Le cirque technoïde du Collectif AOC
Notice
Extrait de La syncope du 7, premier spectacle du Collectif AOC. Orchestrées par une musique live électro, les acrobaties se déploient en trois dimensions, autour d'une structure métallique haute de 4 mètres. Une énergie hypnotique et électrisante, qui deviendra la marque de fabrique de la compagnie.
Éclairage
AOC pour Appellation d'Origine Circassienne, le credo est clair. Créé en 2000 par six artistes issus du Centre National des Arts du Cirque, le Collectif AOC se propose de muscler la tradition, sans pour autant en renier l'essence : « au delà de ses multi-influences, le collectif s'assume comme une véritable compagnie de cirque. Qu'il soit dit nouveau, contemporain ou actuel importe peu, finalement c'est le cirque dans sa tradition qui est à la base de tout. » [1]
Dès leur première création, La syncope du 7, les artistes inaugurent leur bien nommé « cirque techno ». Mis en scène par la chorégraphe Fatou Traoré, ce furieux télescopage de disciplines (trampoline, jonglage, danse, trapèze...) s'orchestre sous la houlette d'un « Mr Loyal technoïde » : un musicien live, qui constitue le 7e trublion de la Syncope éponyme. Sur la piste, la scénographie se décline en plusieurs niveaux, brouillant les repères d'horizontalité et de verticalité : une structure métallique dont les parois transparentes s'arpentent, un trampoline, plusieurs plateformes, et un trapèze en avant scène : « La Syncope du 7 est de la musique à voir, du mouvement entre sept individus, non un cirque d'images (...). L'action se déroule sur cinq niveaux, le sol et les quatre plans d'une énorme structure de métal et de makrolon, sorte de vaisseau spatial, dans laquelle est encastré le trampoline et d'où les artistes semblent puiser leur sublime énergie », commente le chercheur Jean-Michel Guy. [2]
La compagnie alternera ensuite grosses créations collectives (Question de directions, 2004 ; Autochtone, 2009), et formats plus réduits, à l'image de K'Boum, en 2002, qui convie le BMX sur la piste, comme un nouvel agrès. « Le collectif AOC prouvait qu'une écriture particulière pouvait naître sous la toile, à la lisière du hip-hop, des jeux vidéo, des soirées arrosées, littératures connexes et séries B », écrivait en 2006 Bruno Masi dans Libération. Depuis 2007, les artistes s'autorisent des échappées plus personnelles, intitulées les « bouffées d'oxygène » : Laps, (pièce pour 5 jongleurs, mise en scène par Mathieu Prawerman) ; Je suis un sauvage (solo de Gaëtan Levêque inspiré de ses voyages en Afrique)... La compagnie acquiert en 2005 son propre chapiteau, mais ne s'interdit pas pour autant des incursions dans l'espace public. Depuis 2011, les petites formes itinérantes des Vadrouilles s'infiltrent dans le quotidien, pour « perturber positivement » l'environnement urbain (un trampoline en façade, un mât chinois posé sur le bitume...) : « dans cette société qui tend à nous individualiser et nous marginaliser, prendre le taureau par les cornes et tenter d'enrayer les différences sociales ou ethniques. Stimuler davantage la curiosité que la peur ! » [1]
[1] Propos tirés du site de la compagnie, www.collectifaoc.com
[2] Propos tirés du site de la Ville d'Echirolles