Pôles Cirque : le Cirque-Théâtre d'Elbeuf

25 février 2000
02m 13s
Réf. 00582

Notice

Résumé :

Reportage sur le Cirque-Théâtre d'Elbeuf repéré par le Ministère de la Culture pour devenir Pôle Cirque, label créé dans le cadre de l'Année des Arts du cirque, impulsée par Catherine Trautmann. Jacques Lescuyer, Directeur de l'Office d'Actions Culturelles, insiste sur l'importance de la confrontation de la création avec le public et Florence Caillon, Cie L'éolienne, sur l'attente des artistes.

Date de diffusion :
25 février 2000
Source :
Compagnie :

Éclairage

Dominique Forette titrait, en 1998, un rapport du Conseil Economique et social : Les arts de la piste : une activité fragile entre tradition et innovation [1]. La commande d'une telle étude témoigne de la reconnaissance de l'importance d'un secteur qui prend ses racines dans les années 1970 et qui n'a de cesse de se développer. La fragilité économique relevée correspond à l'histoire de cette discipline artistique toujours considérée comme une forme mineure, un divertissement. Cependant, durant les années 1980 et 1990, l'engouement de jeunes artistes qui décident de faire œuvre en attachant une intension artistique à leur spectacle, l'engagement de décideurs culturels et l'intérêt d'un public de plus en plus averti poussent l'Etat à renforcer son soutien ; même si, le cirque – et les arts de la rue qui ont une histoire commune – restent les parents pauvres du budget de la DMDTS [2].

Dans cette dynamique, en 2001, L'Année des arts du cirque, reconnaît « pôles cirque » des établissements généralistes, faisant le choix de développer un axe fort autour du cirque, et des lieux spécifiques à la discipline, portés par des acteurs culturels ou des équipes artistiques. En agglomérations ou en zones rurales, disposant d'un cirque en dur, ou s'étant équipés de chapiteaux fixes ou itinérants, ces lieux se voient pérennisés avec pour mission la production et la diffusion, le développement d'actions en direction des publics et l'accompagnement des professionnels. Le soutien des collectivités territoriales, les conventions pluriannuelles, les aides financières et le développement des outils spécifiques ont permis un véritable ancrage des arts du cirque qui conduit en 2009, à leur attribuer le label « Pôles national des arts du cirque » [3]. Frédéric Mitterrand déclare « En créant ce label, mon ministère a voulu renforcer la place des artistes et leur mobilité, ainsi que celle de leurs créations, dans les réseaux soutenus par le ministère. Il a voulu poursuivre la structuration de l'emploi et développer leur visibilité européenne et internationale. » [4]

Parmi les lieux repérés, le cirque-théâtre d'Elbeuf, un des rares cirques en dur toujours existants qui a la particularité de disposer d'une scène à l'italienne jouxtant la piste de 13,50 m. Construit en 1892, dans une ville en plein essor industriel, dès 1912, son usage varie au gré des différents propriétaires : salle de boxe ou de catch, de spectacle ou de cinéma... [5]. Après l'investissement du lieu, par la compagnie Anomalie, pendant quatre ans, en 2000, la communauté d'agglomération Elbeuf Boucles de Seine lance un projet de réhabilitation et depuis sa réouverture, en 2007, ce lieu accueille les activités du Centre des arts du cirque de Haute-Normandie. Devenu Etablissement Public de Coopération Culturelle il met en chantier le projet défini par Roger Leroux.

[1] Dominique Forette, Les arts de la piste : une activité fragile entre tradition et innovation, Rapport du Conseil Economique et Social, 1998.

[2] Le 13 janvier 2010, dans le cadre du plan de modernisation mis en place par Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture et de la Communication, la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles a disparu, au même titre que la Délégation aux arts plastiques (DAP), toutes deux regroupées au sein de la Direction générale de la création artistique.

[3] Les onze centres sont : le Centre culturel Agora, Boulazac (Aquitaine), Le Sirque, Nexon (Limousin), La brèche - Centre des arts du cirque de Basse-Normandie, (Basse Normandie), Circuits, Auch (Midi-Pyrénées), le Cirque Jules Verne, Amiens (Picardie), le Cirque-Théâtre d'Elbeuf (Haute Normandie), La Verrerie d'Alès en Cévennes (Languedoc-Roussillon), Le Carré Magique, Lannion (Bretagne), Le Prato, Lille (Nord-Pas-de-Calais), La Cascade, Bourg-Saint-Andéol (Rhône-Alpes), Le Théâtre Firmin Gémier/La Piscine à Antony/Chatenay-Malabry (Ile-de-France).

[4] Frédéric Mitterrand cité dans « Un premier Pôle des arts du cirque en Ile-de-France », Culture et Communication, Déc. 2011-janv.2012, n° 197.

[5] Lire, sur l'histoire de cette structure, Betty Lefèvre, Magali Sizorn, Petites histoires du Cirque-théâtre d'Elbeuf, l'esprit d'un lieu, Publication de l'Université de Rouen, 2004.

Martine Maleval

Transcription

Présentatrice
Le cirque comme un art à part entière. 2001 sera l’année du cirque en France. Il s’agit donc d’en faire une discipline majeure du spectacle et à cette occasion le ministère de la culture a cité le cirque d’Elbeuf, vieux de plus d’un siècle, comme pouvant être l’un des pôles de cette année. Il pourrait alors servir à la fois de lieu de création et de scène de représentation. Virginie Ducroquet et Max Pistolesi.
Journaliste
Le lieu est magique mais il somnole depuis des années. Catherine Trautmann pourrait lui donner enfin les moyens de se réveiller. Le cirque théâtre d’Elbeuf construit en 1892 a eu une histoire agitée. Transformé en cinéma, en gymnase, racheté par la ville en 57, le cirque est interdit au public faute de sécurité depuis les années 80, date où il renoue avec les arts de la piste. Aujourd’hui, le cirque accueille des compagnies en résidence et soutient leurs créations.
Intervenante
Oui, laissez en bas. Super.
Journaliste
Bientôt, le ministère de la culture doit désigner les futurs pôles de création et de diffusion du cirque, des villes qui ont remis sur scène les arts de la piste. Elbeuf a été cité. L’enjeu maintenant, c’est la réouverture au public.
Jacques Lescuyer
Mettre en avant la création artistique telle qu’elle existe aujourd’hui et y impliquer le public. Faire en sorte que le public participe à ce renouveau de la création parce que sans public il n’y a pas de création. Sans public, il n’y a pas de regard porté sur les choses qui sont en train de se faire et les artistes se nourrissent de ce regard des publics.
Journaliste
Le projet a été retenu dans le cadre du contrat de plan Etat-Région. Elbeuf attend encore l’engagement écrit de l’Etat. Le coût s’élèverait à 30 millions de francs. Les compagnies en résidence suivent de très près le projet. En attendant le retour du public, elles profitent des lieux pour répéter.
Florence Caillon
Ça nous permet de nous installer avec tout notre bazar que ce soit au niveau sonore, au niveau de la structure, d’essayer des choses, de tester, de se laisser aller sur une période un peu longue pour finalement aboutir à des choses qu’on va choisir.
Journaliste
Le cirque d’Elbeuf est l’un des six derniers cirques en dur de France et le seul en Europe à posséder à la fois une scène à l’italienne et une piste de cirque, un patrimoine qui ne demande qu’à revenir sous les feux de la rampe.