L'Ecole de la Rue Blanche

25 novembre 1985
06m 56s
Réf. 00133

Notice

Résumé :

L'école de la Rue Blanche, dont le nom officiel est Ecole Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, existe depuis 1941. Hébergée rue Blanche, dans le 9e arrondissement de Paris jusqu'en 1997, ce fut longtemps la seule école supérieure à proposer une grande variété de formations dans le domaine théâtral : régisseur, costumier, scénographe, comédiens, etc. Depuis 1997, elle est localisée à Lyon.

Date de diffusion :
25 novembre 1985
Source :
FR3 (Collection: Tous en scène )

Éclairage

L'école de la Rue Blanche est en réalité le surnom de l'École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT). De 1941 à 1997, elle était située dans la rue Blanche, dans le 9e arrondissement de Paris. Depuis 1997, elle est hébergée à Lyon, dans des locaux construits spécialement à son intention.

Il existe en France trois écoles supérieures d'Art Dramatique : le Conservatoire National d'Art Dramatique de Paris, l'École du Théâtre National de Strasbourg, et l'ENSATT. Cependant, l'École de la Rue Blanche, ou ENSATT, bénéficie d'un statut particulier, puisque c'est la seule école à dépendre du Ministère de l'Education. C'est aussi l'école qui a la plus grande variété d'enseignements liés aux métiers du théâtre. Le Conservatoire ne forme que de futurs acteurs, l'école du Théâtre National de Strasbourg a plusieurs filières depuis quelques années (jeu, mise en scène-dramaturgie, scénographie-costumes, régie-techniques du spectacle), mais l'ENSATT est la seule à proposer également une formation en administration, en direction technique ou encore en écriture dramatique. Les sections techniques sont introduites en 1951. Les études durent trois années, et les élèves apprennent à travailler en équipe, les uns avec les autres.

Jusqu'en 1991, le statut de l'ENSATT est modifié plusieurs fois : de Centre de Formation Professionnelle du Spectacle, il devient lycée technique puis une école d'enseignement supérieur. Depuis son déménagement à Lyon, trois directeurs se sont succédés, Patrick Bourgeois jusqu'en 2006, Gérard Schembri de 2006 à 2009 et Thierry Pariente depuis 2009. En 2003, un département de mise en scène a ouvert ses portes, complétant l'offre de formations déjà existante. L'ENSATT, encore aujourd'hui, a un statut particulier : seule école française d'art dramatique à dépendre de l'Enseignement Supérieur et non du Ministère de la Culture, sa spécificité présente à la fois des avantages et des inconvénients. Le budget qui accompagne son rattachement à l'enseignement supérieur lui permet de proposer des ateliers et des locaux de grande qualité aux élèves. Malgré tout, les élèves et l'équipe pédagogique ont longtemps réclamé leur rattachement au Ministère de la Culture, à l'instar du Conservatoire et de l'école du TNS.

