Claude Marti
Notice
Résumé
Le chanteur Claude Marti est interviewé à Couffoulens dans l'Aude, où il exerce son métier d'instituteur. Il évoque son refus de la violence économique qui oblige à l'exode rural, ferme les usines, pollue les mers. Il interprète ensuite sur une scène de village la chanson Montsegur, accompagné à la guitare par Gilles Cardon et à la contrebasse par Didier Capeille.
Langue :
Date de diffusion :
30 sept. 1977
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Contexte historique
Par
À l’orée des années 1960, une poignée de jeunes militants issus de la génération du baby boom cherche le médium idéal pour réveiller les consciences, affirmer que les Occitans doivent reprendre leur destin en main et mettre des mots sur ce qu’ils sont. Ce sera la chanson. Efficace, directe, transposable dans les manifestations et les meetings, accompagnée souvent d’une simple guitare, la chanson a déjà fait ses preuves outre-Atlantique avec les musiciens folk, et connaît un véritable renouveau en Catalogne, en France et dans toute l’Europe.
Le chanteur audois Claude Marti s’est déjà imposé comme la figure centrale de ce mouvement avant même la sortie de son premier long format. Eveilleur de conscience, porte-voix de tout un peuple, il mène sa carrière de chanteur en parallèle de son métier d’instituteur, tout en étant très impliqué dans l’occitanisme et les luttes viticoles des années 1970.
À cette époque, Claude Marti enchaîne nombre de concerts le week-end à travers toute la France, parfois en semaine, tout en continuant d’enseigner, deux activités qu’il considère comme indissociables et concourant du même mouvement.
« Mas perqué, perqué, m’an pas dit a l’escola, lo nom de mon païs ? » (« Mais pourquoi, pourquoi, ne m’ont-ils pas dit à l’école, le nom de mon pays ? »), chante-t-il en dans son premier disque long format sorti en 1972 via la maison de disques biterroise Ventadorn, Marti. Le thème lui est cher. Défaire le roman national cristallisé dans les manuels scolaires, tout en faisant le pont entre milieux universitaires et agricoles : Marti s’y emploie donc à temps plein, sans agent, sans grands moyens, sur les routes, avec tout son être. En atteste cet extrait datant de 1977, dans lequel on le voit partir jouer, accompagné par ses musiciens Gilles Cardon et Didier Capeille, dans ce que l’on suppose être une salle des fêtes d’un village de l’Aude.
Il y explique que la violence physique n’est pas la pire, car la violence sociale, l’exode des jeunes et la discrimination emportent tout sur leur passage.
L’extrait se termine par l’interprétation de la chanson Montsegur, tout un symbole. Montségur, pic rocheux logé dans les contreforts des Pyrénées, dernier bastion de l’hérésie cathare (deux cents hérétiques y seront jetés au bûcher en 1244), devient ici symbole d’une histoire qui se reconquiert d’abord, celui d’une liberté bafouée à travers les siècles ensuite, une liberté colonisée. Ainsi, le message est porté à l’universalisme : « Minoritats contra l’Empèri, indians de totas las colors, descolonizarem la tèrra : Montsegur, te dreiças pertot ! » (« Minorités contre l’Empire, indiens de toutes les couleurs, nous décoloniserons la Terre : Montségur, nous te dresseront partout ! »).
Les concerts de Marti avaient, dans les années 70, cette particularité de se terminer par un débat, permettant de discuter des thèmes évoqués dans chaque chanson. La musique n’en ressortait in fine que comme prétexte aux prises de paroles. Comme un aller-retour.
Claude Marti deviendra alors la locomotive de toute une génération de chanteuses et de chanteurs. De Patric, Frederic, Miquèla, Daumas, Jacmelina à Mans de Breish ou Peir-Andreu Delbeau, Marti trace la voie et montre que cela est possible. La chanson moderne peut dès lors se conjuguer à l’occitan. Mieux encore : à travers le geste musical, les Occitans peuvent désormais exprimer leurs joies, leurs souffrances et leurs révoltes.