Marie Rouanet
Notice
Résumé
Dans les rues de Béziers, Marie Rouanet évoque sa ville natale et la langue occitane, celle des vaincus, des pauvres et des aliénés. Elle illustre ses propos en contant, en occitan, un souvenir d'école. Puis, au milieu de batteries de volailles, elle interprète la chanson Los Uous. Sur les hauteurs de Béziers, l'artiste précise son engagement pour la langue et la culture occitanes, et les objectifs qu'elle se fixe pour l’avenir.
Langue :
Date de diffusion :
01 juil. 1976
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- 00082
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Contexte historique
Par
Si Marie Rouanet est aujourd'hui plus connue en tant qu’auteure pour ses romans et essais en français, elle est aussi une actrice importante du renouveau chansonnier occitan issu des années 60. La fameuse Nòva cançon occitana (nouvelle chanson occitane).
« Une langue pour la mémoire, une langue pour ton enfance » chante-elle au milieu des années 1970... Il faut dire que la transmission est un thème cher à cette Biterroise, qui fût aussi la femme du militant Yves Rouquette.
À travers ses livres, Marie Rouanet dessine l’image d’une amoureuse de son pays, l’Occitanie. De sa ville natale d’abord, du Languedoc ensuite. Le patrimoine y est vécu à dix milles lieues de toute mise sous cloche. Le thème de l’enfance y est omniprésent, celui de la foi aussi.
Marie Rouanet fait le choix de chanter en occitan, « la langue des vaincus, donc la langue des plus pauvres », avec la générosité qui la caractérise, non sans mélancolie.
En 1971, elle publie chez l'éditeur P.J. Oswald une anthologie, Occitanie 1970, les poètes de la décolonisation, qui fera date. Elle y compile notamment des textes d’auteurs occitans, des poèmes mais aussi des chansons. Et alerte l’opinion au sujet de l’avenir de la culture occitane. Elle refuse sa mort, et pointe surtout le rôle de l’école, outil de la colonisation s’il en est dans le déclin des langues et cultures de France. « Dans cette province asphyxiée qui ne crée plus, dont tous les créateurs fuient vers Paris, il est incroyable que des jeunes poètes ou chanteurs prennent la parole, en occitan, pour dire les vérités vitales. »
Dans cet extrait, on la voit à Béziers, dans les ruelles du centre-ville populaire, puis dans son école. Elle y parle de son enfance, de ces mots en langue d’oc, sanctionnés par sa maîtresse. On la retrouve ensuite au beau milieu d’un élevage de poules en batterie, où elle interprète sa chanson de circonstance Los Uòus. S’en dégage une profonde tristesse. Des animaux arrachés à leur environnement naturel, hors-sol, enfermés dans des boîtes ... Drame contemporain lié à l’essor de l’industrie, symbole d’une société cynique, malade, qui coupe les êtres de ce qu’ils sont : derrière cette image forte, entre les lignes, Marie Rouanet dévoile le sort que l’homme se réserve aussi à lui-même. « Lo bec copat, lo còl plumat : far l’uòu, manjar, far l’uòu, manjar. Sens rós, sens grelh, un cancèr mòl, vianda de mòrt pels òmes fòls » (« Le bec coupé, le coup plumé… Sans jaune, sans bourgeon, un cancer mou, viande de mort pour hommes fous »).
Ainsi se déroule tout le savoir-faire chansonnier de Marie Rouanet qui, à travers des images simples, dans l’ordinaire de notre société, en dessine habilement les grands enjeux. Les thèmes de ses chansons sont multiples et tendent à abolir les hiérarchies entre haute et basse cultures. On y croise ainsi aussi bien les troubadours que des Noëls du répertoire populaire occitan, des créations ou des airs du répertoire occitan. « Des chansons populaires traditionnelles à contenu social contestataire », précise Yves Rouquette dans son livre La Nouvelle chanson occitane paru en 1972 chez Privat.