Conférence de presse du 5 septembre 1960
Notice
Le général de Gaulle débute la conférence de presse du 5 septembre 1960 par une introduction sur la période agitée actuelle, agitation entretenue par certains dirigeants "totalitaires" et par quelques chefs de pays nouvellement indépendants. Il répond ensuite aux questions des journalistes, qui portent d'abord sur la décolonisation. Le général développe son idée de l'indépendance, mais dans la coopération avec la France. Il parle ensuite de l'Algérie : à nouveau il réaffirme le principe de l'autodétermination, refuse la rupture, condamne les attentats, appelle à l'arrêt des combats ; il insiste sur l'indépendance de la politique française en Algérie face aux ingérences de l'ONU. Sur la question de l'Europe, le général de Gaulle plaide pour une Europe des "réalités", c'est-à-dire des Etats. Il aborde ensuite diverses questions : sur le Sénégal, le Soudan et le Mali ; sur la position de la France au sein de l'OTAN ; sur la "fédération maghrébine" prônée par Bourguiba ; sur les relations franco-soviétiques et plus largement sur les relations Est-Ouest. Il conclut en se félicitant de la cohérence nationale en France, et lance la célèbre phrase : "Après vous, la pagaille ! ".
- Après vous, ce sera la pagaille !
- L'Europe, en dehors, au-dessus des Etats, c'est une chimère.
- Tant qu'on donne la parole au couteau, on ne peut pas parler politique !
- La rupture précipiterait l'Algérie dans un abîme de massacres, de misère et de désordre.
- L'émancipation des peuples est conforme tout à la fois au génie de notre pays et au but de nos grands colonisateurs.
- L'oeuvre colonisatrice qui a été accomplie par l'Occident européen, et en particulier par la France fut belle, fut grande, et fut féconde.
- Le moment est venu de reconnaître à tous le droit de disposer d'eux-mêmes.
- Colonisation et décolonisation > Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
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- Colonisation et décolonisation > Guerre d'Algérie > Statut de l'Algérie > autodétermination
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Éclairage
La conférence de presse du 5 septembre 1960, même si elle aborde de nombreux sujets est essentiellement celle où le général de Gaulle expose ses vues sur la décolonisation. Il le fait dès sa déclaration liminaire en condamnant les attaques lancées contre la France par les pays communistes et par les Etats du Tiers-Monde pour la guerre qu'elle poursuit en Algérie en dépit de conversations nouées avec le FLN à Melun en juin, mais qui n'ont pas eu de suite, mais aussi pour les relations jugées "néo-colonialistes"qu'elle maintient avec ses anciennes colonies d'Afrique noire et de Madagascar devenues depuis peu indépendantes. De Gaulle voit dans ces attaques la volonté de dirigeants qui ne parviennent pas à procurer à leur peuple un niveau de vie suffisant, d'opérer des diversions en agitant le thème de la dénonciation du colonialisme.
Or, dans les deux domaines où il est interrogé, il va précisément faire une profession de foi de décolonisateur, tout en se refusant à condamner la colonisation qui a permis d'apporter la civilisation aux peuples qui l'ont connue. En ce qui concerne l'Afrique noire, il rappelle que la France a appliqué à ses anciennes colonies le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, tout en leur conservant son aide par la coopération comme elle a accepté que le Sénégal et le Soudan s'unissent dans le Mali, puis acquiescé au désir du Sénégal de s'en détacher. Pour ce qui est de l'Algérie, après avoir rappelé l'énorme effort de modernisation du pays et de promotion de la population musulmane consenti par la France, il condamne une nouvelle fois la poursuite des attentats par le FLN, refuse à celui-ci tout monopole dans la représentation des musulmans lors d'éventuelles négociations, mais affirme que "l'Algérie algérienne est en marche" et que les urnes décideront de son sort futur.
Deux questions lui sont par ailleurs posées, sur l'Europe et sur son attitude vis-à-vis de l'OTAN. Sur le premier point , s'il accepte l'idée d'organismes techniques supranationaux, il préconise une Europe politique, fondée sur les souverainetés étatiques qui établiront entre elles des convergences dans certains domaines. Sur l'OTAN, il juge une réforme nécessaire, fondée sur la prise en compte de la situation en Afrique et au Proche-Orient et pas seulement en Europe, de même que la reconnaissance des souverainetés nationales dans son organisation, c'est-à-dire en bref le refus de la seule direction de l'alliance par les Etats-Unis, qui rend compte de la reprise en main par la France de sa flotte de Méditerranée comme de son refus que soit entreposées sur son sol des armes atomiques dont elle n'aurait pas le contrôle.