Bleu Outre Mer, la Réunion : Séga devant maison créole

Cette vidéo tournée dans les années 50 nous donne à voir un séga. Les danseurs étant disposés autour d'une fontaine, les figures s'enchaînent en tournant autour de celle-ci dans le sens des aiguilles d'une montre. Les danseurs réalisent des figures dans lesquelles le mouvement rotatif du bassin est permanent. C'est ici l'exemple même de la créolisation des danses européennes. La logique d'organisation de la danse, son évolution dans l'espace et la réalisation successive des figures laisse voir un séga européanisé. L'instrumentarium et le jeu musical laissent à penser qu'il s'agit de pratiques musicales qui ont émergé entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle.

On est loin ici des descriptions du séga du XVIIIe siècle. Le séga à la Réunion dans les années 50 n'est plus cette danse réalisée par un couple qui s'élance au milieu d'un cercle, déroulant une dramaturgie au cours de laquelle les danseurs s'éloignent, se rapprochent, se tournent autour, se frôlent sans que jamais le contact soit établi. Donné devant un lieu historique tel que le musée Léon Dierx, le séga dans les années 50 a bien acquis ses lettres de noblesse et se donne à voir officiellement dans les grandes assemblées.

Le séga réunionnais se danse désormais en couple, face à face, le partenaire tenant la partenaire de la main gauche, tout en posant la main droite sur la taille ou l'omoplate de la danseuse. Ils s'acquittent des déplacements dans l'espace à l'aide de pas qui appartiennent cependant au corpus de danse initial. Les figures réalisées sont le cadencé, le roulé, le piqué, le terre à terre, le dos à dos, le chaloupé (descriptions de la danse séga des années 50 éditées dans un ouvrage intitulé Le séga réunionnais. Compères créoles. Juin 2015).