Nux Vomica au festival Histoire d'Occitanie

Cette vidéo est extraite d’un reportage sur le grand concert de promotion de la diversité occitane, organisé à Castelnau-le-Lez près de Montpellier en 1995 par la Région Languedoc-Roussillon. Celle-ci avait été l’une des premières à créer une mission aux langues régionales au milieu des années 1980, qui lança plusieurs manifestations d’envergure, comme ce festival Histoires d’Occitanie, projet de « Woodstock occitan »  confié au journaliste spécialiste des musiques et cultures du monde Frank Tenaille. Pendant plusieurs heures se succèdent autour de l’écrivain Max Rouquette et du chanteur Claude Marti une centaine d’artistes venant de tout l’espace occitan.

Lors de ce grand concert, le passage du groupe niçois Nux Vomica crée l’événement. Nous sommes en 1995 et, afin de contextualiser, il est nécessaire de faire un petit retour quelques années en arrière. D’abord collectif artistique, Nux Vomica voit le jour au sein d’un hangar abandonné du quartier Saint-Roch, à Nice. Lieu dédié à l’expression totale et ouvert à tous, il devient le point névralgique d’une vie artistique foisonnante à la fin des années 1980. La rencontre avec l’artiste Ben est importante pour l’évolution du collectif, et donnera vie à des projets carnavalesques comme le char de la Ratapinhata. En prolongement, un autre projet voit le jour dans le hangar : la création du Carnaval Indépendant de Saint-Roch. C’est l’occasion de réinvestir, par cette fête populaire, un quartier trop longtemps oublié par les pouvoirs publics et les décisionnaires locaux de l’époque. C’est également une autre manière de vivre et fêter le carnaval, loin de la machine touristique et superficielle que propose la ville de Nice avec son carnaval dit « officiel ». Mais pour faire la fête, il faut avoir de la musique : aussi le collectif artistique évolue-t-il très vite en projet musical. Le groupe va ainsi accoucher d’un premier album de 2 titres, intitulé Libera Jacquou, qui dénonce d’une manière détournée et subversive le système politique imposé alors par l’ancien maire de la ville de Nice, Jacques Médecin qui, au moment de la sortie du disque, est en fuite en Uruguay. En cette même année 1995 sortira aussi le premier album du groupe, Nissa Independenta, un projet de 14 titres dont nous citerons, entre autres, les excellentes chansons St Roch quartier, Ragabalat, Capitan Nissa ou bien encore Catarina Segurana. C’est cette dernière qui se trouve dans l’extrait du concert de Castelnau-le-Lez.



Sur scène, nous reconnaissons l’une des toutes premières formations de Nux Vomica, avec la présence de Jean-Louis Ruf (tambourin), Louis Pastorelli et Vincent Calassi (chanteurs), Michèle et Thierry Lagalla (animateurs de scène et chanteurs). Louis Pastorelli se souvient que ces derniers amenaient une théâtralité propre au Carnaval, et que le groupe se trouvait à cette époque dans une recherche gestuelle et comportementale sur scène, en référence directe à cet imaginaire carnavalesque.



Quant à la chanson Catarina Segurana, elle a été écrite comme un hommage à la femme niçoise. Personnage légendaire du XVIe siècle, Catarina Segurana, petite lavandière, aurait participé activement à la résistance face à l’envahisseur français et ottoman qui tentait alors de s’emparer de Nice. Face à la tentative de récupération politique de ce symbole, Nux Vomica rappelle les valeurs qu’incarne l'héroïne niçoise sans en oublier ses origines populaires.


Pour conclure, l’extrait ici présenté témoigne d’une étape dans l’évolution du groupe Nux Vomica, et d’un état d’esprit lié à cette temporalité. Aujourd’hui le groupe est toujours très actif : 2019 marque notamment la sortie de son septième album, Manda ! Nissa mediteranèa, ainsi que d’un livre qui retrace l’histoire du groupe, Li aventuras de Nux Vomica.