en calcaire décoré, des fragments d'enduits peints rose et rouge avec filets bruns.
Parallèlement à la fouille, l'activité a été consacrée à l'aménagement et à la préservation du site qui a cependant dû être réenfoui en 1985 en raison des dégradations dues au climat.
L'établissement à vocation agricole d'Athies est caractéristique des quelques 900 sites de ce type répertoriés dans le département de la Somme. Une bonne partie d'entre eux sont juxtaposés ou superposés à des fermes gauloises. Mis à part quelques rares plans de type "méditerranéen", ils sont tous organisés selon un schéma type. Une pars urbana (espace de vie du maître), pouvant couvrir des superficies comprises entre 0,5 et 1,5 ha, domine une pars rustica (espace de production), vaste cour rectangulaire ou trapézoïdale de 100 à 500 m de long, autour de laquelle se répartissent, à intervalles plus ou moins réguliers, l'habitation du vilicus, les logements des ouvriers, les dépendances agricoles et artisanales. Ces deux espaces sont fréquemment séparés par un mur de clôture qui peut comporter une tour au-dessus de l'entrée axiale.
Le bâtiment résidentiel le plus fréquent est réservé à l'habitat du maître. Une succession de salles est encadrée d'une ou deux galeries de façade pouvant être complétée par des pavillons d'angle saillants surmontant souvent une cave. Ce mode d'agencement témoigne d'une recherche de monumentalité perceptible dès la première moitié du Ier siècle de n.e. Les plus "romanisés" utilisent la pierre et la tuile et disposent de réelles installations de confort (bains par exemple) décorés de peintures murales.
Ces villae s'inscrivent le plus souvent dans des réseaux complexes de clôtures fossoyées, qui abritent parfois d'autres constructions plus périphériques.
Références bibliographiques :
Roger Agache, La Somme pré-romaine et romaine d'après les prospections aériennes à basse altitude, (M.S.A. Picardie, 24), 1978, 513 p.
D Bayard., J.-L. Collart (dir.). De la ferme indigène à la villa romaine : actes du IIe colloque Ager (23-25 sept. 1993), (n° spécial de R.A. Picardie, 11), 1996, 336 p.
Tahar Ben Redjeb. Carte archéologique de la Gaule. La Somme 80/2. Paris : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2012, p. 163-164.