Discours à Saint-Louis du Sénégal

12 décembre 1959
01m 13s
Réf. 00337

Notice

Résumé :

A Saint-Louis du Sénégal, le général de Gaulle exhorte les pays africains à rester unis, et à rester étroitement liés à la France dans la Communauté.

Type de média :
Date de diffusion :
12 décembre 1959
Type de parole :

Éclairage

Les 11 et 12 décembre 1959 se tient à Saint- Louis du Sénégal la sixième session du Conseil exécutif de la Communauté rassemblant sous la présidence du Chef de l'Etat français les chefs de gouvernement des Etats membres et les ministres chargés des affaires communes (Affaires Etrangères, Armée, Finances et Affaires économiques, Justice, Education nationale, Travaux publics, Transports, Postes, Télégraphes et Téléphones). Toutefois, la réunion de cette instance apparaît comme le chant du cygne de la Communauté créée une année auparavant et qui était supposée réunir autour de la France onze Républiques de l'Afrique francophone et la République malgache. En effet, à peine la Communauté constituée, les chefs des gouvernements du Sénégal (Léopold Sédar Senghor) et du Soudan (Modibo Keita) annoncent leur intention d'unir leurs Etats dans une Fédération du Mali qui voit le jour à Dakar le 17 janvier 1959. En septembre 1959, les dirigeants du Mali réclament l'indépendance de leur Etat sans rupture avec la Communauté. Poussé par le président ivoirien Houphouët-Boigny, de Gaulle penche pour un refus. Mais ses conseillers et le Premier ministre Michel Debré lui font valoir que mieux vaut adapter la Communauté, source d'influence pour la France que de la voir éclater. C'est cette décision que de Gaulle annonce dans son allocution de Dakar.

Il y rappelle longuement les trois cents ans de présence du Sénégal dans l'ensemble français, source d' " innombrables liens " de tous ordres. Il reconnaît toutefois que ce passé commun ne saurait suffire, compte tenu des vastes transformations que le monde a connues du fait des deux guerres mondiales (et il évoque ainsi sans le nommer le mouvement de décolonisation). Aussi, en fonction du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qui a prévalu dans la création de la Communauté, annonce-t-il que la France accepte l'indépendance du Mali et son accession à la souveraineté internationale. Mais il souhaite ardemment que cette indépendance ne déchire pas les liens d'amitié, et surtout n'interdise pas la coopération, indispensable à tous les peuples dont aucun ne peut se passer des autres. Enfin, si le discours est une réponse aux demandes du Mali, il est clair qu'il s'adresse aussi aux autres pays de la Communauté, dont tous demanderont et obtiendront l'indépendance dans les jours et les semaines qui suivent.

La Communauté institutionnelle définie par le titre XII de la constitution de 1958 est devenue une communauté contractuelle à l'intérieur de laquelle des Etats indépendants passent avec la France des accords bilatéraux.

Serge Berstein

Transcription

Charles de Gaulle
Il faut que les Français, les Africains et les Malgaches restent étroitement ensemble. Il le faut à cause des hommes de ce grand continent qui veulent et qui méritent le progrès. Il le faut à cause de la France dont le concours implique des liens qui soient réciproques. Il le faut pour que nous puissions représenter et faire valoir dans le monde l'idéal qui nous est commun. Il le faut pour que nous soyons en mesure, s'il le fallait, de défendre ensemble nos terres contre ceux qui voudraient les prendre et nos âmes contre ceux qui voudraient les asservir.
(Applaudissements)
Charles de Gaulle
Et puis, il le faut pour que l'ensemble fraternel que nous sommes, et qui est un élément d'équilibre dans le monde et un exemple, que cet ensemble persiste.