Les Justes de Camus
Notice
Paul-Louis Mignon présente la pièce d'Albert Camus, Les Justes, et la mise en scène de Pierre Franck en 1965 au Théâtre de l'Oeuvre. Après un rapide résumé de la pièce, et la présentation des acteurs en scène, on peut voir un extrait de la pièce mettant en scène les personnages de Boris, Kaliayev et Stepan (Marc Cassot, Manuel Denis et Marcel Bozzuffi).
Éclairage
Albert Camus (1913-1960) est un écrivain Français né en Algérie. Ecrivain, dramaturge et essayiste, il est également un journaliste très engagé dans la vie politique de son temps.
La pièce Les Justes est basée sur des faits historiques réels : un attentat perpétré en 1905 contre le Grand-duc Serge. Elle met en scène, dans un drame en cinq actes, le groupe qui va mener cette action terroriste.
Les Justes font écho à la pièce Les Mains sales, de Jean-Paul Sartre. Cette pièce met également en question l'engagement politique : toutes deux posent en fait la même question ; peut-on commettre des crimes au nom d'une idéologie ?
Dans Les Mains sales comme dans Les Justes, on se trouve face à de jeunes gens idéalistes, issus de petite bourgeoisie, et que rien ne prédispose au meurtre, qui les répugne. Ils décident pourtant de passer à l'acte au nom de leur idéal politique. Ce que semblent explorer les deux auteurs, c'est la moralité de tels actes ; l'idéal politique peut-il justifier la violence, et la violence ne met-elle pas en danger l'idéal politique ?
Il est à noter que les deux pièces, parues respectivement en 1948 et 1949, apparaissent dans un contexte où des clivages forts apparaissent au sein du Parti Communiste Français – dont chacun des deux auteurs a été membre – notamment concernant la politique stalinienne en URSS.
La mise en scène de Pierre Franck (1965), résonne certainement encore avec la guerre d'Algérie, qui prend fin en 1962. Sartre et Camus ont encore, à l'occasion de cette guerre, montré des désaccords qui mettent toujours en avant ces questions de morale, de justice et d'idéal politique. Cette guerre renforce en outre les clivages au sein du Parti communiste. Les décors et les costumes de cette mise en scène évoquent en toute sobriété à la fois la clandestinité du groupe – matériaux bruts des murs et sobriété du mobilier – et les origines petite-bourgeoises des personnages – visible dans le choix du style et des étoffes des costumes. Le jeu repose, comme la pièce de Camus elle-même, essentiellement sur le débat philosophique et éthique qui secoue les personnages, et qui se trouve mis au premier plan.