L'annulation du 57e festival d'Avignon : le conflit des intermittents
Notice
En 2003, Bernard Faivre d'Arcier prend la décision d'annuler la 57ème édition du festival d'Avignon, suite au conflit des intermittents et à la grève reconductible menée par les artistes et techniciens. C'est la première annulation de l'histoire du festival IN.
Éclairage
En 2003, la 57e édition du Festival d'Avignon démarre en plein conflit entre les intermittents du spectacle et le gouvernement de l'époque (Jean-Pierre Raffarin est alors premier ministre). Le 26 juin 2003, un protocole d'accord a été signé entre le MEDEF et trois syndicats, qui réforme les annexes 8 et 10, annexes qui définissent les conditions de l'intermittence. Ce protocole revoit à la hausse le nombre d'heures travaillées nécessaires pour avoir accès à une indemnisation ; 507 heures sur 10 mois pour 8 mois d'indemnisation (au lieu d'un calcul annuel précédemment).
Le Festival d'Avignon, comme la plupart des grands festivals et des théâtres en France, est un gros employeur d'intermittents du spectacle. Cette 57e édition, qui est aussi la dernière pour Bernard Faivre d'Arcier, après 10 ans de direction, est marquée par une grève très suivie, reconductible chaque jour. Le festival IN commence tant bien que mal, dans un climat de grève généralisée, avec manifestations, débats, assemblées générales, etc. Il se maintient ainsi jusqu'au 10 juillet, date à laquelle Bernard Faivre d'Arcier annonce l'annulation. 750 spectacles étaient prévus et l'annulation représente une grosse perte financière pour le festival. Malgré cette décision, une grande partie du festival OFF continue de jouer, notamment pour des raisons budgétaires. Plusieurs initiatives de débats et de rassemblements autour de la question de l'intermittence ont également lieu.
C'est la première et unique fois que le festival d'Avignon ne s'est pas tenu. Même pendant les débordements de 1968, Jean Vilar avait maintenu la programmation. Si le rejet du protocole d'accord a été quasiment unanime, la grève et l'annulation ont beaucoup divisé. Certains ont vu dans l'annulation un gâchis, quand d'autres ont poursuivi la grève comme seul moyen de résistance.