Coluche à l'Olympia, 1984

19 février 1975
03m 15s
Réf. 00241

Notice

Résumé :

Présentation de l'humoriste Coluche à l'occasion des premières représentations de son spectacle Mes adieux au Music-Hall à l'Olympia. On y découvre la silhouette devenue célèbre de cet humoriste, que l'on découvre en répétition, et qui dévoile également quelques extraits de son spectacle, composé de sketches et de chansons.

Date de diffusion :
19 février 1975
Source :
FR3 (Collection: FR3 DERNIERE )
Artistes et personnalités :
Thèmes :

Éclairage

Coluche, de son vrai nom Michel Colucci, est né en 1944 à Paris. Issu d'une famille modeste, il se tourne très jeune vers le milieu artistique, en commençant par la musique, avant de se produire dans de petits cafés-théâtres parisiens. Il fait la rencontre de Romain Bouteille, acteur et humoriste, fondateur du Café de la Gare, théâtre inauguré en juin 1969, et qui verra les débuts de nombreux acteurs (Patrick Dewaere, Miou-Miou, Martin Lamotte...). Coluche intègre la troupe du Café de la Gare à sa création, et la quitte fin 1970. Il fonde en 1971 la troupe Au vrai chic Parisien – théâtre vulgaire, qu'il quitte rapidement. Il se lance alors dans une carrière solo, inaugurée par le sketch L'histoire d'un mec. Coluche a trouvé son personnage : un clown populaire, bonne pâte, grossier, nourri du racisme ordinaire, des spots publicitaires de la télé, portant un regard désabusé sur la société et la politique, incapable de s'exprimer correctement. Du 15 février au 2 mars 1974, il se produit à l'Olympia dans le spectacle Mes adieux au Music-Hall. Le personnage de Coluche se dote alors d'une silhouette, un costume qui ne variera pour ainsi dire plus : une salopette, des chaussures colorées, un t-shirt jaune, le nez rougi par le maquillage. Dans ce spectacle se succèdent les personnages qu'il affectionne : pères de famille alcooliques perdus devant la jeunesse actuelle, hommes désabusés par la politique, racistes, grossiers. Coluche se démarque des humoristes de son époque, souvent bien plus littéraires. Ses sketches reposent sur un parler familier, spontané. Son comique repose sur la satire : ses personnages ne sont pas dénués d'une certaine tendresse pour ceux qu'il moque, et il s'attache surtout à rendre visibles les racismes ordinaires et les clivages de la société. Coluche est un artiste subversif, qui, dès ses débuts, s'attache également à revendiquer un message politique. La pauvreté de son enfance, son adolescence parisienne chaotique, sont autant de sources d'inspiration. Dans les années 80, il délaisse peu à peu la scène pour se consacrer au cinéma. S'il participe à de nombreuses comédies de qualité très inégale (on notera L'Aile ou la Cuisse, avec Louis de Funès, ou encore Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, de Jean Yanne), il connaît la consécration avec un rôle non comique, en 1984. Dans Tchao Pantin, son interprétation d'un pompiste meurtri lui vaut un César du meilleur acteur. En 1980, il annonce son intention de se présenter aux élections présidentielles. Sa candidature, d'abord envisagée comme un

canular, est également un coup politique. Il annonce vouloir inciter les abstentionnistes à voter, il entend dénoncer les mensonges de chacun des camps, et porter la parole de ceux que personne n'entend, que les autres candidats oublient. Sa candidature est également appuyée par des intellectuels. Mais, sous les pressions politiques, il décide de se retirer de l'élection au mois de mars 1981, alors qu'il est crédité d'environ 16% dans les sondages. Il ne renonce pas pour autant à l'engagement politique, qui marquera les années suivantes : en 1985, il anime avec

Guy Bedos le concert de l'association SOS racisme, et, surtout, il crée au mois de septembre l'association Les Restos du cœur, relais d'aide sociale aux plus démunis.

Le 19 juin 1986, il décède dans un accident de moto sur une route des Alpes-Maritimes.

