Premier spectacle seul en scène de Pierre Desproges
Notice
Sketch d'ouverture du premier spectacle seul en scène de Pierre Desproges, enregistré à Quetigny (Côte d'or) en 1984, et diffusé sur France 3 en 1986. On peut voir des retours sur les spectateurs privilégiés de ce spectacle – une concierge d'immeuble, deux enfants, Guy Bedos, qui l'a mis en scène – et leurs réactions. L'ouverture de ce spectacle met en scène un Pierre Desproges qui annonce d'entrée qu'il n'a pas envie d'être là, qu'il n'aime pas cette situation, parfait exemple de l'humour grinçant qui a fait la réputation de ce comique.
Éclairage
Pierre Desproges est né en mai 1930 à Pantin, en région parisienne. Il a été vendeur d'assurances-vie (qu'il avait rebaptisées « assurances-mort »), auteur de roman-photo, rédacteur du courrier du cœur, avant d'être pendant six ans journaliste à L'Aurore. Il fait ses débuts à la télévision dans l'émission de Jacques Martin, Le petit rapporteur, en 1975. Il est « grand reporter » dans cette émission, qui traite l'actualité de manière satirique et humoristique. La même année, il monte pour la première fois sur scène à l'Olympia, invité par Thierry Le Luron. Il fera également la première partie du spectacle de l'imitateur en 1978 à Bobino.
Pierre Desproges est écrivain, homme de radio et de télévision autant qu'homme de scène. Il crée la Minute Nécessaire de Monsieur Cyclopède sur FR3, et participe sur France Inter au Tribunal des Flagrants délires, dans lequel il présente des plaidoiries fantaisistes brossant un portrait parfois acide des personnalités invitées – notamment le portrait de Jean-Marie Le Pen, dans lequel il émet l'idée, devenue célèbre, que l' « on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ».
En 1984, sur les conseils de Guy Bedos, qui l'aidera à préparer son spectacle, il présente son premier one-man-show. Devant le succès de son spectacle au Théâtre Fontaine, à Paris, il part en tournée en 1985. France 3 diffusera le spectacle en 1986, en y ajoutant les réactions de quelques spectateurs privilégiés – une concierge d'immeuble, des enfants, Guy Bedos – incrustées dans la captation du spectacle.
En 1986, il crée Pierre Desproges se donne en spectacle au Théâtre Grévin. Là encore, devant le succès du spectacle, il part en tournée à travers la France.
Pierre Desproges est décédé d'un cancer en 1988. La dépêche annonçant sa mort reprend la formule rituelle qui clôturait chaque Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède : « Etonnant, non ? ».
Pierre Desproges est connu pour un humour corrosif, qui n'hésite pas à s'attaquer aux tabous de la société. Cet humour noir est tout aussi manifeste sur des sujets légers – plaisirs épicuriens, relations homme-femme – que sur des thèmes bien plus sérieux – la mort, dont il parle souvent, ou encore le racisme et particulièrement l'antisémitisme, qui sont des thèmes courants de ses sketches. Pierre Desproges adopte volontiers des postures extrêmes, individualistes, parfois affichant un certain mépris, prenant à son compte des remarques racistes ou antisémites. Loin du « politiquement correct », Desproges n'hésite pas à « rire de tout », même du racisme et de l'antisémitisme. Il élève la dérision au rang d'art, en évoquant avec détachement, voire avec amusement, les choses les plus horribles ou les plus contraires à la morale. Par la dérision, il souligne avec cruauté les travers de son époque. Comique subversif, Pierre Desproges a ouvert la voie à un nouveau type d'humour qui s'attaque à la « haine ordinaire », et exorcise l'inquiétude par le rire.