Reconnaissance du cirque par le Ministère de la Culture

14 janvier 1979
02m 06s
Réf. 00534

Notice

Résumé :

En 1979, à la demande du Président de la République Valéry Giscard d'Estaing, Jean-Philippe Lecat, Ministre de la Culture, crée un ensemble de mesures (présentées en voix off) afin de soutenir le secteur du cirque qui traverse une crise économique, culturelle et esthétique. Jean-Philippe Lecat s'exprime sur la mesure concernant la création d'une émission télévisée.

Date de diffusion :
14 janvier 1979
Source :
TF1 (Collection: IT1 NUIT )
Lieux :

Éclairage

Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la vie spécifique du monde du cirque voit disparaître ses certitudes sous les coups de boutoir des crises économique, culturelle et esthétique et les grandes enseignes sont conduites à la restructuration ou à la disparition, entraînant dans leur chute les petites entreprises familiales.

L'activité du cirque traditionnel relève du secteur économique privé. Les enseignes subissent le même sort que les entreprises de même taille relevant d'autres secteurs victimes de la crise. Les successifs chocs pétroliers aggravent cette situation (des quantités importantes de carburant sont nécessaires au déplacement de la caravane). L'évolution de la législation du travail (réduction du temps de travail et amélioration de ses conditions, réglementation stricte du travail des enfants...), l'augmentation de la couverture sociale et donc des prélèvements obligatoires, l'allongement de la scolarité obligatoire... ne peuvent être contournés. La "famille de cirque", bien que menant une vie autarcique, ne résiste pas aux pressions extérieures et les jeunes, nés dans la sciure, ne sont plus toujours prêts à reprendre le flambeau. De plus, la forme spectaculaire se sclérose autour de fondamentaux décrétés essentiels à une forme qui, de fait, devient "canonique". Dans ce cadre, peu nombreuses sont les entreprises à présenter des spectacles de qualité, ce qui accélère la désaffection d'un public qui au travers de son petit écran peut admirer des numéros internationaux de haut niveau lors du passage hebdomadaire de La Piste aux étoiles.

Au sein du monde du cirque, cependant, des réactions se manifestent et certains alertent le gouvernement. Les « hommes du cirque ne sont pas simplement des figures de poésie mais des artistes comme les autres, qui travaillent et aspirent au mieux être » [1]. L'appel est entendu et le 12 janvier 1979, Jean-Philippe Lecat, Ministre de la Culture et de la communication, sous la Présidence de Valéry Giscard d'Estaing, reconnait la nécessité de mener des actions interministérielles pilotées par son Ministère, de façon à palier à une situation qui conduit le cirque à être « tiraillé entre les exigences contradictoires des municipalités, du Ministère des Transports, du Ministère de l'Intérieur, du Ministère des Finances... » [2], ou encore du Ministère de l'Agriculture (pour l'enregistrement des animaux). Ces mesures doivent améliorer « les conditions économiques de la profession », faciliter « la vie quotidienne des professionnels » et développer l'information en direction du public [3].

Afin de favoriser la mise en place de ses décisions politiques, en mai 1979, est constituée l'Association Pour la Modernisation des Cirques (APMC), dont l'objet principal est la gestion du Fonds de modernisation des cirques et en août 1980, l'Association Pour l'Enseignement des Arts du Cirque (APEAC) [4], dont le rôle est de coordonner et d'animer la politique de formation des deux écoles de cirque (l'Ecole au Carré de Sylvia Monfort et Alexis Grüss et l'Ecole Nationale du Cirque d'Annie Fratellini et Pierre Etaix) ; cette décision préfigure la création d'une école véritablement placée sous l'égide du Ministre de tutelle (le CNAC en 1985).

Cette prise de conscience initie la reconnaissance du genre et institut les modalités d'accompagnement du cirque en France. Il faut d'une part sauver un patrimoine historique - la France ne passe-t-elle pas pour être un des berceaux du cirque ? - et d'autre part stimuler la création. L'arrivée de Jack Lang au Ministère de la Culture ne contrariera pas l'élan, bien au contraire.

[1] « L'histoire extraordinaire du cirque », sans nom d'auteur, dans « Cirque », Culture et communication, n° 13, 1979, p. 9.

[2] « Entretien avec Jean-Philippe Lecat », dans « Cirque », Culture et communication, Op. cit., p. 17.

[3] Cf. le dossier remis aux journalistes, lors de la conférence de presse tenue par Jean-Philippe Lecat le 12 janvier 1979, 8 pages, non paginé.

[4] En juin 1982 - un an après la prise de fonction de Jack Lang - ces deux associations sont réunies en une seule, l'Association Pour le Soutien, la Promotion et l'Enseignement du Cirque (ASPEC).

Martine Maleval

Transcription

Présentatrice
Beaucoup de petits cirques, et certains plus importants ont déposé leur bilan ces derniers mois. En un an, on a enregistré une baisse de 30% des entrées. Le cirque aujourd’hui traverse l’une des plus grandes crises de son histoire, il reste encore 30 cirques de moins de 1000 places, et 6 qui ont une capacité supérieure à 1000 places. Le président de la république a demandé au ministre de la culture Jean Philippe Lecat d’étudier les mesures à prendre, pour les sauver. Le point avec Marie Geneviève Lemoine.
Journaliste
Pour sauver le cirque en premier lieu, une série de mesures économiques avec la création d’un fonds de modernisation. Cette caisse sera alimentée par les cotisations des professionnels, une participation de la SACEM, Société des Auteurs et Compositeurs de Musique, et pour plus de 50%, par les subventions de l’Etat. Ce fonds de soutien permettra de venir immédiatement en aide aux cirques en difficulté, d’améliorer les équipements, de maintenir les orchestres sous les chapiteaux et de garantir les prêts. Autre mesure financière, la suppression de l’impôt sur les billets, qui représentent 45 centimes par place, soit un bénéfice total de 1 million de francs, qui reviendra à l’ensemble de la profession. Pour améliorer l’accueil du cirque dans les collectivités locales, accord avec les municipalités en vue de faciliter le stationnement des cirques et diminuer le prix de la location du terrain. Pour la première fois également les gens de la profession pourront acheter leur caravane avec le 1% octroyé à la construction des logements. En ce qui concerne la formation professionnelle, plus qu’une école nationale qui répondra aux besoins spécifiques de la profession. En dernier lieu, des mesures destinées à raviver la vocation populaire et familiale du cirque avec la création d’un grand prix des arts, qui récompensera le meilleur spectacle et puis une nouvelle émission.
Jean-Philippe Lecat
Sur le plan de l’information, nous serons aidés par TF1. Monsieur Jean Louis Guillot président de TF1, a bien voulu accepter de créer un magazine du Cirque, qui tiendra au courant les Français de la vie du cirque français.