Anaïs Bonnier

Transcription

(Musique)
Coluche
Ah ben dis donc, t’en fait une tête ! Qu’est-ce qu’il y a ? T’es malade ? T’as bobo ? T’es tombé ?
Journaliste
Coluche, 30 ans ?
Coluche
Oui, à peu près, oui.
Journaliste
Tenue de scène : une salopette, une chemise, des chaussures rouges.
Coluche
Jaunes, jaunes.
Journaliste
Jaunes ?
Coluche
Oui!
Journaliste
Comment ça va ?
Coluche
Ça va ! Moi ! Et vous ? Ça va ? Ça va ? Oui, ça va, faut pas se plaindre.
Journaliste 2
Et cela va même très bien pour Coluche. En vedette à l’Olympia jusqu’au 2 mars, il présente un spectacle qu’il a rodé en province pendant plusieurs mois. Sur cette scène de l’Olympia, Coluche dirige, vérifie les éclairages, fait monter le son, baisser les rideaux, modifier les décors, rectifier l’accompagnement… Bref, il fait tout avec un seul but : plaire au public.
Coluche
On va éteindre la gueule à l’appareil là ! Non ?
Inconnu 1
Un petit peu, voilà ! C’est bon.
Coluche
Qu’est-ce qu’il me fait, lui ? Il m’éteint le reste ? Qu’est-ce qu’il me coupe lui ?
Journaliste
Votre réussite, vous la devez à votre talent, à la publicité ou bien finalement il y avait peut-être une place à prendre parmi les comiques ?
Coluche
Vous savez, je sais pas bien. Je sais pas bien parce que je me suis jamais posé la question pour les autres. Il y a un truc dont je suis sûr, c’est que vous faites une émission de télé, les gens vous aiment ou ils ne vous aiment pas, et ils en veulent ou ils n’en veulent pas, et puis c’est tout. Le plus grand art, c’est celui de plaire, c’est Molière qui disait ça, c’est encore vrai aujourd’hui. Il y a des gens qui ont plus de talent que moi et qui n’ont pas l’art de plaire au public c’est-à-dire un bol énorme et puis qui sont inconnus, quoi mais ce n’est pas le talent qui prime. 90 kilos quand même ! Hein ? Ah ben c’est un métier, j’aurais pu rester chez moi si j’avais voulu. Bien voilà, ça joue. Quand je serai grand, je serai pas toujours d’accord. Mais je dirai rien pour pas me faire virer. Je prouverai que quand même, ils y en qui exagèrent surtout au gouvernement. C’est que les gens sont bien cons de se laisser faire. Bien moi je fais rire parce que je ne sais pas faire autre chose. Ben, alors, le Chili, qu’est-ce qu’il nous emmerde le Chili ! Ils ont tout, ils ont le soleil, ils ont les rameurs plein les caniveaux. Ils ont les maladies qu’ils pourraient bien crever de ce qu’ils veulent, ça n’intéresserait personne. Ils ont les brigades de la mort qui passent huit par huit armées jusqu’aux dents prêt à bondir ! Alors qu’est-ce qu’ils viennent nous emmerder en France ces gens-là ! C’est pareil chez nous ! En France, il y a quoi ? Y'a que la police qui change et encore c’est pas … Alors que l’on s’agite là-bas du côté de l’avenue Marignan, en effet. C’est la procession du chanoine Léon Angel que nous voyons arriver là-bas mais c’est encore très loin. Tandis que sur la droite de votre écran maintenant après la procession de sœur Marie Berthier, toque verte, casaque à pois, qui représente le canton de Grandville-sur-Yvette avec en tête sa chorale qui entonne déjà Joie chrétienne. Tandis que maintenant il y a également sur l'avenue [inaudible] Monseigneur l'abbé Alain. D’où nous sommes, nous ne pouvons malheureusement pas apprécier les distances. C'est pour cela que le chanoine Léon Angel tient une légère avance, il semble reprendre l’avantage. Les deux concurrents sont au coude à coude, aucun ne semble en mesure d’enlever la décision lorsque nous abordons le dernier virage. Mais sœur Marie Berthier vient du diable vauvert vers l’extérieur. Tandis que semble-t-il, et bien c’est à la faute : première, sœur Marie Berthier, il y aura photos pour départager les autres concurrents [Inaudible] dès qu’ils seront en possession du [Inaudible]. À vous les studios.