ChiencrU de Cahin-Caha, cirque bâtard
Notice
ChiencrU, de la compagnie Cahin-Cahin, mis en scène par Gulco, est un spectacle pluridisciplinaire au cours duquel six personnages marqués par la violence de leur passé tentent de se reconstruire pour pouvoir envisager l'avenir. Le spectacle pose la question, entre autres, de la place du sacré dans notre monde en l'envisageant dans le cadre de la dualité « sexe et guerre », Eros et Thanatos.
Éclairage
ChiencrU de la compagnie Cahin-Caha, cirque batârd, a été créé en 1999, d'un travail collectif de six artistes : Gulko, metteur en scène, Linet Andrea, chanteuse et trapéziste (Ecole d'Art en Angleterre et CNAC), Jules Beckman, clown, danseur, homme orchestre (performer américain), Eric Lecomte, acrobate, danseur (a notamment travaillé avec le Cirque du Docteur Paradi), Joss Curtis, chorégraphe, danseur (performer américain), Keit Hennessy, danseur, jongleur. La mixité américaine et française de leurs origines les conduit à vouloir « réconcilier l'exigence formelle française au sens du spectacle américain », avec pour parti pris artistique de revendiquer « un théâtre d'images très physique combinant cirque, danse, chant » [1] et théâtre.
Sylvain Ohl (du collectif Ilotopie) conçoit le kiosque hexagonal autoportant à six mâts, un par artiste (cinq garçons, une fille), que chacun investit en redéfinissant l'usage du mythique cercle. Les corps dansant, chantant, jouant une partition sonore ou se confrontant à leurs agrès, explorent cet espace en ne négligeant aucune trajectoire.
La traduction de ChiencrU en anglais donne Raw doG, la majuscule de la lettre finale incite au retournement qui se lit alors God waR, Dieu et guerre. Tout en revendiquant « l'absurde et l'analyse sociale », le groupe pose la question de la « place du sacré dans notre monde » en liaison étroite avec deux moteurs qui l'agitent le « sexe et la guerre », Eros et Thanatos.
Les six personnages, revenus d'une guerre, non située et non datée, gagnée ou perdue, dévoilent leurs blessures de l'âme qui agissent comme moteur de traversées folles et déraisonnables. ChiencrU expose la douleur des angoisses qui hantent celui qui malgré tout doit vivre en composant avec son passé torturé ; fait partager le vertige de celui qui doit se reconstruire afin de pouvoir s'emparer de son avenir, alors qu'il a perdu une partie de lui-même dans l'horreur imposée. Ainsi, les tensions entre un réel indépassable et une utopie émancipatrice, individuelle et collective, à conquérir, donnent une profondeur à l'ensemble de la proposition artistique pour laquelle Isabelle Brochard estime que « parfois d'une violence inouïe, les mouvements inscrivent dans l'espace une révolte ou la lascivité, l'impiété et le burlesque exacerbent le besoin d'amour, celui de retrouver foi et humanité. » [2]
Daniel Gulko acquiert une formation polyvalente en danse contemporaine, en théâtre, en mime et en technique de cirque, aux Etats-Unis, au Canada et en France, où il s'installe en 1993. Il affirme être un « américain francophone » se revendiquant du « zen-anarcho-surréalisme ». Parmi plusieurs projets artistiques, il poursuit son travail d'auteur et de metteur en scène pour Cahin-Caha en pratiquant le métissage des arts, avec entre autres, Grimm (2003) et Rev (2010).
[1] Dossier de presse de la compagnie (1999).
[2] Isabelle Brochard s'exprime ainsi dans Les Saisons de la danse (Paris, novembre 1999).