Sidonie Han

Transcription

(Musique)
Journaliste
2300 candidats âgés de 17 à 23 ans passent chaque année le concours d’entrée du lycée technique de la Rue Blanche. Sur les 700 techniciens qui se présentent, 40 seront retenus. Sur les 700 comédiens, 20 seulement deviendront élèves. Après deux ou trois ans d’études, tous sortiront avec un diplôme d’Etat, carte de visite pour les comédiens, garantie d’emploi pour les techniciens.
Intervenant 1
Les deux projecteurs que tu as là, les 2000, tu les orientes sur le côté jardin du théâtre pour prendre ton camarade en personnage debout hauteur d’homme. Largement une bonne feuille de papier au-dessus de la tête comme éclairage, au point de vue hauteur. Mets ta main comme ça au-dessus de ta tête. Voilà, tu concentres bien le faisceau.
Inconnu 1
Tum'as bien là, parce qu’il ne faut pas taper la lampe.
Intervenant 1
Voilà, affine bien ton rayon, ne te brûle pas.
Inconnu 1
Voilà, là c’est bien.
Intervenant 1
Voilà même opération pour l’autre, en superposant le faisceau sur le précédent.
Inconnu 2
Et toi, tout marche bien ?
Inconnue 1
Je l’espère, j’aimerais que vous vérifiiez la forme de la…
Intervenant 2
Du décolleté.
Inconnue 1
Oui, j’ai fait de la haute couture avant de venir ici, mais c’était quand même l’histoire de la mode qui m’intéressait le plus, et puis le monde du théâtre.
Intervenant 2
Le théâtre, c’est un divertissement, quelque chose qui apporte le rêve. C’est surtout le rêve que je recherche en travaillant ici.
Inconnue 2
Tu mets de la tarlatane ou pas en dessous.
Intervenant 2
Peut-être un volant de tarlatane là-dessous pour soutenir ton volume, tu vois, pour que ça parte comme sur la maquette.
Pierre Roudy
C’est une école technique, enfin c’est difficile à dire, c’est une école de théâtre. Mais enfin, dans cette école, nous formons pratiquement à tous les métiers du théâtre. Alors il y a actuellement dans cette maison, cent cinquante élèves. Il faut dire que nous avons la chance d’avoir quelque chose comme cinquante professeurs, ce qui est un luxe assez étonnant. Cinquante professeurs qui sont répartis dans toutes les disciplines imaginables. On peut très bien avoir un professeur d’administration ; comme vous en verrez un tout à l'heure, qu'un professeur d’escrime ancienne, qu'un professeur de mathématiques, un professeur d’électronique ; qu’un professeur de français, de physique. Je crois que ce qui est important, c’est que les élèves puissent se frotter à toutes les disciplines du spectacle.
Danièle Mathieu
Bien alors, comme vous avez pu le constater, ces charges prises à la source sont très importantes. Il est vrai que le public en a très peu conscience. Quand on s’aperçoit après de toutes les sommes telles que nous l’avons vu dans l’exercice que nous avons fait ; qui constituent les charges d’un spectacle ; on s’aperçoit qu’un théâtre privé à l’heure actuelle, pour arriver à faire ses frais simplement sans amortir l’énorme investissement qui est nécessaire au montage d’un spectacle ; doit fonctionner à peu près 50 à 60 % de sa jauge ; c'est-à-dire du maximum de ses recettes, de sa salle pleine. Toutes les places étant vendues à plein tarif. Et ce que je voulais simplement vous démontrer, c’est que nous étions partis, rappelez-vous, des recettes nettes. Parallèlement à cette activité qui ne me prend que six heures par semaine, je suis également dans un théâtre parisien, puisque je m’occupe de l’administration ; étant attachée à la direction du théâtre Antoine depuis quatorze ans. C’est ce qui fait finalement que l’enseignement de ces vingt-deux professeurs appartenant directement à la profession est intéressant ; parce que ils apportent pas seulement un savoir, pas uniquement un savoir, mais une forme de connaissance, une forme d’expérience de ce métier.
(Bruit)
Intervenant 3
Tu finis... là, les points, tu dessines avec ta brosse complètement à plat, c'est-à-dire bien essorée et à plat, avec le couteau, ce qui reste de peinture c'est largement suffisant.
Inconnu 3
Les cours se décomposent en trois ateliers sur la semaine, trois ateliers pratiques, c'est-à-dire réalisation volume, conception, et réalisation couleur pour toile compacte. Alors ce matin, nous sommes à l’atelier de réalisation volume. L’an dernier, j’étais déjà à l’école, mais en section costumier. Je n’ai pas fini la section costumier parce que ce qui me manquait, c’était le côté plus création et puis travail d’autres matières. J’ai fait trois ans de beaux-arts avant, et je me suis retrouvé donc l’an dernier en faisant uniquement de la réalisation de costume.
Intervenant 4
Il faut bien mettre en place les ombres dès que la structure est en place, et les sérier par des…
Inconnu 3
Quelque part, moi aussi j’ai envie de jouer. Mais... je me sens plus rassuré dans le côté technique parce qu’on n’est pas jugé que sur soi-même, mais aussi sur un travail de réalisation et d’exécution, quoi. Donc, c’est peut-être un billet pour rentrer dans cette ambiance.
Karin Viard
Au théâtre 347, on passe le deuxième tour du concours de la Rue Blanche. On n’a rien à préparer, on passe entre les mains de tous les professeurs ; qui nous font faire des exercices, qui en fonction de ce qu’ils ont cru voir à l’issue du premier tour. Donc, on travaille dans l’autre sens ou ça dépend. Sur les vingt qui seront pris, peut-être qu’il n’y en aura qu'un qui travaillera ou qui pourra en faire ce métier et en vivre. Mais ça donne quand même l’assurance de quelque chose quand on y rentre.
Irène Jacob
Puis, la formation est très complète, puisqu’on a une formation physique, puisqu’on peut faire de l’escrime ou de la danse. On a une formation culturelle aussi, puis on a une formation bon théâtrale. Enfin, c’est une école publique qui peut nous offrir un tel éventail de cours.
Inconnu 4
En tant que comédien, souvent on a du mal, on passe de cours privé en cours privé, on a du mal à se situer. Alors que là, pendant deux ans, on travaille dans une structure, on a des professeurs. Là, à l’issue de ce stage de quatre jours déjà, on se rend compte que travailler tous les jours, huit heures par jour, c’est vraiment très très enrichissant. Ce n'est pas toujours possible quand on n’est pas dans une école.
Karin Viard
Puis, c’est gratuit, les cours privés maintenant, ça coûte 800 francs par mois. C’est important, je trouve, de toujours travailler, de t’entraîner, de huiler un peu les rouages comme un sportif le ferait. Mais bon, quand c’est 800 francs par mois, c’est très cher. Ici, on a un enseignement complet, et c’est quand même une carte de visite en plus.