Achille Zavatta Le soir de réveillon
Notice
Achille Zavatta dans l'entrée qui met en piste un personnage pauvre et solitaire, qui, assis sur un banc, rêve d'un alléchant menu de réveillon de Noël (celui-là même qui est détaillé sur son panneau d'homme sandwich).
Éclairage
Alfonso Zavatta est né à Tunis, le 6 mai 1915, alors que le cirque familial (fondé en 1848, en Vénétie sous l'Empire autrichien) est en tournée. Les aléas de l'histoire conduisent la famille à venir en France en 1927. C'est sous le chapiteau Albert Rancy, en 1934, que Zavatta, devant remplacer un artiste défaillant, devient auguste.
Dès 1935, au Cirque d'Hiver, les frères Bouglione présentent des féeries dont les principes sont constants. Il s'agit de proposer une histoire simple avec « les bons d'un côté, les méchants de l'autre ; et, entre eux, une femme courtisée » [1]. Sampion Bouglione rappelle la place accordée à Achille Zavatta qui intervient dans la mise en scène de ces spectacles et qui en tant qu'« auguste, sert d'entremetteur aux amoureux et travaille à la victoire de l'amour, en dépit des représailles des méchants » [2]. Ainsi, La Reine de la Sierra (1935), La Perle du Bengale (1935, reprise en 1954), La Princesse Saltimbanque (1936), Les Aventures de la Princesse de Saba (1938) sont autant de féeries qui marquent un style Bouglione et qui consacre Achille Zavatta.
Il compose plusieurs duos d'abord avec son frère Michel, puis avec Alex (Alexandre Bugny de Brailly, 1897-1983) en 1942, enfin, de 1948 à 1953, avec Rolph (Rodolphe Zavatta) un autre de ses frères avant de définitivement se débarrasser du clown blanc. Pour la construction de ses sketchs il fait appel à des faire-valoir en civil, notamment, Drena (André-Jean Bégaud), un Monsieur Loyal.
A la mine joviale, Zavatta a su construire, d'abord en duo puis en solitaire, un personnage simple et populaire, efficace auprès du public même dans le registre du sentimentalisme ; ce, notamment, dans l'entrée qui met en piste un personnage en guenilles, qui, assis sur un banc, rêve d'un alléchant menu de réveillon de Noël (celui-là même qui est détaillé sur son panneau d'homme sandwich). Achille Zavatta, par ailleurs, ne néglige pas les parodies clownesques, notamment celle de l'écuyère à panneau [3], dans laquelle il se produit en travesti, arborant un saillant tutu vaporeux.
Clown dans la piste, comédien au cinéma, il est régulièrement invité à participer à des émissions de variété télévisées qui participent également à faire de Zavatta « l'auguste populaire par excellence ». Adrian précise : « Tous les moyens d'amuser lui sont familiers et tous lui sont bons, les plus fins comme les plus gros, avec une préférence pour ce qui fait s'esclaffer, un peu dans le style des comiques troupiers » [4].
De 1978 à 1990, il fait vivre le chapiteau du Cirque Zavatta. En 1993, ne supportant plus l'état de dépendance dans lequel le met la maladie, il met fin à ses jours. Michèle Barbier, relatant la cérémonie funéraire fait référence au discours prononcé par Sergio : « Evoquant Joseph Bouglione, Mustapha Amar, Alexis Gruss senior, Rhum, Charlie Rivel, etc., il les imagine au Ciel autour d'une piste, interpellant l'auguste : "Mais qu'est-ce que tu fous, Achille ? On t'attend ! Il y a matinée aujourd'hui". » [5].
[1] Sampion Bouglione et Marjorie Aiolfi, Le Cirque d'Hiver, Paris, Flammarion, 2002, p. 135.
[2] Ibid., p. 136.
[3] L'écuyère à panneau réalise ses exercices sur une petite plate-forme fixée sur la croupe du cheval.
[4] Adrian, « Repères et références », dans Jacques Fabri et André Sallée, Clowns et Farceurs, Paris, Bordas, 1982, p. 194.
[5] Michèle Barbier, Ces merveilleux fous du cirque, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, 2005, p. 91.