Compagnie 111, Plus ou moins l'infini
Notice
Les extraits du troisième volet d'une trilogie consacrée à la question de l'espace, Plus ou moins l'infini, laisse percevoir comment l'espace de jeu redessiné par des fractures rigides conditionne les évolutions des artistes, acteurs, circassiens, danseurs, qui se trouvent propulsés dans un monde dont ils doivent découvrir les règles.
Éclairage
Les parti pris esthétiques d'Aurélien Bory ne sont pas étrangers à la formation initiale scientifique réalisée avant son passage au studio de création du Lido, à Toulouse. En effet, la conception de l'espace, développée au sein de la Compagnie 111, fondée en 2000, définit celui-ci comme « le rectangle du plateau et le volume d'air correspondant. Cet espace est le seul support de l'art où l'on ne peut échapper aux lois de la mécanique générale » [1]. La scène est considérée comme un monde, dans lequel le corps et l'objet affirment une présence susceptible de répondre à la question de « la place de l'homme dans le monde ».
Avec l'acteur Olivier Alenda débute une collaboration qui trouve sa réalisation dans la trilogie composée de IJK (2000), Plan B (2003) et Plus ou moins l'infini (2005), dont les mises en scène sont assurées successivement par Christian Coumin et Phil Soltanoff, pour les deux dernières pièces.
Il s'avère que dans les œuvres de la compagnie, les objets fragmentent l'espace en multipliant les plans, exploitables par la plastique des corps, en dessinant des trajectoires qui conditionnent celles des acteurs (Les sept planches de la ruse, 2007). Au fil des créations, s'affirme une présence des nouvelles technologies, de la projection vidéo qui participe à une relative contextualisation, à l'usage des rayons lumineux, diffus ou affirmés, qui enveloppent ou ciblent les protagonistes, jusqu'aux machines-robots, dignes des constructivistes russes, avec lesquelles il faut bien composer (Sans Objet, 2009).
Certes des techniques de cirque sont bien présentent (jonglage, acrobatie, mât chinois...) qui témoignent d'un engagement corporel spécifique. Mais la danse et une conception théâtrale, ajoutées à la préoccupation sonore et architecturale des propositions, concourent à l'élaboration d'œuvres métissées qui explorent les frontières poreuses des arts, lieux privilégiés du travail sur la forme qui cherche à en bousculer les fondamentaux.
Notons encore, l'intérêt d'Aurélien Bory pour les cultures vivant hors de nos frontières, qui s'exprime dans Taoub (2004), « tissus » en arabe, qui met en scène un groupe acrobatique de Tanger et Questquetudeviens?, avec la danseuse de Flamenco, Stéphanie Fuster.
[1] Notes d'intention d'Aurélien Bory.