Les manifestations de Montredon en 1976
Notice
Résumé
Sur les lieux de la manifestation des viticulteurs languedociens ruinés par l'importation des vins italiens, le leader André Cases est interviewé dix minutes avant une fusillade qui fera deux morts parmi les CRS et les manifestants. Des images des dégâts dans les perceptions de Narbonne et ses environs, mises à sac par les manifestants, illustrent la chronologie des événements.
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Date de diffusion :
04 mars 1976
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Contexte historique
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Le 4 mars 1976, peu après l’interview d’André Cases (appelé par erreur Maurice Cazes dans l’extrait) qui ouvre cette vidéo, une fusillade éclate entre d’une part les viticulteurs venus bloquer la route nationale et la voie ferrée à Montredon-des-Corbières (Aude), et d’autre part les CRS dépêchés sur les lieux. Au terme de près d’une demi-heure d’échanges de tirs, on compte une trentaine de blessés, dont certains très grièvement, et surtout deux morts : Émile Pouytès, vigneron audois, et Joël Le Goff, commandant de CRS. Quelques jours plus tôt, le 1er mars, des viticulteurs languedociens s’en étaient pris aux chais des établissement Ramel, dans l’Ain, importateurs de vins italiens. L’arrestation le 3 mars de viticulteurs ayant pris part à cette action a entraîné une nuit de violences à Narbonne et le rassemblement du 4 à Montredon.
Mais le drame de Montredon est l’aboutissement tragique d’une crise et d’une série d’événements plus anciens. La viticulture languedocienne souffre d’une crise de mévente de sa production, quasi structurelle depuis le début du 20ème siècle. Et les années 1960-1970 ont été particulièrement difficiles pour les viticulteurs. Alors que la consommation de vin moyenne baisse en France et que le consommateur cherche des vins de meilleure qualité, la monoculture languedocienne tournée essentiellement vers la production de vins de consommation courante est par ailleurs confrontée à un autre problème. Le règlement viti-vinicole européen mis en place dans le cadre de la politique agricole commune en 1970 a libéralisé le marché du vin au sein de la Communauté économique européenne et exposé la viticulture du Languedoc à la concurrence des vins italiens, bien moins chers.
La défense des intérêts des viticulteurs a été longtemps assurée presqu’exclusivement par la Confédération générale des vignerons, créée après les manifestations de 1907. À partir du début des années 1960, une autre structure, semi-clandestine, s’est mise en place, particulièrement active dans la crise des années 1970. Il s’agit du Comité régional d’action viticole (CRAV), qui se tourne de plus en plus vers l’action directe.
Les années 1960 ont déjà été marquées par les actions contre l’importation de vins algériens. La pression ne fait que monter après 1970 et les organisations de viticulteurs bénéficient d’un fort soutien des élus locaux et de la population. Entre 1974 et 1975, les actions contre les négociants important des vins italiens se multiplient et les manifestations se font de plus en plus violentes dans l’Aude tandis que dans l’Hérault, le leader viticole local, Emmanuel Maffre-Baugé prône la non-violence, à l’image de ce qui se met alors en place sur le plateau du Larzac. Le 17 mars 1975, pendant qu’à Carcassonne, une manifestation voit des affrontements particulièrement rudes, à Montpellier, le prêtre et écrivain occitan Jean Larzac ouvre la cathédrale aux vignerons et une jonction se fait entre CRAV et militants occitanistes. En Corse, les affrontements d’Aléria, en août, préfigurent Montredon. Mais là où en Corse, les événements structurent le nationalisme, ceux de Montredon constituent plutôt un aboutissement tragique.
Si une convergence des luttes entre occitanisme et mouvement viticole a pu prendre forme à travers notamment la création dans l’Hérault en septembre 1975 du Mouvement d'Intervention viticole occitan (MIVOC) elle reste cependant superficielle. C’est que l’espace occitan est bien plus grand que le seul Midi viticole. Toutefois, ces événements s’inscrivent bien dans les questions sociétales qui agitent l’espace d’oc, mais aussi d’autres périphéries de l’État français (Bretagne, Corse, Pays basque…) à ce moment-là : crise de l’agriculture et des activités traditionnelles, priorité donnée à un développement touristique contrôlé par des capitaux extérieurs et qui profite peu aux régions, difficulté à vivre et à travailler au pays, pour reprendre un célèbre slogan.
Transcription
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