Le Cirque de Barbarie
Notice
Le cirque de Barbarie présente son spectacle Cosima Barbès sous chapiteau à la porte de Bagnolet. Des extraits du spectacle montrent la diversité des registres utilisée par ce cirque de femmes. Barbara Vieille répond aux questions de la journaliste qui fait une synthèse de ce travail en voix off.
- Europe > France > Ile-de-France > Paris
Éclairage
Barbara Vieille quitte le Liban, son pays natal, à l'âge de dix-sept ans pour s'installer en France. Elle y étudie les langues orientales mais se passionne pour le cirque. Elle suit les cours de l'Ecole de Mime Corporel Dramatique de Paris d'Etienne Decroux et se forme au trapèze à l'Ecole Nationale du Cirque Annie Fratellini. En 1982, elle crée sa compagnie, composée uniquement d'artistes femmes, le Cirque de Barbarie.
A spectacle de femmes, problématique féminine, si ce n'est féministe. Les spectacles, tout en alliant cirque, danse, chants et théâtre, interrogent la condition féminine. Une journée singulière (1994) traite de la complexité pour une femme de concilier son activité professionnelle et sa vie privée au travers du cas particulier des femmes engagées dans le Cirque de Barbarie. Barbara Vieille explique que « les longues tournées de Barbarie, ont révélé un aspect méconnu de l'existence quotidienne des femmes de cirque. Mères itinérantes, sans cesse, partagées entre le chauffe-biberon et les paillettes-strass du spectacle, elles troquent chaque soir la responsabilité des tâches quotidiennes pour le monde irréel des projecteurs ». Plus généralement, son intention est, dit-elle, « d'évoquer le destin originel de ces femmes artistes » [1], de ces « guerrières aux vêtements d'ange, sauvages et indomptées, des fauves souriantes, de nouvelles amazones » [2]. Même si le propos peut contenir de la détermination, dans Barbarie, Cosima Barbès, Femmes de cirque, les numéros sont théâtralisés avec tendresse, fantaisie et barbarie. Le réel entre avec radicalité dans une piste colorée et bruyante, vivante ; des tricoteuses perchées sur des tambours de machines à laver assument des rythmes endiablés de leurs aiguilles acérées ; une armée de ménagères munies de leur balai s'emballent dans une chorégraphie collective. Les références culturelles convoquées ne semblent pas déracinées mais charrier avec elles des fragments de l'Histoire parfois violente des sociétés desquelles elles sont issues : une salutaire transgression des frontières.
Dans les années 1980, les compagnies de cirque commencent à se structurer (association loi 1905) et sont essentiellement programmées par les centres culturels, mais pour une unique soirée. Ce qui permet de faire fonctionner les équipes qui présentent leur spectacle en salle, mais n'est pas sans inconvénients pour celles qui pratiquent l'itinérance. Sylvie Meunier explique que « les troupes sont donc contraintes à un rythme de tournée épuisant au jour le jour ; démontage, remontage et nuits de voyage interminables ». Par ailleurs, la publicité généralement attachée au passage d'un chapiteau (affichage spécifique) est négligée par les centres subventionnés, ce qui n'est pas sans incidence sur la présence du public et sur sa fidélisation. Sylvie Meunier présente le point de vue de Barbara Vieille qui « se plaint de cette irresponsabilité qui [...] favorise les spectacles d'un jour devant un public clairsemé, non motivé souvent, que la rumeur n'a pas le temps de convaincre et qui devra parfois attendre des années avant d'être sollicité pour un nouveau spectacle » [3].
Barbara Vieille circule donc en Europe du Nord et en Allemagne, où les spectacles sont achetés pour plusieurs soirs et rencontrent un public préparé et enthousiaste.
[1] Barbara Vieille est citée in : « Avec Barbara Vieille, Barbarie rime avec féerie », Tunis, L'Orient-Le Jour, Le Monde de la femme, 11 mars 1995.
[2] Cet extrait d'un article du Stern (Allemagne) est cité dans le dossier de presse de la compagnie (1996).
[3] Bernard Bégadi, Jean-Pierre Estournet, Sylvie Meunier, L'Autre cirque, Paris, Editions Mermon, 1990, p. 48 et 50. Sylvie Meunier précise que « c'est pour court-circuité cet engrenage qu'Archaos et Plume ont joué à Paris à la recette, ayant l'audace d'attendre que le public se crée lui-même et l'énergie de mobiliser les médias qui s'emparent du phénomène et créent l'événement » (Ibid, p. 50)