Le Larzac, vingt ans de luttes
Notice
Résumé
Ce reportage retrace l'histoire du mouvement contestataire qu’a connu le plateau du Larzac, de son occupation dans les années 1970, portée par l'opposition à l'extension d'un camp militaire, aux années 1990. À Montredon, Alice Monier, monitrice agricole, témoigne de la démarche militante des fermiers qui s'y sont installés. José Bové, syndicaliste, souligne le développement d'une solidarité internationale entre luttes paysannes.
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Date de diffusion :
22 juin 1998
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Contexte historique
Par
« Gardarem lo Larzac ! » (Nous garderons le Larzac !), tel est le slogan scandé par les paysans du Larzac, subitement confrontés, en octobre 1970, à la menace d'une expropriation par l'Etat qui souhaite étendre le camp militaire existant sur leur plateau isolé. 103 éleveurs et leurs familles prêtent alors serment de refuser de quitter leurs fermes.
Les agriculteurs s'engagent dans une protestation non-violente qui, durant une décennie (1971-1981), mobilise autour d'eux un large et hétéroclite mouvement, dynamisé par les « comités Larzac » ayant essaimé dans toute la France et au-delà. En effet, les éleveurs ovins sont épaulés par un large mouvement de soutien national, mêlant militants de gauche et d'extrême gauche, pacifistes, écologistes et occitanistes. Leur emblème, la bannière frappée de la croix occitane, flotte au vent de ce qui devient le « Causse des causes » durant les grands rassemblements estivaux de 1973, 1974 et 1977.
Dix ans durant, ce combat du pot de terre contre le pot de fer sera jalonné d'actes de désobéissance civile, telle la construction de la bergerie de La Blaquière, sans permis de construire et avec l’argent du refus de l’impôt, symbolisant l’enracinement, afin de verrouiller symboliquement l’extension du camp militaire. Souvent spectaculaires, les actions et manifestations du Larzac ne se départissent jamais d’un humour désarmant face à l'adversaire militaire.
La victoire de 1981 ne signifie pas la fin de l'activisme de cette population renouvelée, bien au contraire. Durant les trois décennies qui suivent, le Larzac militant s'engage dans l'aménagement de son territoire et dans la gestion foncière collective des 6300 hectares de foncier acquis par l’Etat pour l’extension du camp. La nouvelle génération du Larzac s’investit pour le renouveau du plateau, comme l’expliquent dans les ruelles de Montredon Alice Monier et José Bové, installés en 1976. Montredon, hameau jadis destiné à devenir une cible de tirs militaires, s’égaye depuis 1990 chaque été de marchés paysans hebdomadaires. Investi dans le syndicalisme agricole alternatif, avec la création de la Confédération paysanne, José Bové contribue à tisser les liens de multiples solidarités internationales. Lutte sans cesse renouvelée, le Larzac s’érige là en bastion français du combat contre la globalisation libérale, brandissant la faux paysanne contre les OGM, brocardant la « malbouffe » et s'opposant encore à l'extraction des gaz de schiste dans son sous-sol. Près d'un demi-siècle après le début du mouvement, celui-ci demeure le mètre-étalon des mobilisations environnementales, et un certain « esprit Larzac » continue d’y souffler.
Transcription
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