Agence Tartar(e), Conakry et chuchotements

2005
02m 01s
Réf. 00645

Notice

Résumé :

Assis au pied d'un grand arbre, Jean-Georges Tartar(e) rejoue le dialogue significatif qu'il a eu dans un "maquis" de Conakry, une nuit alcoolisée de 31 décembre, avec un soldat guinééen de retour d'une "mission d'interposition".

Date de diffusion :
2005
Source :
Avec l'aimable autorisation de :
Compagnie :
Thèmes :

Éclairage

"De mes voyages en Guinée, j'ai apporté 118 cahiers noircis d'une écriture secrète dont je livre, un peu, le contenu. Dans le contexte d'une Afrique surcaricaturée, il m'a paru essentiel de m'engager à faire apparaître les visages et les mots des amis guinéens qui m'ont offert le partage de leur vie, des années durant (...) C'est tout naturellement à l'ombre d'un arbre que, griot blanc ainsi qu'on veut bien me voir, je partage les péripéties de la rencontre de l'autre, hier africain, aujourd'hui spectateur", écrit Jean-Georges Tartar(e) pour présenter Conakry et chuchotements. Le spectacle a été préparé avec la complicité de Bernard Colin, directeur artistique de la compagnie Tuchenn, programmé au Festival d'Aurillac en août 2005 puis largement diffusé.

Trois festivals plus tard, l'acteur-auteur présentait la tétralogie des monologues issus de son expérience voyageuse : Conakry et Chuchotements (Guinée), 0, 1, 2. (Inde), Âme américaine (Haïti) et Ailleurs (voyage immobile). Il en a composé un livre, AAAA. A, Afrique, Asie, Amérique, Ailleurs. Arbre. François de Banes Gardonne, directeur de la Chartreues de Villeneuve-lez-Avignon écrit dans sa préface : "... Une écriture unique, paradoxale d'ailleurs pour un artiste de théâtre : qui d'autre que Tartar(e) saura (osera), dans le plus simple appareil de l'ombre d'un bel arbre (sequoia géant d'Aurillac, cyprès pluricentenaire du cloître de la Chartreuse) déchiffrer cette partition d'orateur au titre narquois d'encyclopédie mimiaturisée, réduite à l'expression d'une ineffable satisfaction quand la jouissance se fait râle : AAAA. A".

On pouvait, il y a vingt ans, croiser dans les festivités estivales un autre avatar de Jean-Georges. Supposé journaliste de l'Agence Tartar(e), en costume-cravate, rasé de près, accompagné d'un vrai-faux technicien, il présentait dans le cadre vide d'un poste de télévision une inénarrable parodie des journaux télévisés.

Documentation

- Tartar(e) : AAAA. A, Montpellier, L'Entretemps, 2009.

- Tartar(e) : Grand Fictionnaire du théâtre de la rue et des boniments contemporains, Montpellier, L'Entretemps, 2011.

Sylvie Clidière

Transcription

Comédien
J’ai chaud, j’ai envie de boire, j’ai envie de danser, je vais dans la boîte d’à coté. Là, je danse, je danse, je danse, je danse mal mais longtemps ! Tout le monde dehors, et toi je te fou dedans. La tornade kaki qui me propose de débuter le troisième millénaire en cabane réclame mon passeport, le visa. Ton visa est foutu ! Sueurs froides. Et ça, c’est un cahier d’espions ? Hein ? Pourquoi tu écris que les africains sont cannibales ? Soulagement ! Je comprends qu’il est saoul, illettré et qu’il bluff. Alors, je lui propose une bouteille de whisky pour le terminer, je l’accompagne volontiers, vous imaginez. Et voici bientôt ce grand adolescent qui gueule, je m’appelle SS Nazi ! Son tatouage l’atteste en effet, je sais lire. Il revient de mission d’interposition au Libéria et me sort la blague des tortionnaires qui amputent les civils. Vous connaissez ? Manches courtes, ou manches longues ? C’est pas rigolo ? Changement de ton, il pose sa kalachnikov sur la table. [Inaudible]. Tues-moi patron, tues-moi.